Vivre avec nos morts… quel étrange titre en ces temps où tant de gens meurent sans les vivants, dans la désolation de l’isolement et des masques. Où tant ne peuvent même plus fermer les yeux sur un dernier sourire.
#monanalyse
le 16 MAI 2021,
C’est en cette année où la mort est omniprésente que Delphine Horvilleur publie « Vivre avec nos morts », livre à l’ouverture duquel elle met en exergue le Deutéronome (30 :19) : « J’ai placé devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Tu choisiras la vie. » Un choix difficile au jour le jour, il faut l'avouer.
Ce n’est certes pas en 2020 que la mort s’est invitée sans se gêner dans nos maisons. Les récits de Delphine Horvilleur s’ouvrent sur l’assassinat de Charlie, les obsèques d’Elsa Cayat, avant d’évoquer d’autres morts, celle des filles de Birkenau, de Moïse lui-même (un sale caractère, celui-là, mécontent de mourir à 120 ans, alors que le système de retraite était déjà exsangue).
La mort d’Israël et d’une volonté de paix un triste soir de novembre. Je me suis souvenu moi-même d’où j’étais ce soir-là. Ça doit être un truc de juif de se rappeler d’où on était ce 4 novembre 1995.
Ma préférée reste Myriam, new-yorkaise, obsédée par l’organisation de ses obsèques, dont les proches l’ont guérie (je ne vous dis pas comment, ça serait gâcher votre futur plaisir).
Delphine Horvilleur, rabbin de son état, met à profit ces récits pour nous rappeler la culture que nos ancêtres nous ont plus ou moins bien transmise, avec en permanence son humanité et son humilité au service de son érudition. On est loin du judaïsme punitif de quelques orthodoxes qui valent bien d’autres intégristes méritant d'être caricaturés dans le même dessin de Cabu.
Humaine et humble, aussi, face à ces « mauvais juifs » (pléonasme) qui au moment de tourner la dernière page se demandent s’il ne faudrait quand même pas se préoccuper du kaddish alors qu'ils n'ont même pas réuni le quorum requis. Elle décrit son métier comme gardienne du passage, conteuse, « se tenant à la porte pour s’assurer qu’elle reste ouverte », et elle le fait avec bonté, ce métier.
Sans vous commander, Delphine Horvilleur, il m’est d’ores et déjà agréable de vous réserver pour mon propre kaddish. On a le temps de nous organiser, ce sera dans 68 ans au plus tôt, bien sûr…
Et en attendant, toujours sans vous commander, @rabbidelphineH, mes DM sont ouverts pour votre future interview dans le blog suprême.
avant...
après...