Antoine, aka « Kiss my glass » sur le Twitter, est un artiste du verre, sis dans le Rouergue, a accepté de répondre aux questions aiguës de Maître Roger, le blogueur suprême. Une interview à lire avant de courir sur sa boutique en ligne acquérir l’une de ses merveilleuses créations.
#monanalyse
le 9 AOUT 2022,
L'interview de Antoine (@Dudentoast)
Pour en savoir plus :
Antoine Rault Sculpture en Pâte de verre
Bonjour Antoine, qui es-tu ? Où vas-tu ?
Bonjour Roger, je suis un être humain d’origine bretonne de 38 hivers, célibataire, et en guise de métier je pratique la sculpture en verre depuis 10 ans. Par contre je ne sais pas où je vais, j’ai emprunté un jour un chemin que je continue de parcourir en sifflotant au gré des détours et des tempêtes. L’important c ‘est le chemin et non la destination, n’est-ce pas ?
Oui, on le dit, c’est important.
Pourquoi le verre plutôt que d’autres matières telles que le bois, le marbre… ?
Le verre est arrivé par hasard dans ma vie, premier arrivé premier servi. Et puis le marbre c’est lourd, pas transparent et on peut pas le faire fondre.
Plus sérieusement, j’ai une fascination pour ce matériau, sa physique improbable, on parle quand même d’un solide qui a une structure moléculaire proche d’un liquide. Son histoire qui commence près de 5000 ans avant JC et dont nous ne savons que peu de choses sur sa découverte. Toutes les possibilités qu’il offre en termes de créations, qu’elles soient artistiques ou techniques. C’est le matériau parfait ou presque.
Il faut d’ailleurs éviter de me lancer sur ce sujet je suis capable de tenir des heures.
Merci pour tes précisions « sérieuses ». Et c’est pas pour le plaisir de pinailler mais ça me semble un peu compliqué de ne pas lancer un artiste du verre sur le sujet du verre. Enfin bon, ce que j’en dis...
Quelle signification donnes-tu à ton pseudo sur Twitter ? « Kiss My Glass », c’est quoi le message ?
C ‘est de l’anglais et cela signifie « Embrasse mon verre », je pensais qu’une personne de votre stature avait un certain niveau en langue étrangère.
Pour ce qui est du message… eh bien je crois que c’est clair non ?
Oui, j’ai un certain niveau, et quand je n’ai pas le niveau Google est mon ami qui m’aide bien. D’où la formulation de la question : « quelle signification donnes-tu ? » (parce que moi j’ai bien mon idée mais ce n’est pas moi qui suis interviewé, n’est-ce pas...)
En effet mais vous attisez m’a curiosité, j’aimerais connaitre votre point de vue.
Pour ce qui est de mon point de vue, j’aime bien l’expression anglaise « you can kiss my ass » que l’on peut employer pour prendre congé de quelqu’un qui n’est pas d’accord avec vous. Et j’ai vu un jour une œuvre réalisée en tube néon et dont le texte était « Kiss my glass ».
Quand il a fallu trouver un pseudo twitter j’ai trouvé ça tout à fait à propos. C’est mon côté insolent. Je reste un adolescent mal sevré.
C’est bien à cette délicieuse expression, proche de notre non moins charmant « parle à mon cul », que je pensais !
J’ai un côté adolescent itou, en vérité. Grandir, c’est pour les vieux.
Qu’est-ce que les réseaux dits sociaux te permettent d’accomplir qui ne serait pas possible sans lesdits réseaux ?
Ma présence sur Twitter est avant tout au sujet de mon travail, il m’arrive bien d’avoir des prises de positions plus ou moins tièdes mais j’ai trouvé sur Twitter un lectorat et un public que je n’aurais pas trouvé ailleurs.
J’espère réussir quotidiennement à apporter un peu de beau et d’originalité sur un réseau social qui peut être très anxiogène. Et cela me permet aussi de vulgariser ma pratique qui n’est pas très courante, même au sein de la famille des travailleurs du verre.
À l’heure où cette interview est menée, ta bio sur Twitter comprend une énigme : tu as peut-être un OnlyFans. Pourquoi « peut-être » ? Qu’est-ce que ton OnlyFans t’apporte ?
