La République nous appelle, pour elle nous sachons mourir, comme on dit dans le jargon des internets contemporains. Et Cincinnatus est un blogueur qui n'a pas hésité à répondre à cet appel.
#monanalyse
le 6 AVRIL 2021,
L'interview de Cincinnatus (@CinciVox)
Pour en savoir plus :
CinciVox
Dans son interview, Aline, l'autrice du blog Le sens des mots, avait répondu Cincinnatus à la traditionnelle question de la recommandation en fin d'interview. Les désirs de l'autrice étant des ordres, il en est donc ainsi et j'ai donc eu le grand plaisir de discuter avec l'auteur des Carnets de lui-même.
Peux-tu te présenter à nos millions de lecteurs en 3 dates et justifier ces 3 choix ?
519 av JC : je nais.
Novembre 2014 : je commence à publier mes carnets.
Mars 2021 : je suis interviewé par le blogueur suprême.
Je suppose que la date la plus importante est la dernière, bien entendu.
Elles n’étaient pas trop longues, ces 2540 années d’attente ?
SI ! Tu en as mis du temps !
Certes mais l’attente est partie intégrante du plaisir.
Tu as créé ton blog, sobrement nommé « Carnets », en novembre 2014 ; titré « le républicanisme, c’est quoi ? », ton premier billet était-il un manifeste ?
Un manifeste ? Je ne l’aurais pas qualifié ainsi mais... pourquoi pas, en fait. Disons peut-être une proposition qui restait à développer avec les publications suivantes.
« Malheur des Républicains qui ne sont jamais aussi grands que sous le joug d’un tyran » : on ne peut pas dire que tu candidates au hashtag #mondaymotivation (si tant est qu’on te lise un lundi, mais je pense que ça marche aussi pour les autres jours de la semaine)
Comme disait (à peu près) le grand philosophe du XXe siècle, Jacques Chirac : « je ne suis pas là pour être populaire ».
Une autre de ses citations, très stendhalienne, m’accompagne quotidiennement : « ça m’en touche une sans bouger l’autre ». Avec ça, tu comprends que nous avions là le descendant direct de Diogène et Marc-Aurèle.
Novembre 2014 🙄... 3 mois après le départ d’Arnaud Montebourg et qu’il se soit comparé à Cincinnatus. Comment expliques-tu cette coïncidence ?
Ah ! Je te remercie de me donner l’occasion de préciser cette « coïncidence » ! J’ai ouvert mon compte twitter en février 2014 sous mon nom, et commencé à préparer mon blog, et donc mon arrivée dans l’espace public, à la même époque. J’ai donc été très flatté d’entendre M. Montebourg me rendre ainsi hommage et montrer qu’il connaissait l’humble laboureur que je suis.
Et il est sympathique, Montebourg, dans la vraie vie ? Il t’a rencontré en vrai, j’imagine ?
Propose-lui de l’interviewer, tu verras !
Et aujourd’hui, s’il te fallait écrire un nouveau manifeste, quels en seraient les premiers paragraphes ?
Pour te répondre, j’ai relu ce premier billet. Et, finalement, je pense qu’aujourd’hui je n’en changerais pas une virgule.
Moi, si je relis un texte que j’ai écrit en 2014, je vais changer plein de virgules, et même pas seulement les virgules. Comment expliques-tu cette constance dans ta propre relecture ?
La flemme de corriger ? En fait je suis une sacrée feignasse.
Dans ton second billet, tu écris : « à l’origine, c’est le tirage au sort qui est démocratique » ; c’est donc toi qui a inspiré le grand débat à Emmanuel Macron et plus généralement cette manie de créer des panels de gens tirés au sort ?
Emmanuel Macron est très bon pour s’inspirer des idées des autres... un peu moins pour les appliquer correctement.
Blague à part, j’ai aussi dit dans d’autres billets mes réticences à propos du tirage au sort.
En janvier 2016, tu t’interrogeais, à l’instar Lénine : « Que faire ? » Et aujourd’hui, quelle est ta réponse ? En quoi diffère-t-elle d’il y a 5 ans ?
Exactement la même... avec moins d’espoir encore qu’alors.
Dis donc, elle est déprimante cette interview !
C’est pas ma faute à moi si tu ne changes pas les virgules de tes textes quand tu les relis des années après ! C’est ça qui est déprimant, de ne pas changer les virgules, non ?
