Encore une manifestation de la magie de Twitter : rencontrer Aurore Ponsonnet, (ré)apprendre cent règles et leurs mille exceptions, aimer la grammaire, rire d'un accord du participe passé. La vie, quoi. La vraie.
#monanalyse
le 16 SEPTEMBRE 2021,
L'interview de Aurore Ponsonnet (@APonsonnet)
Pour en savoir plus :
Blog | ecrireetparler
Bonjour Aurore, qui es-tu ? Où vas-tu ?
Je suis une quadragénaire mi-joyeuse mi-anxieuse qui aime la vie et qui cultive l’enthousiasme en essayant de râler de moins en moins (ce n’est pas toujours simple). Je vais où se trouvent la joie, la curiosité, le rire, l’amour, le rire, le plaisir, la langue française, la beauté et le rire aussi, c’est important. Une journée sans apprendre, transmettre et rire est une journée foutue (comme le café bouillu) (référence de quadragénaire).
Ah, et j’ajoute qu’une journée sans dire aux gens qu’on aime qu’on les aime est assez nulle aussi.
La référence du café bouillu passe bien chez le jeune quinqua #jeudiconfession (oui, je réagis un jeudi, coïncidence je ne pense pas).
Quel(s) livre(s) de tes jeunes années te souviens-tu avoir lu(s) et relu(s) ?
Le livre que j’ai le plus lu et relu est « La belle lisse poire du prince de Motordu ».
Pour les plus jeunes : c’est l’histoire d’un prince qui confond les sons (il habite un magnifique chapeau au-dessus duquel flottent des crapauds) qui rencontre une princesse (la princesse Dézécolle) qui va l’inviter dans sa classe pour l’aider à remettre les mots à l’endroit. Essayer de comprendre « les mots tordus » m’amusait beaucoup et j’étais fascinée par cette princesse qui réussissait à remettre tous les mots du prince en ordre pour qu’il puisse être compris par tout le monde. On peut dire que ma vocation est née à ce moment-là.
C’est beau d’avoir rencontré ton destin si jeune.
Quelle est ta règle grammaticale préférée et pourquoi ?
J’aime les règles d’accord du participe passé, c’est comme un jeu pour moi, on doit réfléchir, analyser, découper la phrase...
En revanche, je préfère expliquer des règles qui ne sont pas suivies de moult exceptions. Je vois la détresse dans les yeux des gens et je compatis. Je suis assez sensible comme fille... Dès que je vois le mot « jamais » ou « toujours » dans une règle, je souris.
Autant te dire que cela n’arrive pas souvent.
Une règle sans exception, c’est d’une tristesse...
Et coïncidence, j’aime bien les règles du participe passé : par exemple, anecdote désopilante, je prépare les interviews dans un nuage de documents proposé par un moteur de recherche bien connu de la Toile, et son correcteur grammatical me souligne à chaque fois le féminin de la traditionnelle question « quelle musique as-tu écoutée », et je ricane à chaque fois.
J’ai des joies simples.
C’est d’une tristesse... pour ceux qui ont une mémoire d’éléphant ! Ton anecdote désopilante me rappelle les justiciers de l’orthographe sur les réseaux : prompts à corriger les autres alors qu’eux-mêmes font des erreurs dans leur commentaire (« Oh là, là, t’es nul ! Retournes à l’école et vas t’acheter un Bécherel ! »). Là, je ris. Sous cape.
Comment es-tu passée d’orthophoniste à… euh… enfin bref, tout ce que tu es aujourd’hui ?
J’ai aimé mon premier métier, puis j’ai découvert la formation pour adultes (consentants) en transmettant à des professionnels une méthode de grammaire simplifiée que j’avais créée pour mes patients : une révélation ! J’ai exercé pendant plus de neuf ans le métier d’orthophoniste et c’est devenu pesant. J’ai quitté mon cabinet... sans me retourner (je suis comme ça, moi).
(C’est beau, cette force, cette volonté qui avance)
(Souvent, ça part d’une volonté d’arrêter une activité qui m’épuise ou qui ne me rend pas heureuse. D’aucuns diraient : « Courage, fuyons ! »)
A quoi ressemblent tes journées ?
Réveil, Twitter, un grand café, Twitter, créer des contenus pour digiSchool (vidéos, leçons, quiz), lecture (audio beaucoup, sur papier, souvent), déjeuner avec des gens que j’aime, tourner une vidéo, Twitter, sorties culturelles, Twitter, chant (je fais partie d’un ensemble vocal génial), restaurant... souvent un film ou une série (si je suis chez moi) et Twitter pour vous souhaiter une bonne nuit (je suis devenue complètement accro au printemps 2020, allez savoir pourquoi)... le tout en musique (dès le réveil). On peut résumer ça à : la belle vie !
