Quand il a su que l'ami des Limbes recommandait son interview dans le blog suprême, Jérôme n'a pas caché ses sentiments. C'est ainsi qu'après les délais de procrastination en vigueur céans, nous connaissons la joie de lire ses réponses, et aussi ses questions.
#monanalyse
le 2 JUIN 2021,
L'interview de Jérôme Sorrel (@mybiketowork)
Pour en savoir plus :
Weelz.fr • Le mag vélo leader de pignon
Jérôme, peux-tu te présenter à nos lecteurs : qui es-tu, d’où viens-tu ?
Un peu déçu de devoir me présenter, mon ego en prend un coup. Je pensais qu’ils me connaissaient déjà.
Donc je suis Jérôme Sorrel, je suis un vieux de 48 ans. Papa de 3 enfants, marié avec leur maman. D’où je viens, on s’en fout un peu. Parce que je me dis que c’est mieux de regarder devant. Donc où je vais ? Je ne sais pas trop. En tout cas, j’y vais à vélo.
Quel jour as-tu choisi de te déplacer à vélo et pourquoi ?
C’était un jeudi. Parce que ma voiture était en panne, qu’il faisait super beau et que l’alternative qui se présentait à moi était la suivante : à peu près une heure de transport en commun ou à peu près une heure sur mon vélo pour aller au boulot. J’ai pris l’option 2.
Et tu as réparé la voiture ?
Oui. Nous en avions deux dans notre foyer. On a fini par la vendre et on en a encore une. Oui, je conduis aussi une voiture quand, par exemple, je dois amener mes filles à leur sport qui est à 25km de la maison.
Y a-t-il eu un événement particulier qui t’a fait basculer du côté cycliste de la Force ?
Résumer à la voiture en panne est réducteur. J’ai eu du bol, j’ai appris très jeune à faire du vélo. J’ai un frère Nicolas avec qui on a pu se tirer la bourre (et s’émerveiller de nos exploits respectifs, enfants, comme tenter de sauter de la terrasse de la maison familiale dans la banlieue lyonnaise).
Donc le vélo n’a jamais été bien loin de ma vie. Juste une longue pause de 20 ans, quand j’ai découvert les joies des gros cubes. Et encore, même pas, puisque le vélo a été mon compagnon de convalescence vers mes 20 ans, suite à une grosse opération chirurgicale.
En résumé, aucun évènement particulier, simplement comme des retrouvailles vers un premier amour.
Quels sont les bienfaits que tu observes dans ta vie quotidienne quand tu te déplaces à vélo ?
Il paraît que je rayonne (en tout cas j’aime à le croire).
Il ne fait aucun doute que mes millions de lecteurs sont déjà éblouis.
Le vélo c’est bien mais il faut avouer que quand il pleut c’est moins bien ; quels sont tes conseils pour vélotafer sous la pluie ?
Quand mes enfants étaient petits, que je leur tenais la main pour marcher jusqu’à l’école, quand il pleuvait, je leur disais, c’est super, il pleut, on va pouvoir marcher dans les flaques, les oiseaux vont pouvoir boire, se laver.
Nous ? pareil, enfin on va pouvoir se laver. Donc quand il pleut mettez une tenue sale et profitez de la pluie pour les rincer. Et prenez votre temps, parce que oui parfois ça glisse.
Merci pour tes précieux conseils mais tu n’évoques pas le problème principal quand il pleut : ça mouille. Je m’en suis rendu compte à moult reprises quand, dans ma campagne, je me suis fait surprendre par le temps orageux (les caprices de l’influence océanique). Quelle tenue, sale, adopter pour ne pas être trop mouillé quand même ?
Le mouillé sèche. Être mouillé, à moins de vivre dans un marais, est un état temporaire. Mes conseils vont être un peu débiles... Mettre une veste imperméable. Mettre un surpantalon imperméable. (Grande nouvelle n’est-ce pas).
Ce qui est amusant* c’est de te retourner la question. Si je me déplaçais en scooter ou en moto, me poserais-tu la même question ? (P’tet bien que oui, p’tet bien que non), en tout cas la réponse ne serait pas autant attendue. Et tu ne serais pas aussi dubitatif quand je te répondrais, je mets une tenue imperméable.
Dans ton inconscient (et celui de beaucoup de personnes qui tentent de trouver une excuse additionnelle pour ne pas pédaler plus souvent), à vélo on est plus mouillé que sur une moto. Pas vraiment. A vélo on ne peut pas pédaler dans un pantalon de pluie. Si si !
