Elle range ses livres d'une manière un peu perturbante pour le blogueur suprême mais elle en parle avec conviction.
#monanalyse
le 5 FEVRIER 2025,
L'interview de Lola Bertet
Bonjour Lola, qui es-tu ? Où vas-tu ?
Bonjour bonjour, je fais du podcast (j’écris / j’enregistre / je monte / je mixe / je parle) pour plusieurs studios. Et je me projette par tranches de 3 mois (intermittence de l’audiovisuel oblige) donc disons que pour le moment, j’attends la fin de l’hiver !
L’avantage d’une telle projection, c’est que tu es à peu près sûre de la tranche à venir : l’hiver finira à la date prévue du solstice de printemps #monanalyse
Quelle lectrice es-tu, en trois adjectifs ?
Intermittente (décidément) : je lis essentiellement quand j’arrive à prendre des vacances.
Passionnée : quand je lis, je ne veux rien faire d’autre, ce qui explique sans doute que j’aie du mal à intégrer la lecture à ma vie quotidienne.
Émotive : je sanglote, j’éclate de rire, et si un livre me dégoûte, j’essaie de m’en débarrasser par tous les moyens (j’en ai déjà jeté un par la fenêtre).
C’est dangereux, de jeter un bouquin la fenêtre... enfin ça dépend de la taille du bouquin et de l’étage, évidemment... et de ce qu’il y a sous la fenêtre... d’ailleurs c’était quel bouquin et depuis quel étage ?
C’était un premier étage (et j’ai regardé par la fenêtre avant de balancer le livre), et c’était Vernon Subutex, le tome 1. J’adore Virginie Despentes habituellement, mais là j’y ai trouvé une forme de cynisme qui m’a dégoûtée et même mise en colère. Ça ne t’a jamais fait ça, d’éprouver un fort sentiment de rejet pour un livre ?
Ah si, il y a des livres que j’ai carrément tenté de laisser tomber mais c’est difficile de ne pas finir un bouquin, je culpabilise ; mais en tout cas jamais au point de jeter ledit bouquin.
Vernon Subutex je me souviens que j’ai lu le tome 1 dans un TGV donc c’était impossible de le jeter par la fenêtre de toute façon. J’en garde un souvenir plutôt positif. Le 2 m’avait lassé, et le 3 je l’ai lu en diagonale.
Venons-en aux photos de ta bibliothèque, dont l’analyse est le fondement de cette nouvelle saison des interviews du blog suprême. Bien sûr on ne juge pas des critères de rangement voire de classement des livres… mais là quand même : c’est quoi ce bazar dans ta bibliothèque ? 😱
Franchement, je suis vexée, c’est pas si mal rangé ! Mais bon, c’est vrai que je vis dans les travaux depuis un an et demi, et mes bibliothèques ont été peu à peu envahies par d’autres objets... Je te rassure : c’est bientôt fini, je vais récupérer la pleine possession de mon chez-moi, donc je penserai à remédier à mon bazar... D’un autre côté, la bibliothèque vit comme ça, tu ne trouves pas ?
Alors pardon pour la vexation, ce n’était pas intentionnel et encore une fois aucune jugement. C’est important, l’absence de jugement, il me semble, dans une interview.
Et totalement d’accord avec toi : une bibliothèque ça vit, ça bouge... les miennes c’est pareil, elles vivent et bougent. Tout en étant ultra rangées.
Une seule question : comment fais-tu pour conserver des bibliothèques ultra rangées ?
Très simple : je classe, je reclasse, je bouge les thématiques, j’aligne les livres quand j’en range un nouveau, c’est très important d’aligner tous les jours, j’évite de poser des objets autres que les livres sur les étagères... bref, je suis un bibli-psychopathe.
Quelle interprétation pouvons-nous donner à la place du Manifeste du Parti communiste, coincé entre un dictionnaire des rimes et La domination masculine de Bourdieu ?
Pas grand-chose. Le premier et le dernier sont des classiques à mes yeux, des bonnes vieilles réf qui restent. Le deuxième m’a été offert par mon papa quand, ado, j’écrivais de la poésie. Je ne le consulte plus mais il a une valeur sentimentale...
Pourquoi les 7 tomes de KaMiKaZe sont-ils séparés en trois parties ?
Ils sont à mon compagnon, qui apparemment, n’est pas meilleur en rangement de bibliothèque que moi !
Effectivement, vous vous êtes bien trouvés. Si le rangement des livres est un critère de durabilité des couples, vous avez bien de la chance.
Sans indiscrétion, c’est quoi les espèces de plantes bizarres vitrifiées marron devant notamment les Mona Chollet ?
Ouais on est d’accord, c’est bizarre ! Elles sont aussi à mon compagnon... Un bel exemple des concessions de la vie à deux...
Ah. Bon bon bon. Je le note. Mais ça ne me dit pas (à moi ainsi qu’aux millions de lectrices et lecteurs du blog suprême) ce que c’est, ces choses vitrifiées. Et je suis quand même très curieux.
C’est vrai ! C’est censé être des statuettes d’arbres, c’est des sortes de sculpture en lamelles de bois vernies... Voilà, maintenant il faudra composer avec ces informations.
