En se confiant à Maître Roger sur les bons conseil de Nora Gaspard, que l'on ne présente plus, Gabriel Kevlec nous donne juste envie d'en savoir plus, à commencer par le lire son blog, ses romans...
#monanalyse
le 21 JANVIER 2022,
L'interview de Gabriel Kevlec (@GabrielKevlec)
Pour en savoir plus :
Les Rêves dessous le Masque
Bonjour Gabriel, qui es-tu ? Où vas-tu ?
Bonjour ! Je suis un auteur de 37 ans (enfin c’est ce qui est marqué sur ma carte d’identité, parce qu’en vrai j’ai 217 ans dans ma tête), passionné d’art, de littérature et éperdument bleu. Quant à savoir où aller...
Je n’ai aucun sens de l’orientation alors ne me suivez pas !
Tu te définis comme un « pornographe romantique » : quels sens donnes-tu à ces deux mots ?
Je suis un pornographe dans le sens où j’écris le sexe, je n’arrête pas de tisser les mots au moment où les personnages entrent dans la chambre parce qu’il y a tant à dire, tant à découvrir lors du dialogue des peaux...
Pour le romantisme, c’est un courant qui me porte : le ravissement du rêve envahissant le réel, la sensibilité passionnée et mélancolique, une façon de ressentir les choses et les êtres. Plutôt Turner et Friedrich que Disney, la petite fleur bleue de Novalis en bandoulière.
Tu es sur Twitter depuis bientôt 10 ans : où étais-tu avant ? Quelle était ta quête en venant sur le réseau à l’oiseau bleu ?
Avant... bonne question. J’étais dans la vraie vie, je suppose. En venant sur twitter, je ne cherchais rien de particulier. J’y ai trouvé des amis véritables, et un chemin que j’arpente encore. C’est grâce à ce réseau que je suis édité aujourd’hui.
Tu as créé le blog, « Les rêves dessous le masque » : pour y déposer quels genres de textes ?
Ce blog, je l’ai voulu comme un îlot paumé dans l’océan du web, ouvert à tous les vents et pourtant confidentiel, clandestin. J’y dépose des réflexions, des textes parfois bien plus intimes et personnels que ce qu’on croit, et internet offre un glacis d’immuabilité à mes sentiments, la vie éternelle à mes émois. C’est toujours moins cher qu’un chapelet...
Je ne savais pas que les chapelets sont ruineux...
Si tu prends de la bonne qualité, un silicone texturé... oh wait, on ne parle peut-être pas des mêmes chapelets...
En parlant de masque, il se porte dans quelles occasions, ce masque qui illustre ton blog ?
Il va falloir que je t’invite à certaines soirées si tu veux vraiment savoir... Tu es libre samedi prochain ?
Samedi prochain… demain, tu veux dire ? Ah non, navré, je suis pris 🤷🏻♂️
C’était le principe de la soirée, dommage... 😉
Ah oui, vraiment dommage. Une autre fois, sûrement.
Qu’est-ce que les internets ont rendu possible dans ta vie dire IRL qui n’aurait pas été possible sans lesdits internets ?
Être édité. J’écris depuis toujours, mais je n’avais jamais osé ne serait-ce que rêver en faire un métier. Un auteur fabuleux, Frédéric Bleumalt, m’a poussé à envoyer mon manuscrit à Jeanne Malysa, une directrice éditoriale des éditions Ex Aequo, et j’ai récolté en quelques semaines les rêves que j’avais semés.
Et puis... les réseaux m’ont offert des rencontres fabuleuses, des amitiés qui ont germé sur le terreau des mots et non des images. IRL, le visage est ce qu’on voit en premier, toujours, et inconsciemment on se fait déjà une idée sur la personne en l’observant. Sur le net, je n’ai pas mis de photo de moi. J’y ai tissé des amitiés solides, des amours textuelles.
Écrire des romans : un rêve d’enfant ?
Un rêve d’ado surtout.
Enfant, je me voyais écrire des contes. Et puis j’ai appris que les princes pouvaient être des monstres, que si t’attends en haut d’une tour, y’a peu de chances qu’on vienne te sauver, et que les bonnes fées ont leurs propres emmerdes à gérer avant de s’occuper des tiennes.
Du coup... j’ai commencé à écrire le réel. Ma version du réel en tout cas. Entre poésie et érotisme, je n’ai jamais su choisir, alors j’ai opté pour les deux.
Lequel de tes textes de blog les millions de fidèles du blog suprême devraient-ils lire en premier pour commencer à te connaître ? Ou bien devraient-ils lire d’abord l’un de tes romans ?
Le texte dans lequel je me suis le plus mis à nu, le plus personnel et autobiographique, c’est mon deuxième roman, Le Choix de l’Oranger. J’ai cette histoire littéralement tatouée sur la peau.
Et au fait, ils sont de toi, ces jolis dessins ? (attention, certains ne doivent pas être vus par des âmes jeunes et/ou sensibles)
Oui. Ce n’est pas du grand art, je dessine pour passer le temps, pour essayer de donner une autre cage que les mots à mes idées. Collection de jolis garçons, de beaux oiseaux, de corps à devenir liquide... C’est mon herbier de carbone, sans technique ni rigueur, comme un gamin montrerait ses dessins à tout le monde.
Ton interview dans le blog suprême a été recommandée par Nora Gaspard. Où étais-tu, que faisais-tu quand tu as appris cette recommandation ?
Je devais comme à mon habitude butiner sur twitter, avec le fichier de mon manuscrit ouvert en arrière-plan depuis deux heures sans y toucher, juste histoire de me donner bonne conscience !
