Et si Sandrine n'existait pas, pourquoi Twitter existerait ? Que serait ma TL, depuis les premières heures, si Sandrine ne l'embellissait pas de sa créativité ? #jelanceledebat
#monanalyse
le 15 SEPTEMBRE 2021,
L'interview de SandG_ (@SandG_)
Pour en savoir plus :
Security check...
Sandrine, qui es-tu ? Où vas-tu ?
Eh bien, c’est une question à la fois simple et complexe : la version courte, je suis Sandrine (Sand sur internet depuis... pfiou là), caviste, autrice, journaliste, féministe, belge (pour changer des mots en -iste).
Et pour le moment, je ne vais nulle part, vu qu’il est assez compliqué de répondre tout en cheminant.
Allons déjà vers la fin de cette interview, ce sera un beau chemin...
C’est beau comme du Joe Dassin, je mets ma robe longue.
Ah oui je vois, celle qui te fait ressembler à une aquarelle te Marie Laurencin...
Peux-tu te présenter aux millions de lecteurs du blog suprême en un plat typiquement belge ?
Il y en tant que j’aime, et qui mériteraient qu’on les mette en avant (les pêches au thon, la salade liégeoise, le waterzooi, les boulets, les croquettes de crevettes...) mais celui qui me représente le plus c’est la carbonnade flamande : d’abord parce que mon nom ne laisse planer aucun doute sur mes origines (Goeyvaerts, ça se prononce pas, ça se vit), et puis c’est un plat réconfortant, simple et que tout le monde adore... Quoi ? Pas comme moi ? Allons.
Non non, moi ça va, j’aime bien la carbonnade.
Et on boit quoi, avec ?
De la bière, parce que la Belgique produit de fabuleuses bières, comme une gueuze.
Ou du gamay, parce que c’est mon produit de beauté.
En parlant de gamay, excellente transition vers la question suivante : quand as-tu su que le vin occuperait une grande place dans ta vie et même ton métier ?
En goûtant avec un très beau jeune homme aux yeux verts un fantastique alsace.
J’ai gardé le package.
Tu viens de publier un livre, « Manifeste pour un vin inclusif ». Quand et comment en est née l’idée ?
Tadam! Le manifeste pour un vin inclusif sort le 2/09. Au programme: le langage du vin, comment il forme sa société, creuse les inégalités, comment on peut le révolutionner avec de supers intervenant·es, des témoignages, et quelques blagues (on ne se refait pas hein). pic.twitter.com/Nrtj5ClCA4
— Sand (@SandG_) June 20, 2021
Un soir tard, où je venais de lire une énième connerie sur un vin censément féminin (délicat, léger, doux).
Le monde du vin et surtout son vocabulaire est sclérosé par un certain immobilisme : on remet très peu en question ses termes, et alors que toute la société change, le dico vin reste très ampoulé, maniéré et surtout stéréotypé. Ça a deux conséquences : éloigner les novices du vin, parce que ça leur donne la sensation d’être toujours un peu les nuls et entériner des inégalités en perpétuant des clichés sexistes, racistes, classistes, homophobes, etc.
J’ai pris mon téléphone, j’ai écrit un pitch de deux lignes à ma maison d’édition d’amour (Anne et Antonin chez Nouriturfu) et c’était parti.
C’est quoi d’ailleurs un vin inclusif ?
Ce n’est pas tant le vin en soi, que le monde du vin (cette figure de style porte un nom, mais j’ai oublié, comptons sur la sagacité de ton lectorat).
Ma sagacité se suffira : la figure de style c’est une métonymie, et je dirai même plus, une synecdoque.
Mais pardon pour l’interruption… tu disais ?
Un monde du vin inclusif serait dans l’idéal un modèle où n’importe qui, peu importe son genre, sa couleur de peau son orientation sexuelle ou son handicap trouve sa place, se sente légitime et acceuilli·e, tant pour produire ou vendre que pour picoler.
Ce n’est pas encore le cas partout, et c’est dommage : on rabâche toujours que le vin c’est la convivialité et le partage, mais soyons clairs, c’est une convivialité entre « certaines personne » et pas toutes.
J’ai toujours essayé de rendre le vin accessible, parce que c’est un tel kif déjà de goûter de supers pinards, et ensuite de connaître un peu leurs histoires, qui les a faits, pourquoi, comment... Mais pour donner cette accessibilité-là aux gens, faut ouvrir son esprit, trouver des moyens de communiquer non excluants : arrêter d’utiliser des expressions comme « vin de tapette », ou « vin féminin », cesser d’employer des termes pédants juste pour se la péter...
Purée, le vin c’est un produit agricole par excellence, paysan, alors pourquoi vouloir en faire un truc de snobs ou de pseudo élite ? Parler avec des termes obscurs sans les expliquer à quelqu’un qui n’y connait rien, ça sert à quoi, à part se faire mousser ?
Je suis bien d’accord avec le côté paysan du truc, alors à mon avis le côté snob et élite, c’est juste lié au pognon.
Complétement : le vin est un marqueur d’appartenance sociale, connaître ses crus, en avoir goûté beaucoup, demande du temps, de la disponibilité et aussi du pognon. C’était comme ça au 18e, 19e siècles, ça reste un milieu assez classiste : on méprise ce que consomment les milieux populaires, on se targue d’avoir du bon goût.