C’est surtout de ne pas avoir à les changer parce que tout ce qui allait bien va mal et que tout ce qui allait mal empire. Viens : ils font des promo sur les cordes chez Leroy Merlin.
On parlera bondage dans une autre interview, si tu veux bien.
Revenons donc à ton blog… Dans ton billet « le cas Macron », en janvier 2017, tu écris : « Car, bien qu’il soit, au fond, le candidat de la France métropolitaine, Macron souhaite agréger toutes sortes de mécontentements ». N’es-tu pas obligé aujourd’hui de reconnaître que Macron a réussi cette agrégation des mécontents au-delà de toute anticipation ?
J’avoue que je ne pensais pas que j’aurais à ce point raison ! Si je pouvais être aussi clairvoyant au loto (ou pour les élections)...
A mon avis, fort de cette révélation sur tes pouvoirs, tu devrais jouer au loto pour voir. Et je prends 15%.
Et au fait, pourquoi bloguer ?
Comme tous les autres blogueurs : par pur narcissisme ! Et par paresse : je n’ai pas le courage d’écrire un livre.
Et depuis trois ans et demi : pour ma fille.
Elle a trois ans et demi, ta fille ? C’est pas un peu jeune pour lire des textes, même critiques, sur le macronisme ?
Tout les soirs, je lui lis un de mes billets pour l’endormir. C’est assez efficace !
Les « carnets » sont-ils ta première aventure de blogueur ?
Oui M’sieur ! Et je ne pensais que je tiendrais si longtemps !
Et que signifie cette longévité inattendue, selon toi ?
Que quand on veut râler contre le monde, la matière est infinie ?
Ça c’est bien vrai, ça. En parlant de râler, tu participes au combat contre l’écriture inclusive. Pourquoi ? Comment gères-tu les trolls qui ne manquent certainement pas de te tomber dessus ?
Parce que je n’aime pas voir l’inculture et l’idéologie s’allier dans le terrorisme intellectuel.
Quant aux trolls, j’applique la bonne vieille règle : « don’t feed the troll! ». Je ne réponds pas - je n’ai pas de temps à perdre -... sauf quand j’ai envie de m’amuser un peu.
La publication de ton interview dans le blog suprême va sans aucun doute t’apporter une popularité mondiale. Es-tu prêt à abandonner ta charrue pour embrasser ton destin glorieux ?
Il faudra venir me chercher : j’aime creuser mon sillon et mon champ m’offre une position très confortable. Et franchement, un destin glorieux, moi ? M’imagine-t-on vraiment, à 2541 ans, (re)commencer une carrière politique ?
M’ouais, je vois... tu peux nous le dire que tu as déposé cinci2027.fr, ça restera entre nous, tu sais...
#Cinci2022
Quand tout ce bordel sera fini, où irons-nous dîner ? Et en quelles galantes compagnies ?
Je peux te proposer une excellente trattoria napolitaine en plein Quartier latin où les pizzas sont aussi bonnes que là-bas.
Ou alors, tu viens à la maison goûter mon rougail-saucisse (recette de ma grand-mère malgache).
Pour ce qui est des galantes compagnies, je ne te suffis donc pas ?
Hu hu, et possessif, avec ça 😏
Tu ne réponds pas : pizza napolitaine ou rougail saucisse de Cinci ?
Pizza quatre fromages, je te prie.
Quelle musique as-tu écoutée pour répondre à cette interview ?
The Cure, album Disintegration.
ça écoute de la musique qui désintègre mais ça se plaint que l’interview est déprimante...
Je viens de passer à l’album Pornography : tu préfères ?
Même réponse que précédemment concernant le bondage 😏
Qui me conseilles-tu d’interviewer après toi ?
Ouch ! Difficile ! Ils sont si nombreux. Allez, on va faire dans la parité :
@pyh_pierre, dont les billets me font toujours rire et pleurer à la fois, et @Plumedaliocha qui ne bloggue plus assez parce qu’elle écrit des livres, elle !
En plus, ils sont tous les deux très très sympas !
Il en sera ainsi, la suprême proposition leur sera envoyée.
Ma dernière et traditionnelle question : et la gauche, dans tout ça ?
La gauche dans le Ça ? Faut demander à Freud !
M’étonnerait qu’il se laisse interviewer, celui-là...
C'était l'interview de Cincinnatus (@CinciVox)
Pour en savoir plus :
CinciVox
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