Quand Cincinnatus m'a recommandé d'interviewer Aliocha, l'évidence m'a sauté aux yeux. Une TL sans Aliocha est d'une tristesse infinie. Le blog suprême l'était aussi, jusqu'à maintenant.
#monanalyse
le 14 JUIN 2021,
L'interview de Aliocha (@Plumedaliocha)
Pour en savoir plus :
La Plume d'Aliocha
Nos millions de lecteurs sont impatients de mieux te connaître ; qui es-tu ? Que fais-tu ? Et pourquoi ?
Si nous savions qui nous sommes, à quoi servirait de vivre ? Je m’emploie chaque jour à le découvrir ;-)
Ce que je fais ? J’écris, depuis toujours. Dès qu’on m’a enseigné cette activité merveilleuse, j’ai commencé à écrire et je n’ai jamais cessé. D’abord pour des journaux, ensuite sur un blog, puis des livres et maintenant sur un site internet.
« Si nous savions qui nous sommes... » : bigre, tu écris aussi les sujets du bac de philo ? 😳
Non, j’appartiens à une société secrète d’adorateurs des maximes Shadoks.
Qu’est-ce qui t’a amenée à créer ton blog, « la plume d’Aliocha », en septembre 2008 ?
L’envie de faire avec le journalisme ce que @Maitre_Eolas avait entrepris pour la justice, expliquer. C’était l’époque où l’on annonçait que chacun allait grâce à Internet avoir accès à une information pure et parfaite, débarrassée du prisme des méchants journalistes menteurs et racoleurs. Je n’y croyais pas du tout. Ni à la disparition des journalistes, ni au fait que soudain le monde de l’information allait devenir idéal...
Au oui, je me souviens de ce temps, quand je devais expliquer que je faisais un web-journal satirique francophone de bon goût mais que je n’étais pas journaliste : les gens aiment tellement mettre les gens dans des cases qu’ils ne comprenaient pas...
Il faut dire qu’à l’époque, beaucoup de blogueurs se disaient journalistes. Maintenant ce sont les propriétaires de téléphone portable en manif’ qui se la jouent reporters de guerre.
Le monde a tellement changé, en effet.
Pour revenir à ton blog, était-ce ta première expérience sur les internets ?
Ma première expérience, c’était chez Eolas, je commentais. Parfois on se battait. C’était la belle époque...
La préhistoire, même. On est des dinosaures #monanalyse
Je me demande bien comment on féminise dinosaure. Dinosauresse ?
Dinosaurette ? Dinosautrice ?
Et ton arrivée sur Twitter deux ans et demi plus tard : qu’est-ce qu’elle a changé à tes vies 2.0 et IRL ?
J’ai découvert que j’avais du temps libre quand je l’ai perdu sur Twitter. Cela m’a permis aussi d’inventer quelques nouvelles recettes de cuisine : la pizza calcinée (à ne pas confondre avec la calzone), la cuisine vapeur sans eau dans la casserole, ce qui fume délicatement les aliments et la cuisine toute entière, ou bien encore l’escalope de veau façon semelle de tong.
Quelles gens ton blog et Twitter t’a-t-il permis de connaître, voire rencontrer ?
Des gens avec des pseudos plus ou moins bizarres et des avatars que je finis par assimiler tellement à leur être que les rencontres IRL sont parfois très amusantes, en tout cas toujours impressionnantes.
Ah. Ça n’explique pas pourquoi nous ne nous sommes jamais rencontrés IRL, tout ça #monanalyseapprofondie
En est-on vraiment sûr ?
🤯
Au fait, Aliocha étant un diminutif masculin, en tout cas dans la famille Karamazov, quelle confusion cherches-tu à entretenir avec ce pseudo qui fait fi du genre ?
D’abord je suis une fervente lectrice de Dostoïevski et Aliocha est mon personnage préféré. Ensuite, quitte à prendre un masque sur Twitter (ce pseudo remonte à l’époque où je commentais chez Eolas), changer de sexe me paraissait amusant.
Plus profondément, et bien avant qu’on nous assomme avec les questions de genre, j’ai toujours cultivé l’idée qu’on était avant tout un être humain et ensuite seulement un genre. Ce qu’il y a d’universel dans l’humain, par-delà la couleur, le genre et autres caractéristiques est un champ de recherche qui me passionne depuis toujours.
A ce sujet, la période actuelle m’inquiète particulièrement parce que l’universel est remis en question par des gens qui pensent au contraire qu’on est avant tout son sexe, sa couleur de peau, ou son orientation sexuelle et qu’on ne peut donc comprendre ou être compris que par ceux qui ont la même caractéristique. C’est faux. Et dangereux.
Le dernier billet de ton blog, « la plume d’Aliocha », a été écrit en septembre 2019 ; et cela après une baisse tendancielle du taux de blogging entamée dès 2015 ; comment s’explique cette désaffection pour le blog ?