PS : J’adore les parenthèses.
(Ah ? Tu aimes les parenthèses ? Dans la vraie vie aussi ?)
Je dessine des parenthèses et des guillemets dans l’espace quand je parle. Je fais de la « Air ponctuation » (fière d’avoir inventé cette activité à l’instant). C’est faux, bien sûr, mais j’aime bien imiter les gens qui miment les guillemets, surtout quand ils le font au mauvais moment. Ah, je ne te l’ai pas encore dit, mais j’adore faire le clown et imiter les gens (15 ans d’improvisation théâtrale, le bonheur).
Quelle était ta quête en venant sur Twitter ? Et quelle place le réseau à l’oiseau bleu a-t-elle dans ta vie aujourd’hui au-delà des cinq mentions dudit réseau dans ta réponse précédente sur la journée-type ?
Ma quête au départ : suivre des gens passionnants dans les domaines qui m’intéressent (linguistique, enseignement, féminisme, littérature, cinéma, séries, écologie...), découvrir, apprendre, rire et créer une communauté de gens qui auraient envie d’apprendre ce que je peux transmettre. Objectifs atteints (et même plus encore) !
Ce réseau a pris une place (trop) importante. Le seul moment où je ne me connecte pas, c’est quand je suis entourée. Sinon, c’est un peu fifou (j’adore ce mot). J’aimerais réduire mon temps de connexion, mais plus j’ai d’abonné(e)s, plus j’ai envie de répondre à leurs commentaires, leurs questions et ce, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. C’est le réseau le plus réactif que je connaisse.
C’est drôle, j’ai une page sur Facebook (Le français pour adultes consentants), autant d’abonné(e)s que sur Twitter (environ 10 000), je publie des contenus similaires. Contre 200 réactions (FAV, RT, commentaires) ici, 10 là-bas. Facebook, c’est devenu mooooouuuuu.
Je confirme, Facebook c’est mou. Et en plus il y a Môman.
Sur Facebook, il y a toute ma famille, mais je peux dire que Môman, qui a une sacrée personnalité, qui est tout sauf politiquement correcte, est mon premier public quand je raconte des bêtises.
Après avoir consulté la page « à propos » de ton blog, dont la lecture m’a fort impressionné, je constate qu’il y manque la réponse à une question pourtant essentielle : tu dors quand ?
Je suis une grosse dormeuse ! Je porte mal mon prénom, car je ne suis pas du matin. Je pense que tout ce que je fais, quand je m’y mets, je le fais rapidement, avec passion, le reste du temps : je glande (voir la description de ma journée). Ah, j’ajoute que j’adore prononcer « je guelande », ça me fait rire.
Ah.
Je vois que mon humour est incompris. #déception
Je viens de réessayer. C’est un échec. Désolé.
Ton interview a été recommandée par @GDeleur ; quels ont été tes sentiments quand tu as appris la nouvelle, un beau soir d’août ?
J’ai une grande admiration pour Guillaume, je le suis depuis le début, j’adore ses trouvailles, sa régularité, son sens de la formule, ses idées, ses valeurs. Je le trouve brillant. Voilà qui est dit. Il est fort discret quand je tweete, donc j’ai été étonnée et très flattée qu’il pense à moi pour cette interview. J’ai sautillé sur mon canapé à vrai dire.
Tu as déjà donné de nombreuses interviews sur ton métier et tes activités, par exemple dans Le Figaro.
Outre l’opportunité de toucher les millions de lecteurs du blog suprême, qu’attends-tu de mieux qu’une interview dans le Figaro en t’entretenant avec Maître Roger ?
J’aime ton ton. C’est plus rigolo et je me dévoile bien plus que dans Le Figaro... C’est un bon exercice. :-)
Merci, c’est gentil de me dire ça, j’ambitionnais en effet d’être plus rigolo que Le Figaro en créant le blog suprême #monanalyse (et si tu veux continuer de te dévoiler, mes DM sont ouverts)
Je ne vais pas tarder à te parler de ma mère, qui est un sujet central. Tu n’aurais jamais dû me dire ça, malheureux !
J’assumerai courageusement les conséquences du lancement de ce sujet.
C’est maintenant ton tour de recommander qui devrait être interviewé après toi dans le blog suprême...