En fait mon vrai conseil intelligent (enfin j’espère) serait celui-ci : t’aimes pas la pluie, t’es pas équipé. Renonce à pédaler ce jour-là. Il n’y a aucune honte. Aujourd’hui les prévisions météorologiques sont quand même assez justes. Si de la pluie est annoncée dans le moment de la journée pendant lequel tu es censé être sur ton vélo : renonce. Se mettre au vélo au quotidien ne doit devenir ni un sacerdoce, ni une profession de foi, ni un chemin de croix. Amen. Tu ne lui dois rien à ton bicloune. Il s’en fout complètement s’il n’est pas sorti pendant quelques jours.
*Amusant n’est-ce pas !
Alors pour répondre à ta question : je t’aurais posé la même question concernant la moto, j’ai bien conscience que la pluie mouille le motocycliste aussi. J’ai l’air parfois un peu bizarre mais je m’informe et ai conscience des circonstances géophysiques qui nous environnent.
Et je te confirme : j’aime pas la pluie quand je sors, mais j’aime bien qu’elle arrose les fleurs de mon jardin. Je suis plein de contradictions.
Après digression météorologico-cyclo-truc, reprenons le cours de l’interview avec les questions que j’avais préparées d’avance, car je suis fort organisé, aussi.
Des comptes Twitter, un livre, une web-radio, un mag vélo leader de pignon… tu te reposes quand et comment ?
Si je réponds « je me repose tous les jours sur mon vélo », tu me crois ? J’envisage de m’acheter un vélo-couché pour mieux dormir pendant mes déplacements.
Sérieusement, cette question me fait sourire, comme si j’avais une vie de premier ministre. En fait j’ai une vie normale. Par contre oui c’est certain en choisissant de me déplacer à vélo je perds beaucoup moins de temps (il y a un message subliminal ici, les lecteurs et lectrices le verront-ils/elles ?)
Moi je le vois. C’est beau, ce que tu dis. ça ne répond pas à la question mais c’est beau.
Que souhaites-tu que la postérité retienne de ton règne terrestre ?
Rien que ça, un règne terrestre ! Je suis déjà comblé. Si mes enfants seront en mesure de dire à leur petits-enfants, que j’étais un bon papa, sympa et marrant, c’est déjà pas mal.
Et les internautes, qu’espères-tu qu’ils retiendront de toi ?
Un peu pareil, avec moins d’ambition dans la temporalité. Je ne tiens pas absolument à ce que les enfants des internautes disent à leurs petits enfants « dans ma vie sur la toile, j’ai croisé Jérôme, c’est dommage que vous ne l’ayez pas connu ». Donc l’espoir (puisque tu me demandes ce que j’espère) serait là, si j’ai pu les faire sourire, leur apporter quelque chose, leur apprendre quelque chose, c’est super. Ça me va.
Je ne vais aller plus loin. Je vais me poser la question que j’aurais bien aimé que tu me poses, ensuite. « Et celles et ceux qui ont lu tes (oui il y en a trois. Bon courage pour trouver le 3ème, qui est le premier édité) livres, qu’espères-tu qu’ils retiendront de toi ? »... Je suis un peu déçu que tu ne me la poses pas.
Je vais te dire, c’est incroyable l’effet que ça me fait de recevoir un mp sur twitter, ou une mention sur instagram (peu importe le canal finalement) ; donc un petit signe disant « merci » ou « j’ai lu, trop bien » ou « je vous le conseille ». Peu importe le contenu exact du message, ils sont tous gentils, touchants. Perturbants aussi un peu. Se dire que quelqu’un, que tu ne connais pas, à passer 2 ou 3 ou 4 ou 5 heures avec ton livre et qu’il a passé un bon moment, c’est un kif de dingue.
J’adore d’ailleurs imaginer où le livre a été lu, quand, en combien de temps ? En commençant par le début ou la fin ? Les remerciements ont-ils été lus ? Combien de sourire, de « non il n’a pas osé », de « mais carrément », de « bah là je ne suis pas d’accord » ? Bref imaginer la relation qu’il y a eu entre ce livre et le lecteur, la lectrice (a-t-il été acheté par le/la lecteur/trice ou est-ce un cadeau ? Si c’est un cadeau, qui lui a offert ? Pourquoi). C’est un truc incroyable. Vraiment.
Très pratique cette interview où tu fais les questions et les réponses, reposante pour ma suprêmitude, aussi...
