Prof indiscipliné, David parle de ses lectures, et aussi de ses podcasts qu'il a nombreux.
#monanalyse
le 2 FEVRIER 2025,
L'interview de David JDLP (@jdlp.bsky.social)
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Bonjour David (tu permets que je t’appelle David ?), qui es-tu ? Où vas-tu ?
Oui, je permets. Je suis un homme blanc cis de 53 ans. Je suis aussi enseignant et je m’approche de la fin et m’éloigne d’une retraite de moins en moins méritée d’après nos élu.e.s.
J’ai des velléités créatrices, sans doute pour éloigner la mort et attirer des femmes. Rien que de très classique au fond.
Si tu devais te présenter en trois titres de livres ?
« Oui-oui et la voiture jaune » de Blyton, ce livre ma fait découvrir la lecture et l’accès aux mondes qu’elle m’ouvrait.
« Voyage au bout de la nuit » de Céline, lu en 1ère, notre prof nous l’avait donné à étudier. La révélation. Une langue puissante, sale et belle, l’ombre et la crasse, l’amour et la bassesse qui prenaient des reflets dorés.
« Neuromancien » de Gibson, une écriture sombre, puissante et prophétique.
J’ajouterai, non pas un livre mais une forme poétique, les haïkus et Lovecraft. Ben oui, se résumer en trois livres, c’est impossible. Et tu le sais.
Tavu comme j’aime le lyrisme dans mes réponses. C’est mon côté pompier. Pas celui des calendriers, l’autre.
Je n’avais pas besoin de la précision pour le calendrier des pompiers : je suis suprême, mon niveau de compréhension est donc élevé.
Et je sais qu’il est impossible de se résumer en trois quoi que ce soit, c’est pourquoi je demande de « se présenter » et non de se résumer. Ça force à faire des choix, à prioriser, tout ça.
Je t’ai demandé comme aux autres interviewés de m’envoyer trois photos de tes bibliothèques et tu en as envoyé six. Tu as un problème avec les règles, les consignes et la discipline en général ?
Comme tous les profs, oui. Je demande aux autres de respecter ce que je ne suis absolument pas.
Nan mais la vérité, c’est que je ne suis pas arrivé à prendre tout d’une seule image. Mais… j’ai tellement d’identités numériques que peut-être est-ce un acte manqué ? Et je déteste la psychanalyse, c’est dire à quel point, je suis tout et son contraire. En phase avec mon époque, le gars.
Dans ta bibliothèque, des éditions poches qui datent des années lointaines du troisième quart du XXe siècle : La Duchesse de Langeais, Les Illusions perdues, voire Malataverne de Bernard Clavel (ce qui te fait un point commun avec ma suprême môman) ; c’est un héritage ou bien tu es encore plus vieux que le blogueur suprême ?
Héritage et le résultat de mon adolescence dans une famille sans argent. « Malataverne », c’est un prof de français au collège qui nous l’avait fait lire.
J’ai beaucoup récupéré de livres d’autres personnes et acheté des éditions de poche (manque mon édition de poche de King Kong théorie et des éditions de Marie Laure Dagoit).
J’ai aussi beaucoup lu dans la médiathèque de mon village que j’habite depuis mon enfance. On ne dira jamais assez l’importance qu’a eu, pour toute une génération, la mise en place dans le département du Nord, des bibliobus qui nous ont donné l’accès à la culture.
Oui, je suis du Nord. Et je sais lire, j’ai même deux diplômes du supérieur et toutes mes dents. Je suis une légende.
Note bien que je n’ai aucun a priori sur le Nord (ni le Sud, l’Est, l’Ouest, ni en dessus, en dessous…)
Dan Brown, Maxime Chattam, Franck Thilliez… qu’est-ce qui te plaît chez ces auteurs ?
Alors, j’ai lu le premier Dan Brown pas les autres.
Et Chattam et Thilliez, je n’ai jamais accroché. C’est deux derniers étant des auteurs aimés par mon épouse. C’est une bibliothèque partagée. J’ai oublié de te le préciser.
Les bouquins de Pierre Desproges : est-ce que toi aussi tu crois qu’on peut rire de tout (mais pas avec tout le monde) en attendant la mort au fond d’un tiroir ?
Oui, je le crois (et j’aime beaucoup Desproges qui a eu le bon goût de mourir avec de devenir un vieux con aigri - ce que certains de ses propos sur le MLF laissaient peut-être présager. C’est le signe d’un esprit élégant de mourir avant d’être décevant.)
On peut rire de tout, je sais que c’est compliqué, c’est un travail d’équilibriste. C’est aussi pour cela que la Gauche, les idées progressistes se prennent un backlash qui va être dévastateur.
