Ariane a créé les éditions OLNI, où est éditée Alex de Landes, précédente interviewée suprême qui l'a recommandée.
#monanalyse
le 27 FEVRIER 2025,
L'interview de Ariane (@arianefrontezak.bsky.social)
Bonjour Ariane, qui es-tu ? Où vas-tu ?
Je pourrais répondre comme Pierre Dac, - un maître des mots et de l’humour pour celleux qui n’auraient pas la réf : « je suis moi, je viens de chez moi et j’y retourne », mais mon ego me somme de faire autrement.
Alors, pêle-mêle : scorpion, patiente, caractère pas simple, passionnée, curieuse, rancunière, mimosaphile, féministe, humaniste donc anti-trumpmuskpoutinern, née à Paris que j’adore, heureuse sous la pluie, en pâmoison devant les arbres, un poil vintage et le rire facile.
Je vais quelque part, sûrement pas à nulle part ni dans le mur parce que j’embarque pas mal de monde avec moi, et je ne voudrais pas croiser un iceberg.
Pas mal de monde ? Qui ça donc ? Et tu irais où pour risquer de croiser un iceberg ?
Ceux qui me suivent dans l’aventure de l’édition, comme l’équipe extra (coucou à Valérie, Raphaël, Olivier, Catherine and co) qui m’aide à la gérer, comme les adhérent·e·s de notre maison d’édition associative OLNI et comme les auteurices qui nous font confiance.
Je navigue un peu à vue mais pas à l’aveugle : ma barque n’est pas grande et je préfèrerais éviter les icebergs du type bolloresque afin de continuer à ramer comme je l’entends. Bon, j’arrête là avec les métaphores.
Bolloré métaphorisé en iceberg, j’avoue, ça fait peur #monanalyse
Même non métaphorisé, il fait peur.
C’est vrai #monanalyseapprofondie
Entrons dans le vif de l’interview : je ne te demande pas si tu aimes Ken Follett… quel fut son premier livre que tu as lu et quel effet a-t-il produit sur toi au point de lui consacrer tant de temps de lecture ?
L’Arme à l’œil. Ça date.
Quel effet ? Énorme !
J’explique : toute petite, je lisais les livres de la comtesse de Ségur (j’ai adoré), Le Club des cinq (bof) puis j’ai dû lire les livres scolaires du genre Manon Lescaut, Les Chouans, Les Choses, Les Mains sales (j’ai détesté) ; bon, il y a quand même des écrivains et poètes que j’ai aimés comme Hugo, Zola, la Fontaine, Prévert et puis, enfin, j’ai eu la liberté de choix parce que je pouvais acheter avec mes sous, et j’ai découvert qu’il y avait d’autres genres ! Les polars, les thrillers, les romances ! Tout un nouveau monde s’offrait à moi. Le Nirvana.
Voilà, grosso modo ce que m’a fait L’Arme à l’œil : le choix.
Tiens, ça me fait surgir une réminiscence : un des premiers texte humoristico-suprême que j’ai écrit sur les internets se titrait « Vaut-il mieux avoir l’arme à l’œil ou le cor au pied ? » Texte heureusement disparu, en tout cas d’après mes archives et celles de Google-qui-sait-tout.
Pour revenir à cette première image, son avantage est que je peux poser les mêmes questions pour Dean Koontz et/ou Dan Simmons…
Contente de pouvoir te faciliter la tâche.
Pour Dean Koontz, dont le genre s’approche de celui de Stephen King qui est aussi dans ma bibliothèque, c’est le côté manipulation scientifique qui m’a attirée. Mon préféré étant « Chasse à mort » : une expérience sur des animaux dont l’un d’eux se transforme en une bête intelligente diabolique et un Golden retriever adorable, sachant communiquer avec l’homme. Je l’ai lu je ne sais combien de fois.