Je pense tout de suite à un compte très suivi qui a été le premier à partager mes contenus et à m’aider à « gagner » des abonné(e)s quand j’étais toute nouvelle ici : le compte de @Equipe1erDegre (que j’adore) !
Parfait, l’équipe du premier degré sera invitée à accepter une prochaine interview, dans le respect des procédures internes d’invitation et après expiration de mon traditionnel délai de procrastination.
Tu vas te régaler !
Depuis que tu connais Maître Roger, comment ta vie a-t-elle changé ?
Ma vie ne sera plus jamais la même, je ne pourrai plus lire des interviews sans me dire « Mais pourquoi ce n’est pas Maître Roger qui pose les questions ? »
Mais oui : pourquoi ? 😳
Tu n’as pas besoin de courir le monde après ton destin comme un cheval sauvage (#DirtyDancing) !
Deviens intervieweur à plein temps.
Je vais réfléchir.
Tu ne peux ignorer que ta vie va être bouleversée par la publication de ton interview dans le blog suprême, des milliers de fans te poursuivront désormais et les chemins que fouleront tes orteils délicats seront désormais parsemés de pétales de roses. Comment te prépares-tu à cette vie de luxe ?
Je me suis déjà préparée, figure-toi ! Je porte des lunettes noires, même la nuit chez moi, j’ai un carnet dans mon sac pour signer des autographes, je demande à ce qu’on me voussoie (c’est comme « vouvoyer », mais en plus pédant). Qu’ils viennent me chercher !
Ah tiens, tu es pédante ? Je n’avais rien remarqué, tu fais bien de le préciser, j’en prends utilement note (N.B. : tu peux quand même continuer de te dévoiler en DM, je suis ouvert d’esprit)
Je suis pédante et autoritaire. J’ai l’impression que mes abonné(e)s le remarquent assez vite.
Bon bon bon.
(Mise à jour de 2023 : Aurore est vraiment devenue célèbre, elle est même passée à la télé pour la promotion de son nouveau livre...
Nouveau livre que l'on ne manquera pas de commander chez le grand méchant Amazon
Voilà voilà, fin de la parenthèse promotionnelle)
Où souhaites-tu que Maître Roger t’invite à dîner quand tu seras une star et quel sera le menu ?
J’aime beaucoup la cuisine franco-coréenne de Pierre Sang et je choisirai le menu Découverte (dans son bistrot). On ne sait pas ce qu’on mange, on doit deviner les ingrédients utilisés, c’est délicieux et ludique (je suis très joueuse).
Parfait, en plus c’est pas loin de ma ligne de métro ! Tu fais quoi, samedi soir ?
Je dîne avec toi.
Qu’il en soit ainsi.
Hormis les questions toujours géniales de Maître Roger, quelle est la dernière chose que tu as lue avec plaisir ?
Je me replonge dans la trilogie de Pierre Lemaitre, « Les enfants du désastre », quel talent ! Je note plein de mots rares pour les partager ensuite avec mes abonné(e)s.
Et sur papier, je lis un livre qui va bientôt sortir (je connais Stéphanie Thomas, l’autrice) : « Mal de mères » (témoignages de femmes qui racontent le regret d’être mère). C’est un sujet (tabou) qui m’intéresse beaucoup.
Quelle musique as-tu écoutée pour répondre à cette interview ?
De la musique argentine (La Misa Criolla d’Ariel Ramírez), car nous la chantons bientôt en concert et nous devons tout connaître par cœur !
Et le Bescherelle, dans tout ça ?
Une référence ! Avec le Grevisse, le Thomas, le Jouette, Le Robert, Le Larousse... des stars dans mon domaine.
Je voudrais dire encore quelques mots à toutes celles et tous ceux qui me liront...
Ne jugez pas votre orthographe, d’autres le font suffisamment pour vous. Posez-moi des questions sans avoir honte (j’ai l’impression que ce sentiment est très présent). J’adore expliquer les règles, donner des définitions, je découvre tous les jours des mots, des subtilités, des règles. Il m’arrive à moi aussi de faire des erreurs (alors que je baigne dans les règles de grammaire toute la journée), je suis humaine !
Apprendre, évoluer, c’est le plus important. Et arrêtez de me dire que les erreurs des autres vous font « saigner des yeux et des oreilles ». Arrêtez de m’identifier sous des tweets/articles contenant des erreurs. Expliquer : j’adore. Corriger les écrits de celles et ceux qui n’ont rien demandé : ça me gave grave.
Voilà. C’est dit.
Très jolie conclusion, merci à toi #monanalyse
C'était l'interview de Aurore Ponsonnet (@APonsonnet)
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