Comme beaucoup de blogueurs je crois... Ecrire, c’est une énergie, Twitter a capté cette énergie à son profit. Ce que je disais en 50 lignes, je l’ai soudain exprimé en beaucoup plus court. C’est intéressant d’ailleurs, parce que ça montre qu’il y a sur ce réseau plus d’idées mais moins développées.
Je ne suis pas certaine qu’on y gagne... le raisonnement long permet à l’autre de comprendre et d’adhérer jusqu’à un certain point. Tandis que le tweet réduit la pensée à une opinion simple, voire à un slogan et démultiplie les motifs possibles de discorde.
Mais bon, j’arrête là, je ne voudrais pas heurter la sensibilité de notre cher réseau dont je suis au demeurant une utilisatrice compulsive
Je suis bien d’accord, Twitter a pris notre énergie, et en même temps nous a appris (de même que Facebook) à ne plus lire que les titres et les 140 caractères de preview des articles qu’on y poste.
Et encore, je parie que bientôt, il ne restera que les GIF et les smileys... le reste sera aussi suranné que de lire Cicéron dans le texte.
Twitto ergo smilum.
Comment as-tu occupé le temps que tu ne consacrais plus à la rédaction du blog et que te laissaient les tweets compulsifs ?
A écrire des livres et c’est l’autre explication à la désaffection du blog.
(Je sens qu’il faut que j’arrête de répondre sérieusement aux questions, je m’ennuie moi-même)
(C’est vrai que c’est super sérieux, tout ça, mais pas ennuyeux, je te rassure, on va donc continuer).
Ton dernier livre vient de paraître, « La Justice en voie de déshumanisation ». Qu’est-ce qui t’a amenée à l’écrire ? Et pourquoi nos millions de lecteurs doivent-ils le lire, toutes affaires cessantes ?
Si je savais ! Les livres me poussent dans la tête, ensuite ils demandent à sortir et je les écris, voilà...
Pourquoi le lire ? Parce que c’est triste un livre qui n’est pas lu, j’en ai même vu qui en pleuraient.
Est-ce qu’un événement particulier te conduirait à nouveau sur le chemin de WordPress ?
Un nouveau confinement en période de canicule si Twitter était en panne et qu’on annonce la fin du monde.
Ah oui, quand même. Et considérant tout ça, pourquoi ne pas le fermer purement et simplement, ce blog ?
Parce que c’est mon vieux pote, on ne ferme pas ses potes.
Depuis que tu connais Maître Roger, comment ta vie a-t-elle changé ?
J’ai découvert qu’il pouvait y avoir des interviews plus mythiques encore que le fameux questionnaire de Proust. Tu devrais en proposer le modèle à la grande presse.
Mais je ne demande que ça, moi ! Toutefois la grande presse m’ignore, je ne sais pas à qui m’adresser, je suis le paria, celui qu’on ignore superbement... Tu m’aides ?
C’est la malédiction du génie...
Bon bon bon, je note que tu ne m’aides pas. Bon bon bon.
Où souhaites-tu que nous dinions après le prochain déconfinement s’il a lieu ?
Sur le banc Davioud racheté par les Parisiens pour réparer Paris.
Un banc symbole de #Paris, racheté par des habitants mobilisés via #saccageparis, est amené à l'Hôtel de Ville pour être offert à la mairie. Le 1er adjoint @egregoire doit le recevoir. Le banc sera restauré puis remis dans la rue. #OperationBancDavioud
— actu Paris (@actufrparis) May 25, 2021
➡️ https://t.co/uw1IB5QffI pic.twitter.com/m29HvvrJbf
Et on y mange quoi, sur le banc Davioud sauvé de #saccageParis ?
Du rat grillé parfumé aux mauvaises herbes. C’est la ville du quart d’heure, on mange local.
Miam, j’ai hâte.
Quelle musique as-tu écoutée en répondant à cette interview ?
Celle des trains au pied de mon nouvel appartement. Il y a quelque chose, comme une parenté mystérieuse, entre le bruit des trains et celui des vagues.
C’est @CinciVox qui avait souhaité que tu sois interviewée dans le blog suprême.
Et toi, qui me recommandes-tu t’interviewer après toi ?
Maître Mangeclous alias @Avocatweet car je pense que c’est un dealer de fenouil déguisé en avocat, @Collabblues dont l’humour de fiscaliste est irrésistible et @Proc_Epique pour savoir s’il mange des hérissons au petit-déjeuner pour être si piquant.
Il en sera ainsi #monanalyse
Et la justice, dans tout ça ?
Elle souffre, mais on est là, à son chevet, et on ne la laissera pas tomber.
C'était l'interview de Aliocha (@Plumedaliocha)
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