Une partie des gens qui partagent des valeurs progressistes ont oublié de rire, de laisser la marge aux autres de dire des conneries et se sont mués en commissaires politiques principalement envers leurs propres allié.e.s et compagnons de route (je recommande de dernier épisode du podcast « le code a changé » avec Naomie Klein sur ce sujet).
Il faut rire de tout mais avec intelligence et en ne faisant jamais rire les con.ne.s, les méchant.e.s et les haineux.
Vaste programme, comme disait l’autre.
En parlant de con, je vois Luc Ferry dans ta bibliothèque : pourquoi ?
Parce que toute bibliothèque digne de ce nom doit avoir son Necronomicon.
On me l’a prêté, je l’ai pris. C’est surtout une vulgarisation des théories et des philosophes. Je ne sais pas ce que cela vaut réellement. Mais Ferry est quelqu’un qui pue la France moisie. J’avoue.
Le cierge devant « Joe, l’aventure intérieure » : on en parle ou c’est tabou ?
C’est le hasard. Cette bd m’a été offerte par ma fille. C’est un chef d’œuvre. Je recommande grandement. Une aventure intérieure épique et très belle. Le genre d’œuvre qui te fait dire qu’il y a encore des choses à raconter. Que tout n’a pas été dit/fait.
L’ordre alphabétique des auteurs pour classer les livres : qu’est-ce qui a motivé ton choix pour ce style de classement ?
La psychorigidité de mon épouse. C’est un Léviathan que je n’ose affronter au risque de perdre des organes externes voire internes et des orgasmes aussi. Je n’ai pas le courage des chasseurs de baleines blanches.
La survie des baleines blanches tient à peu de choses, finalement…
À part la lecture, tu crées des podcasts, dont l’oxymoronique « Je déteste les podcasts » ; comment t’es venue cette passion pour la podcastitude ?
J’en ai écouté à partir de 2011/12, je crois. Et puis, en 2020, j’ai commencé à en faire avec « Les Yeux Clos » et puis… l’engrenage fatal, la descente aux enfers, accro au logiciel de montage… « Je déteste les podcasts » est une réaction immunitaire de mon esprit pour combattre le cancer podcastique. Et puis, j’ai un kink ironie qui confère à la paraphilie.
Tu fais bien de préciser, pour l’ironie.
C’est Louisa Amara qui a évoqué ton « Les podcasts que je veux démonter » lors de son interview dans le blog suprême, puisque tu l’avais démontée elle-même et son « Single Jungle ». Comment ça s’est passé quand tu as appris la merveilleuse nouvelle de ton interview par Maître Roger ?
J’ai été flatté et j’ai sacrifié une bonnette en hommage à la déesse Amara. Je te connais et lis tes interviews depuis fort longtemps jadis. J’ai atteint une autre strate d’existence et de joie. J’ai un quart d’heure warholien et, ça, c’est beau.
Quant à « tu l’avais démontée », je précise que le consentement c’est important.
Bien sûr, c’est important, mais nous sommes suffisamment déconstruits, comme les millions de lecteurs et lectrices du blog suprême, pour avoir saisi d’emblée toute l’ironie dudit démontage.
À ton tour, qui recommandes-tu pour une future interview dans le blog suprême ?
Je proposerai deux autrices qui parlent du corps et des âmes : Nora Gaspard et Alex de Landes. C’est de la littérature érotique mais pas que. C’est bien autre chose.
J’ai déjà interviewé deux fois Nora Gaspard, du temps glorieux du web-journal satirique francophone de bon goût, et puis aussi dans le présent blog suprême.
Depuis que tu connais Maître Roger, comment ta vie a-t-elle changé ?
J’ai fait reculer ma calvitie, j’ai augmenté mon QI et j’ai des orgasmes plus puissants et plus nombreux. Je comprends mieux le monde et j’ai Glow up de ouf. J’ai aussi de grands espoirs dans ma réussite au Loto et pour le Goncourt.
Normal, tout ça, je dirai même plus : c’est un minimum.
Et s’il ne restait qu’une poignée de livres pour survivre à l’apocalypse, lesquels emmènerais-tu ?
Des recueils de haïkus (si je n’ai pas le choix : Buson), des livres de Desproges, Voyage au bout de la nuit et un dictionnaire pour ne pas oublier mes mots. Les mots disent le monde, ils lui donnent une consistance. Tant que quelqu’un.e possédera des mots et dira le monde par eux, il existera.
(Ouais, toujours finir sur un truc profond pour laisser une bonne impression).
(Je vois).
Et où t’isolerais-tu pour bouquiner après l’apocalypse ?
Dans une cabane dans les arbres, hors de portée des prédateurs et des cons. Un peu plus près des étoiles, à l’abri des colères du vent, à peine un peu plus libres qu’avant. Parce que faut pas déconner déjà que l’apocalypse c’est épuisant, je ne vais pas me coltiner le survivant.e.s à l’hygiène douteuse en plus.
C'était l'interview de David JDLP
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