Allez, je continue avec les questions préparées d'avance... une classique, maintenant : tu n’ignores pas que la publication de ton interview va te propulser dans une sphère de notoriété jusqu’à présent inconnue ; es-tu prêt au grand saut dans le star-système ?
Ça faisait des années que j’attendais que tu me sollicites. « Je crois qu’on n’est jamais vraiment préparée à devenir une star » (je cite Paris Hilton, de mémoire)
On ne cite jamais assez Paris Hilton. Enfin je crois. Ça change de personnes culturellement secondaires comme Homère ou le Dalaï Lama, en tout cas...
Et depuis que tu connais Maître Roger, comment ta vie a-t-elle changé ?
C’est surtout après la publication de l’interview que ma vie va changer #monanalyse
C’est @dansleslimbes qui nous a présentés suite à son interview chez toi, puis chez moi ; il m’a transmis une question pour toi : « Madame de Rénal et Julien Sorel passent dans le coin. Tu prends un vélo rouge ou un vélo noir ? #LeVeloestLenouveauromantisme »
Enfin une bonne question ! Alors évidemment c’est le moment de te parler de mes petits traumatismes de jeunesse. Tu l’auras remarqué mon prénom commence par un "J" comme "Jérôme" ou "Julien". Je n’ai pas assez de doigts et d’orteils pour compter les profs qui m’appelaient "Julien". Quand il a fallu faire ma fiche de lecture du "Rouge et le Noir", je n’ai pas osé demander comment se fait-il que Stendhal se trompe ainsi sur mon nom de famille. S.O.2R.E.L . La légende raconte qu’il avait initialement appelé son héros "Julien Sorrel", sa maison d’édition lui aurait demandé d’enlever un "R" à "Sorrel" pour faire des économies d’encre. Désormais, vous savez. (Nouge, le vélo, le nouge).
« Enfin une bonne question »... c’est agréable, hein... si tu préférais être interviewé par @dansleslimbes, il fallait le dire tout de suite 😒
Et toi, qui me conseilles-tu d’interviewer après toi ?
Et si t’allais tenter d’interviewer Pierre Chasserey le mec de 40 millions d’automobilistes. Si le challenge est trop relevé, dis-moi, je te trouve quelqu’un d’autre de marrant.
Il est sur le Twitter ? Je ne trouve pas son @...
Et où préconises-tu que nous allions célébrer notre amitié, avec aussi @dansleslimbes, pour une bière voire un dîner ?
On trace un triangle entre chez toi, chez moi et @dansleslimbes. On trouve son centre de gravité (par un jeu d’intersections des médianes) et on va au bar, resto, hôtel, Hammam, le plus proche de ce centre de gravité de ce triangle. Aucune possibilité de déroger à cette règle « le plus proche ». Le lieu sera forcément chouette et surprenant.
Quels sont les livres présents dans ta pile à lire et depuis combien de temps ?
Excuse-moi pour l’attente, je répondais à ces questions depuis mon canapé, qui n’est pas ma table de nuit. Alors voici les livres sur ma table de nuit (oui je lis souvent dans mon lit, mais pas toujours) : Olivier Haralambon « Comment lire des livres qu’on ne comprend pas » édité chez Premier parallèle. En cours de lecture, arrivé hier « Dans la forêt » de Jean Hegland chez Gallmeister, arrivé le 6 avril (cadeau d’anniversaire) BD « Coney Island Baby » de Nine Antico, édité chez l’association...
Arrivé depuis bien longtemps, BD « Black Hole » de Charles Burns chez Editions Delcourt... posé là il y a 10 jours à l’occasion d’un rangement de bibliothèque. « Controverses mode d’emploi », collectif d’auteurs, chez SciencesPo Les presses, offert par Pamela Schwartz vendredi dernier « Lonesome Dove Episode 1 » par Larry Mc Murtry, chez Gallmeister, en cours... arrivé le 6 avril (cf. plus haut), la promesse de ce livre ? « Si vous ne devez lire qu’un seul western dans votre vie, lisez celui-ci ».
Et le dopage, dans tout ça ?
Le dopage c’est l’assurance de ne pas arriver le dernier aux portes du Paradis. Ce n’est par contre pas une garantie de franchir le premier la ligne d’arrivée. Et puis, arriver le premier, quel intérêt ? (Remarque, arriver le dernier aussi, à quoi bon ?)
Je m’exprime sans crainte ! Merci pour ces questions, au fait l’exercice est amusant !
Plaisir d'interviewer.
C'était l'interview de Jérôme Sorrel (@mybiketowork)
Pour en savoir plus :
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