Pour Dan Simmons, sa série « Les Cantos d’Hypérion », de la SF space opera, est une œuvre incroyable, que je suis bien incapable de résumer ici tant elle est riche. « L’Échiquier du Mal », un thriller fantastique basé, là encore, sur l’histoire des camps d’extermination et du nazisme, m’a littéralement happée. Y a des écrivains, comme ça, qui savent comment amener le lecteur à entrer dans les pages et ne plus en sortir jusqu’au mot « fin ». Leur talent me fascine.
J’ai d’autres écrivains aussi que j’aurais pu photographier, comme Herbert Liebermann, genre thriller policier, son Nécropolis est une oeuvre magistrale ; Douglas Preston et Lincoln Child qui ont créé un fabuleux personnage, Aloysius Pendergast, agent spécial du FBI ; y a aussi des Français, hein : Frank Thilliez, Fred Vargas, JC Grangé, etc.
Bref, j’aime les thriller fantastiques, historiques, épiques. Bon, il m’arrive aussi de lire autre chose.
Évidemment c’est le moment où je relance, brillamment, d’un très inattendu et néanmoins opportun : « ah ? autre chose ? quoi donc ? »
En vrac et liste non exhaustive heureusement : Stefan Zweig (surtout ses biographies), Druon et ses Rois Maudits, Boris Vian, Arturo Pérez-Reverte, Esparbec, Alphonse Momas, Gaston Leroux, j’en passe et j’en oublie et puis un bon paquet de BD...
On en a des communs : Zweig et Pérez-Reverte.
La dernière fois que j’ai vu autant de dictionnaires d’un coup, c’était chez Gibert. Comment en es-tu venue à pareille collection ?
J’adore les dictionnaires. Toute petite, j’aimais me promener le long des pages des gros volumes Larousse, surtout la partie des pages roses, celles où il y avait des locutions latines, et les noms propres avec les illustrations.
On ne peut pas tout savoir, mais si on veut savoir, alors vive les dictionnaires !
Ce qui est génial, c’est que maintenant, il y a des dictionnaires pour tout. Et comme je suis de nature curieuse, dès qu’il y a un domaine qui m’intéresse, m’interpelle, et me montre que j’ai d’énormes lacunes, hop, le dico !
C’est quand même jouissif d’avoir un tel outil.
Le dictionnaire des sexualités : c’est à usage strictement professionnel pour ton métier d’éditrice, j’imagine ?
Voir ma réponse sur les dicos. Et peut-être que la dernière phrase est en rapport avec celui cité dans ta question.
Ah oui, peut-être. Je vais réfléchir...
Et puisqu’on en parle, le métier d’éditrice, tu y es venue comment ?
J’ai été directrice éditoriale de deux collections (érotique et romance) dans une ME dont je tairai le nom. Il y a eu un clash avec la gérante qui m’a virée parce que j’avais osé défendre un auteur (mon côté déléguée de classe, ça).
J’ai tellement aimé cet exercice que je ne voulais pas m’arrêter là. J’ai eu cette idée de créer une maison d’édition associative, et avec une équipe de choc, dont certains auteurs de ladite ME de la gérante qui m’a virée, nous avons réfléchi, discuté, imaginé, et fabriqué OLNI. Ou comment transformer le négatif (la gérante qui m’a virée) à une belle chose positive !
Tu la sens, la fierté dans le ton, là ?
Oui je la sens bien, et je ne doute pas que les millions de lectrices et lecteurs du blog suprême la sentent aussi #monanalyse
Même 1% d’un million de tes lectrices/lecteurs, je prends !
Heureux 1% #monanalyseapprofondie
Le doudou en bas de la photo : on en parle ou c’est tabou ?
Au risque de décevoir, ce n’est pas du tout un doudou donc pas de tabou. Le mien est parti à la poubelle depuis belle lurette, je l’ai jeté moi-même (je sais, c’est affreux, mais j’ai prévenu être scorpion). C’est juste que je l’ai trouvé en cherchant des peluches pour faire un cadeau et qu’il m’a fait de l’œil. Je n’ai pas eu le cœur de lui résister. Il est mimi, non ?