Mais le bon goût n’est pas absolu. Ce qu’on veut nous faire passer pour du bon goût en réalité, c’est juste un moyen d’assoir une certaine supériorité, d’une classe sur une autre. Et pourtant, faire du vin, c’est apprendre l’humilité. Quand tes parcelles gèlent en mars, et que t’as pas de récolte en septembre, tu sais que tu dois rester humble : tu n’es qu’un tout petit élément dans un tout qui te dépasse.
Tu as aussi créé une bière artisanale, la Super Wombat. Une bière de type triple. Pour les ignares tel que moi, peux-tu préciser ce que signifie « bière de type triple » ?
L'automne peut démarrer, la triple est là : nez parfumé, bouche ample mais pas de sucre, et la badiane qui joue la dernière note funky 😍 #superwombat pic.twitter.com/lINFeGpFC6
— Sand (@SandG_) September 12, 2021
Ça veut dire que c’est trois fois meilleur qu’une bière française...
Ok, si on ne peut plus plaisanter.
A l’origine, les triples étaient brassées par les moines : on utilise plus de quantité d’ingrédients pour brasser, et on obtient plus de volume en bouche et surtout plus d’alcool.
Et en réalité, cette triple, c’est la Super Wombat automne 2021. On a décidé de faire un brassin différent à chaque saison. En été, on a fait une blanche au sureau.
Mais si mais si, on peut plaisanter. Avec précautions pour un sujet aussi sérieux mais on peut plaisanter. Bon bon bon. Pas trop quand même.
Est-ce que la bière est naturellement plus inclusive que le vin ?
Pas vraiment : à l’origine de la bière, on trouve des femmes. Ce sont elles en premier qui ont fabriqué les bières. Et puis, comme dans beaucoup de domaines, quand les mecs se sont rendu compte qu’il y avait du pognon et du prestige à se faire, elles se sont fait évincer.
Le milieu évolue, mais reste assez masculin dans son image. La plus célèbre des bières belges a eu longtemps pour slogan « les hommes savent pourquoi ».
(Les femmes faisaient la vaisselle, sans doute)
Et on a su ce que les hommes savaient ? (Pendant que les femmes faisaient la vaisselle, certes, je ne vois pas d’autre explication)
« Pourquoi ». Reste à savoir ce qui englobe ce « pourquoi ». Mais je crois que ça fera partie à tout jamais des mystères de l’univers, comme les cuillers qui disparaissent ou les chaussettes solitaires dans les paniers à linge.
Nous sommes arrivés sur Twitter la même année, et il me semble te follower depuis tout ce temps. Comment expliques-tu qu’en dépit de ma ligne éditoriale toujours très drôle et de mon suprême bon goût tu ne me followes pas ?
C’est une excellente question : l’occasion ne s’est pas présentée, ou peut-être suis-je un peu bêta ? Ou préfère-je être suivie que suiveuse ? Choose your player.
Je préfère ne pas choisir.
Choisir c’est renoncer, comme dirait l’autre. Pour cette sagesse, je vais peut-être te follower, du coup.
Tu es la bienvenue.
Quand je vais sur ton profil Twitter, la nouvelle fonctionnalité toute pourrie « Sujets à suivre » propose : livres, art & culture, musées et institutions, films de science-fiction et fantasy, Le Seigneur des anneaux. Lequel de ces thèmes te correspond le mieux et pourquoi ?
Le Seigneur des anneaux, jamais vu, et le livre 1 m’est tombé des mains.
Sci-fi et fantasy, bah bof.
Musées et institutions : HAHAHA.
Art et culture : c’est tout moi, artiste et cultivée.
Livres, à donf, car j’écris mais surtout je lis énormément, compulsivement, même si ce n’est pas toujours simple de concilier ma vie pro, de famille, et la lecture... Mais je préfère y sacrifier quelques heures de sommeil que de me priver de lire.
A qui souhaites-tu de connaître la joie céleste d’une interview dans le blog suprême après toi ?
Ma copine @celinextenso et sa scie.
Et ma douce @tatacoquillette qui a toujours des belles choses à partager.
C’est noté, les heureuses élues seront invitées à négocier les conditions de leurs interviews selon la procédure en vigueur.
Tu sais que la publication de ton interview va profondément bouleverser ta vie : des millions de gens voudront boire du vin (avec modération) en te demandant conseil, d’autres millions de gens qui préfèrent la bière voudront trinquer à la Super Wombat. Es-tu prête à cette nouvelle vie de star ?
Depuis que je suis née.
Où souhaites-tu déjeuner avec Maître Roger pour célébrer ta nouvelle vie de star ? Et on boira quoi ?
Mon rêve c’est un diner chez Gagnaire. Et dans un resto comme ça, je laisse faire le ou la sommelier·e avec un seul mot d’ordre : surprenez-moi !
Qu’il en soit ainsi.
Hormis mes questions brillantes, quelle est la dernière chose que tu as lue pour le plaisir ?
La dernière, « Un corps tropical » de Philippe Marczewski, un auteur belge qui a publié une sorte de roman d’aventures très drôle aux éditions incultes.
Et là je suis en train de lire la saga d’Elena Ferrante.
Quelle musique as-tu écoutée pour répondre à cette interview ?
Elton John, sacrifice que ma fille chérie chante en boucle depuis 15 jours. M’apprendra à lui faire connaître la bonne musique.
Et le #gettymuseumchallenge, dans tout ça ?
C’était un super moment et j’espère que quand on se repenchera en arrière d’ici quelques années on se souviendra des fous rires mère-fille à reproduire des tableaux de façon improbable.
C'était l'interview de SandG_ (@SandG_)
Pour en savoir plus :
Security check...
avant...
après...