À ton tour, qui souhaites-tu recommander pour une prochaine interview dans le blog suprême ?
Sans hésiter : @FaQuatrieme
Artiste du vitrail, auteur, puits de sciences en ce qui concerne l’art du vêtement et des costumes, très joli garçon (rien à voir mais ça ne gâche rien !), cet homme est un de ces petits bijoux que tu croises au hasard des réseaux et qui t’éblouit.
Parfait, l’impétrant sera invité à s’exprimer dans le blog suprême, dans le respect des procédures et de mes délais de procrastination.
Depuis que tu connais Maître Roger, comment ta vie a-t-elle changé ?
Je connais le Maître via Nora Gaspard, et lorsqu’une femme telle que celle-ci te recommande quelque chose ou quelqu’un, laisse-moi te dire que tu t’inclines (et puis c’est la meilleure des positions, ça tombe plutôt bien). Elle m’a vanté ta maîtrise de la langue, alors depuis j’attends d’expérimenter tes talents...
Avec plaisirs.
Avec plaisirS, au pluriel... Tellement parfait !
Je sais, c’est aussi par ces petits signes parfaits que je suis « suprême ».
Tu sais certainement que la publication de ton interview dans le blog suprême va te transporter instantanément dans le monde mystérieux des stars. Des hommes nus se jetteront sur toi dans la rue. Comment te prépares-tu à cette nouvelle vie ?
Alors si des hommes nus viennent à se jeter sur moi, je vais aller refaire le lit, vérifier la bonne attache du sling et faire chauffer l’eau pour le thé. Quelle meilleure association que badine et thé à la rose?
Je préfère plus épicé pour le thé mais je respecte tous les goûts bien sûr…
Si tu optes pour un thé aux épices, ça se mariera bien mieux avec une barre d’écartement et un loup !
Oui bien sûr.
Où souhaites-tu dîner avec Maître Roger quand tu seras une star ?
Je suppose qu’on t’a déjà emmené dans moult restos branchés, alors en tant que star en devenir, je prépare un panier pique-nique et je t’emmène déjeuner dans l’herbe au bord du lac de Guéry. L’eau est froide, mais je te réchaufferai, promis !
Dis donc, ça a l’air joli mais c’est loin, ton lac...
C’est justement ce qui est merveilleux : c’est loin ! Du bruit, des gens... Parfait pour écrire sur un écran ou sur une peau !
Ah. Alors faut voir.
Hormis les questions passionnantes de Maître Roger, qu’as-tu lu de particulièrement marquant ces derniers jours ?
Tableau final de l’amour, de Larry Tremblay. L’histoire de la naissance d’un génie, Francis Bacon, le peintre de l’infrangible douleur du corps, et de son amour névrotique pour l’homme venu le cambrioler. Une écriture ciselée, organique, dégorgeant d’un érotisme brut et sans fioriture... J’en suis encore retourné.
Quelle musique as-tu écoutée pour répondre à cette interview ?
Il est 5 heures du matin, là, alors on commence doucement avec l’album Dummy de Portishead.
J’enchaînerai avec Nine Inch Nails en allant bosser.
Quelle image (tous publics) choisis-tu pour illustrer ton interview et pourquoi ce choix ?
Tous publics ? Bon, je remballe mon autoportrait avec fouet façon Mapplethorpe, dommage...
Disons alors la toile 76 de Zdzislaw Beksinski. Cet artiste est parvenu à peindre les rêves et les cauchemars et sa maîtrise de la symbolique du bleu est à pleurer. Et puis cette toile me parle infiniment...
Cette toile c’est l’image que tu as aussi choisie pour ta bannière sur Twitter. Sans parler à l’infini, elle te dit de quoi, pour commencer votre conversation ?
Elle me parle de la peau qui part avec le masque quand on finit par enlever celui-ci, des blessures qu’on nous inflige et de celles qu’on s’inflige à soi-même...
Tu as déjà donné une interview, à @JessikaLombar : qu’est-ce que nos millions de lecteurs y liront qu’ils ne liront pas dans ton interview de Maître Roger ?
Ma logorrhée sur les valeurs de la couleur bleue dans l’art ? Faut pas me lancer sur le sujet, je suis inarrêtable. Enfin sauf si tu as quelques heures devant toi. Mais si tu as effectivement quelques heures devant toi, on va reparler du masque et de la soirée de samedi. Tu as quelque chose contre le cuir ?
Non j’aime bien le cuir, ça habille d’un rien, c’est pratique en plus d’être seyant #monanalyse
Et le sexe, dans tout ça ?
Le sexe, c’est l’essentiel ! On l’écrit, on le chante, on le joue, on en joue, depuis que l’homme est homme. On déclare des guerres en son nom, on tue en son nom, on change de vie pour lui.
Le sexe c’est bien la dernière situation dans laquelle tu es vrai, sans filtre et sans retouche. On ne connaît vraiment une personne que lorsqu’on l’a vue jouir, parce que quand l’extase te fauche, tu es pendant une poignée de secondes pur organique, tu deviens liquide, sueur, salive, sperme, cyprine, tu livres un concentré de toi au monde, tu gicles, tu débordes, et... c’est terriblement beau.
Le sexe dans tout ça ? Mais le sexe, C’EST tout ça, enfin ! Le reste, ce sont des fanfioles en attendant la suite.
C'était l'interview de Gabriel Kevlec (@GabrielKevlec)
Pour en savoir plus :
Les Rêves dessous le Masque
avant...
après...