En fait, en y réfléchissant bien, je crois que je n’ai jamais eu de véritable doudou. Qu’est-ce que ça dit de mon enfance ? Pas terrible, mais c’est pas le sujet.
Très mimi, je confirme.
Bon je crois qu’on a les mêmes goûts en bédés et vu l’usure de tes Astérix, Tintin et autre Gaston, je dirais même qu’on a environ le même âge (mais ça reste secret, bien sûr). Tu les relis encore aujourd’hui ?
Je les connais par cœur tant je les ai lus x fois. Je ne m’en lasserai jamais ! Goscinny, Uderzo, Franquin, Morris, Gotlib, Edika, tous des génies.
Je profite de ta vitrine pour poser une question existentielle en espérant que quelqu’un·e aura la réponse : pourquoi la femme d’Agecanonix n’a pas de prénom ? C’est la seule de tous les personnages d’Astérix qui n’en a pas.
Et je profite bis de ta vitrine pour faire un coucou amical à Ariane Gotlieb, la fille de Marcel. J’espère pouvoir la voir lors du Festival Livre Paris où OLNI aura un stand parmi d’autres ME de la région Ile-de-France. Je fais de la pub, ça ne peut pas faire de mal, hein...
Oui oui, faisons de la pub gratuite qui ne me rapporte rien : mon sens du sacrifice me sera certainement rendu au centuple pour l’éternité, là-haut, j’imagine.
On est d’accord que Les idées noires de Franquin sont le sommet absolu et indépassable de la philosophie contemporaine ?
Mais tellement ! Tout y est. La fatuité, la désespérance, la méchanceté, la cruauté, la vanité, l’imbécillité. Le noir profond et absolu qui correspond bien trop à notre monde actuel. Surtout depuis le 20 janvier... Le tout servi par le trait de crayon et d’esprit de Franquin qui nous manque terriblement !
Ça recommence, encore un auteur en intégrale : qu’est-ce qu’il a de si important pour toi, ce Marcel Aymé ? (à moins que ce soit pour Topor que tu as ces livres ?)
Pour les deux. C’est grâce à Marcel Aymé que j’aime lire des nouvelles. Et j’ai une passion pour Les Contes du chat perché.
Son œuvre est tellement riche, romans, pièces de théâtre (La tête des autres est un plaidoyer contre la peine de mort que certains devraient lire), essais, contes, que cela vaudrait le coup d’en faire un dictionnaire, tiens ! Bon, il n’était pas tout blanc non plus, mais il s’est battu pour les objecteurs de conscience et il a refusé d’entrer à l’Académie Française (un énorme bon point pour moi).
Quant à Topor, son style, son humour, ses dessins, ses affiches et ses marionnettes de Téléchat montrent tout le talent de cet artiste parti bien trop tôt.
Bon bon bon… j’espère rentrer à l’Académie, moi, en reconnaissance de l’œuvre suprême dont j’ai gratifié le monde francophone ébloui depuis tant d’années. L’habit vert me sied, j’en suis certain.
J’aimerais revenir sur la première photo : le truc rouge pour regarder des disques de diapositives de notre enfance, il marche encore ? Tu as quels disques ?
Le truc rouge - c’est marqué « wiew master » dessus - est un achat dans une boutique vintage. J’en avais un, de couleur beige, avec des disques représentant la Pointe du Raz et les Calanques de Marseille. Les photos en relief me coupaient le souffle.
Le truc rouge était à vendre avec 3 séries de disques représentant Albator (han, le beau pirate), Candy Candy (toute mimi) et Ulysse 31, tu sais Nono, le petit robot. Certes, ils n’étaient pas de ma génération, mais celle de mes enfants, et j’aimais bien les regarder avec eux.
Albator, c’est quelque chose. Je recommande !
Bref, le truc rouge, c’est un objet magique.
Et la machine à écrire anté-microsoftienne : elle sert encore ?
C’est pas une vraie. Une vraie, j’en ai une, mais celle sur la photo, c’est moi qui l’ai construite avec des morceaux d’une marque qui commence par un L et qui finit par un O. C’est fichtrement bien fichu !
