Nous nous suivons sur Twitter depuis au moins dix ans, aussi quand son @ est apparu dans une interview précédente, ce fut une évidence. Comment le blog suprême pouvait-il le rester, suprême, sans l'interview de Gabrielle, alias @Mluckygab ?
#monanalyse
le 9 MAI 2021,
L'interview de Gabrielle (@Mluckygab)
Gabrielle, qui es-tu ?
Une éphémère.
Solitaire après avoir croisé trop de gens.
Chanceuse de la vie extraordinaire que j’ai eue.
Des vies devrais-je dire.
Elle commence merveilleusement, cette interview : tu en dis déjà trop et trop peu en quelques mots, nous voulons déjà en savoir plus...
Une vie prise au hasard, par exemple ?
Une vie alors.
Au hasard, celle des folles nuits parisiennes de Montparnasse au Palace...
Montparnasse c’était alors génial. Drôle, authentique encore plus que les Halles qui étaient devenues trop « mode » à mon avis.
Nous étions toujours dans le même carré La Coupole, le Select, La Rotonde, le Dôme Des fêtes à n’en plus finir avec des écarts jusque chez Natacha rue Campagne Premiere ou plus près, chez Dominique alors rue Vavin.
Je ne vais pas faire un guide touristique du Paris disparu mais chez Natacha je croisais Bulle Ogier, Marie-France Pisier à la Rotonde, Jean-Pierre Leaud à la Coupole avec lequel je partageais souvent quelques Chartreuse. Et tant d’autres que j’oublie.
Nous finissions souvent à l’aube épuisés d’alcool, de danse et de rires.
Un souvenir en passant, la Coupole et surtout son Bar Americain.
Il y avait encore une caissière, Henriette, haute en couleur.
Les piliers étaient recouverts de toiles de Van Dongen et autres, tous encrassés par la fumée hésitaient entre le beige sale et le verdâtre.
Nous devions avoir le même teint au petit matin ;)
Quel rôle joues-tu dans l’humaine comédie ?
Je ne sais plus qui a dit « Si vous n’êtes rien, au moins soyez gentils ».
C’est ma nature depuis quelques années, j’arrondis les angles, je mets de l’huile. En revanche si on me marche sur les pieds je pique fort, parfois très fort.
C’est mon rôle actuel, anonyme Je n’ai jamais aimé la célébrité. Pour vivre heureux vivons cachés (et couchés aussi oui)
L’anonymat c’est bien aussi, je confirme (et la parenthèse aussi).
Le 29 juin 2012, tu me mentionnais pour la première fois dans un tweet : « lève les yeux, tu verras le ciel » ; qu’avons-nous vu, ce jour-là ?
Le 29 juin 2012 le ciel était radieux. Tôt le matin d’un bleu roy lumineux et doux et le soir une vraie tranche napolitaine allant du mauve au feu. Je regarde le ciel beaucoup, beaucoup. J’ai la chance d’etre en hauteur et d’avoir une vue incroyable.
Je suis -déjà- au ciel ;)
Si une conscience persiste après notre mort, le ciel sera une des seules choses qui me manquera vraiment.
Un mois avant, ton compte twitter précédent, @MyLuckyGab s’était trouvé bloqué et tu t’étais donc rabattue sur ce compte de secours ; quels changements cette perte a-t-elle causés en toi ?
C’est loin cette histoire, je l’avais oubliée.
Je m’éloigne de + en + de Twitter. C’est devenu n’importe quoi. Un repaire de tocards, de faux bien-pensants, de décérébrés. Mais je me souviens oui de ce 1er compte. Comme j’allais souvent au Liban à l’époque, je présume que c’est pour ça de façon indirecte que Twitter avait suspendu mon compte Histoire d’IP ou genre...
Je me souviens que je n’avais pas pu récupérer plusieurs abonnés que j’aimais bien et à l’époque ça m’avait ennuyée.
Twitter était alors, léger, drôle, fin.
On en est à des années-lumière. Je ne fais maintenant plus attention à qui part ou qui arrive, sauf certains que j’affectionne particulièrement, une dizaine grand maximum.
Et puis les grands absents, surtout Hubert Mounier qui me manque chaque jour
Oui, j’ai profondément ressenti le changement de Twitter, surtout vers 2016 quand les trumpistes et assimilés ont débarqué pour en faire leur tribune de leurs obsessions...
À quoi ressemble la journée type d’une twittette telle que toi ?
Ah mais avec ce cher Covid c’est une version presque infernale.
Je mange. Je dors. Je bosse. Et je recommence.
Heureusement il reste le ciel. Et le Ruinart ;)
Qu’est-ce qui t’a donné envie d’être interviewée dans le blog suprême ?
On m’a invitée et je suis joueuse ;)
Comment ta vie a-t-elle changé depuis que tu connais Maître Roger ?
Je réponds à des questions sur internet dans un petit carré où les lettres se chevauchent. Et tout ça à 2h54.
Ah au fait, où est passé l’horoscope ?
Le légendaire #horoscopesurmesure me prenait de plus en plus de temps, pour ne pas dire tous mes dimanches ; malgré la demande sociétale forte, j’ai dû y mettre un frein. Mais depuis quelques jours, je me suis remis en mode projet pour apporter une réponse adaptée sous une nouvelle forme qui devrait satisfaire toutes les parties. La réunion de lancement aura lieu incessamment.
Et à ce propos, tu n’ignores pas que la publication de ton interview va t’apporter instantanément gloire et renommée mondiale ; es-tu prête à accueillir toutes ces paillettes dans ta vie ?
J’ai déjà bien géré les paillettes et j’adore les vraies. Même pas peur
Où aimerais-tu que Maître Roger t’invitât à dîner quand tu seras célèbre ?
Il y a un restaurant à Vintimille, en bord de mer, où ils servent les meilleures linguines au homard que j’ai jamais mangé. J’y vais dans quelques jours, je peux déjà réserver pour l’invitation ou c’est trop tôt ?
Ce n’est jamais trop tôt, tu peux les appeler pour qu’ils mettent le Ruinart au frais.
Quelle musique as-tu écoutée en répondant à cette interview ?
J’écoute la radio. Souvent France Inter, de plus en plus Culture. Les podcasts la plupart du temps. Pour la musique sur Radio France je suis fan absolue de Djubaka.
Sinon des radios italiennes, du classique (Bach souvent).
Et pendant l’interview ce fut Kiss de Prince, et bien d’autres que j’ai déjà oubliés.
Il est de tradition que l’interviewé•e nomine le ou la prochain•e interviewé•e ; c'est Emmanuel Talayrach qui avait proposé ton nom. Et toi, qui me proposes-tu ?
Ah mais je ne vois que Le Loup phoque !
Un excellent choix, un Twittos avec lequel j’ai plusieurs fois déjeuné ou dîné dans la ville où l’on part se perdre...
Et Guido Crepax, dans tout ça ?
Un grand dessinateur. Italien forcément ;)
C'était l'interview de Gabrielle (@Mluckygab)
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