Je vais tenter d’assimiler ces informations dans les meilleures conditions possibles.
Il y aussi des cordelettes bleues dans ta bibliothèque : pouvons-nous parler de ton intérêt pour le bondage ?
Ces cordelettes sont des bandes de résistance que j’utilise pour faire du pilates et du yoga... dans le petit espace au pied de la bibliothèque. Mais j’y penserai pour le bondage !
Heureux je suis de t’avoir inspiré cette idée d’utilisation astucieuse des bandes de résistance pour usage en situation de sexualité créative, comme on dit de nos jours.
Ta troisième photo paraîtrait presque rangée, avec de la littérature en haut, et juste en dessous des flacons d’huiles essentielles. Quelle place ont ces huiles dans ta vie de lectrice ?
Diffusions d’huile essentielle + tisane = je suis partie pour bouquiner pendant des heures... Je suis une mamie dans un corps de trentenaire.
Je bois plutôt du thé mais je visualise très bien le kink, étant un vieillard dans un corps éponyme. Sans les huiles essentielles, toutefois.
Plus bas, de la poésie, Homère, Ovide, Kafka, Orwell, Jean Giono et un guide du Routard de la Grèce continentale très récent : tu avais emporté quels livres pour visiter la Grèce continentale ?
Alors j’ai lu « Plus jamais » de Megan Nolan, qui m’a plombée à un tel point que je devais faire des pauses pour continuer la lecture. Mais aussi « Où es-tu monde admirable » de Sally Rooney. Aucune de ces deux lectures ne m’a vraiment marquée par son style ou son intrigue, j’ai dû remonter dans ma liseuse Kindle (mon indispensable en voyage) pour me souvenir de ce que j’avais bien pu lire pendant ce voyage.
Ceci dit, il m’en reste aujourd’hui des impressions. Donc, tristesse et anxiété et dégoût pour le Megan Nolan, et pour le Sally Rooney, un mélange de mélancolie et de cynisme (je suis pas une grande fan).
Tes photos se terminent par un grand rayon théâtre, et mon œil acéré a d’ailleurs repéré de nombreux livres sur le théâtre éparpillés dans les autres photos. Qu’est-ce que le théâtre nous apprend sur toi ?
De mes 10 à mes 22 ans, j’étais obsédée par le théâtre et j’ai fait la totale niveau études : cours de jeu, lycée option théâtre, licence et master de théorie du théâtre, de l’écriture et de la mise en scène...
Entre temps j’ai effectivement lu cette description sur un post Insta. Une raison particulière pour que cette obsession t’ai quittée à 22 ans ?
C’était très bizarre et brutal. J’ai fait un genre de burn-out théâtral et j’ai pensé que la passion reviendrait après une pause, mais non. J’ai ensuite connu une petite traversée du désert (un an environ) où je désespérais de ne m’intéresser à rien. Et puis j’ai découvert les podcasts...
Sélectionnée parmi les 10 meilleurs podcasts de 2022 par Télérama, interviewée dans le blog suprême en 2025 : comment fais-tu pour garder la tête froide tout voguant ainsi de succès en succès ?
C’est certes difficile de survivre à une telle notoriété, mais on fait ce qu’on peut. L’huile essentielle de menthe poivrée aide à garder la tête froide !
Je prends bonne note de l’astuce et vais finalement envisager les huiles essentielles pour prendre soin de mon ego fragile.
C’est Damien Jodeau qui a pensé à toi pour être interviewée après lui dans le blog suprême ; quels ont été tes sentiments quand tu as appris cette merveilleuse nouvelle ?
Je me suis sentie choisie, ça m’a fait très plaisir. C’est basique mais humain.
Et plaisir humain de t’interviewer 🙏🏻
À ton tour, qui conseilles-tu à Maître Roger pour une prochaine interview ?
Céleste Bonnamy, mon amie de longue date et surtout une super enseignante chercheuse en sciences politiques. Elle a déménagé et j’ai pas vu sa bibliothèque depuis, donc je suis curieuse ! Cette reco est totalement intéressée.
Je viens de visiter son profil sur BlueSky et fais mienne ta reco, en espérant que l’heureuse nommée acceptera l’invitation, après expiration de mon traditionnel délai de procrastination.
Depuis que tu connais Maître Roger, comment ta vie a-t-elle changé ?
Elle n’a pas trop changé, mais en même temps, elle me plaît ma vie, donc c’est très bien comme ça.
Et s’il ne devait rester qu’une poignée de bouquins à emporter en attendant la fin du monde ?
Question difficile car il y a peu de livres que j’aime relire. Mais du coup, partons de ces quelques rares exceptions : "Madame Bovary" de Flaubert, "L’attrape-coeurs" de Salinger, "Martin Eden" de London et puis surtout : tous les Shakespeare (que je préfère lire que voir joués au théâtre, d’ailleurs) !
Où t’isolerais-tu pour les (re)lire en attendant ladite fin du monde ?
Sans hésitation, chez mes parents, dans ma chambre d’enfant d’où je peux voir le ciel quand je m’allonge pour lire au lit...
C'était l'interview de Lola Bertet
avant...
après...