Ma seule déception : elle n’est pas faite pour fonctionner pour de vrai. J’ai mis quelques heures à la faire, ô joie ! Plus y en a (de morceaux), plus j’aime. Tout comme les puzzles d’ailleurs. J’oublie tout quand je me lance dans ce genre d’activités. Une pure détente. Je recommande aussi !
Sauf si vous n’êtes pas patient·e·s, évidemment, comme aurait dit Monsieur de La Palice, et non de la police, comme l’a dit Moïshe Schmoll - Popeck- dans Rabbi Jacob - ce film génialissime, mais je m’égare...
Certes, ne nous égarons donc pas.
C’est Alex de Landes qui avait recommandé que tu sois interviewée dans le blog suprême après elle : quels ont été tes sentiments quand tu as appris cette merveilleuse nouvelle ?
Je n’en croyais pas mes yeux ! Moi qui te suivais sur le RS de l’autre fou qui se prend pour un empereur martien, je me disais « mon dieu, quelle chance y z’ont d’être interviouvé·e·s par le maître en personne » ! Qui aurait cru que je passerais à la postérité rogerienne, moi aussi ? Je me pince encore.
Comment ? La flagornerie n’est pas de mise ici ? Ah merde...
Si si, la flagornerie fait même partie des figures imposées.
Aaaah ! Gloire à toi ! Ô Maître Roger ! Ta faconde égaye le monde. Prosternons-nous à tes pieds... tiens, tu chausses du combien, au fait ?
41, selon mon fournisseur officiel de mocassins de marque Sioux.
C’est maintenant ton tour d’être soumise à LA question : qui Maître Roger devra-t-il interviewer avec ses bibliothèques après toi ?
Je te recommande une personne qui est la gentillesse même et que j’aime beaucoup et que j’admire : Raphaël Watbled. C’est un auteur avec qui j’ai travaillé quand j’étais la directrice éditoriale chez la gérante qui m’a virée. C’est aussi un correcteur professionnel hors pair - j’ai appris et continue d’apprendre des règles orthogrammatypographiques avec lui ; un véritable puits de science, passionnant. Il fait partie de ces auteurs qui m’ont suivie chez OLNI, et son expertise nous est indispensable. Et en plus de tous ses talents, il dessine très très bien !
Il ne vient pas très souvent sur les RS (Facebook et Instagram), mais je pourrais le prévenir en amont si ma recommandation te convient, Ô maître Roger.
Qu’il en soit ainsi 🙏🏻
Comment ta vie a-t-elle changé depuis que tu connais Maître Roger ?
On se connaît ?
Oui, grâce aux réseaux sociaux, grâce à cette interview, tout ça quoi...
Ah oui, c’est vrai ! J’ai été déconcentrée par un de mes chats - j’en ai trois, un chat (Modjo) et deux chattes (Leïa et Claude) - qui s’est aplati sur mon clavier, d’où cette réponse un peu plate. Pardon.
Ma vie a-t-elle changé depuis que je te connais ? C’est bien, ça la question ? En fait, je n’en sais strictement rien. Qu’est-ce que ma vie ? Qu’est-ce que le changement ? Changement par rapport à quoi, à qui ? Qui est quoi et qu’est-ce donc que ce quoi ?
En fait, la seule chose que je peux affirmer est que j’ai vieilli depuis. Donc, des rides en plus. Des cheveux un peu plus blancs. J’ai même mes sourcils qui sont blancs et j’ai un ami qui m’a dit que c’était très sexy. Ça me va.
Personne ne m’a dit que mes sourcils blanchissants sont sexy, c’est pas juste 😒
Et s’il ne restait qu’une poignée de livres à (re)lire en attendant la fin du monde, lesquels emporterais-tu ?
Mes BD ! Toutes mes BD. Je ne ferais aucune exception !
Et où partirais-tu lire jusqu’à ladite fin dudit monde ?
Dans la forêt, non loin d’un village d’irréductibles Gaulois...
C'était l'interview de Ariane
avant...
après...