C’est un mystère assez mystérieux, je l’appelle d’ailleurs affectueusement le OnlyFans de Schrödinger. Peut-être existe-il, peut-être pas.
Pour l’instant, il ne m’apporte rien vu que personne ne l’a trouvé et donc personne pour s’y abonner, c’est dommage, tout ce contenu érotico-silicieux et personne pour en profiter et me rendre riche.
Oui, je comprends ta déception.
Pour revenir à ton activité strictement silicieuse, qui sont tes clients ? Quelles sont leurs motivations ?
La règle de confidentialité m’empêche de révéler le noms de mes clients, certains sont très célèbres dans leur village et préfèrent rester anonymes.
Ce dont je suis sûr c’est que vous n’en faites pas encore partie, j’espère que ce sera corrigé dans le futur et vous pourrez ainsi m’éclairer sur votre motivation.
Sans trahir le bien légitime secret, il ne me semblait pas impossible que tu connaisses les motivations et plaisirs de tes clients...
Le syndrome de l’imposteur n’étant jamais loin, je dois bien avouer que je ne les ai jamais interrogés sur ce sujet. Je vais donc imaginer que c’est parce que mon travail leurs plaît et qu’ils souhaitent soutenir un jeune artiste.
Ce qui est intéressant, c’est la grande variété qui compose mes clients.
Je vends des œuvres qui sont plutôt onéreuses, j’en suis très conscient. On pourrait donc penser que ma clientèle est composé essentiellement de gens très aisés, mais l’art est une affaire de culture, et d’éducation. Et mon expérience me permet de dire que ce ne sont pas les gens les plus riches qui ont le plus d’éducation et de culture artistique... loin de là. L’art contemporain en est un exemple flagrant.
Donc ma clientèle est assez hétéroclite, avec à la fois des gens qui vivent confortablement et d’autres beaucoup moins mais qui s’offrent ce plaisir. J’essaie de lutter comme je peux contre l’idée que l’art est réservé à une élite, enfin tant qu’on ne désire pas acquérir un Pollock. Une œuvre d’art doit vous communiquer un sentiment, quel qu’il soit. Cela peut être une simple gravure, une petite céramique... ou un Pollock ^^
Quel cadeau feras-tu aux millions de lecteurs du blog suprême qui te rendront visite dans ta boutique à Sauveterre de Rouergue (après qu’ils se seront dûment identifiés par la phrase magique : « j’ai lu votre interview par Maître Roger dans le blog suprême ») ?
Un bon de réduction à utiliser sur mon site, une visite guidée des 50m² de mon atelier et la possibilité de prendre un selfie avec moi. Le montant du bon de réduction sera proportionnel aux offrandes que les gens apporteront.
Quel cadeau feras-tu aux millions de lecteurs du blog suprême qui te rendront visite dans ta boutique à Sauveterre de Rouergue (après qu’ils se seront dûment identifiés par la phrase magique : « j’ai lu votre interview par Maître Roger dans le blog suprême ») ?
Je viens de vous répondre Mr Roger... faites un effort s’il vous plait, mon temps est précieux.
Tssss, sur un autre ton, hein, non mais oh, n’oublions pas que je suis suprême, et c’est « Maître », pas Monsieur Roger 😒
Enfin bref. Poursuivons. Et imaginons (aisément) que Maître Roger est un génie et qu’il te permet d’accomplir 3 vœux : un pour toi, un pour tes clients fidèles, un pour le monde en général.
Quels seront tes 3 vœux ?
Pour moi ce serait de réussir à vivre de mon travail et ainsi obtenir une liberté totale de création sans me poser la question de savoir si cela va plaire ou non.
Pour mes fidèles clients, un petit bonheur quotidien tout au long de leurs vies et différent à chaque fois, comme par exemple se faire offrir un pain au chocolat par la boulangère.
Pour le monde en général... une annihilation rapide et sans douleur de l’espèce humaine qui n’apprend décidément rien de ses erreurs.
Il en sera ainsi. Le temps de nous organiser pour l’annihilation rapide et sans douleur, donc.
Ton interview a été décidée par ma bienveillante suprêmitude suite à une discussion en TL avec @Pr1nceSSConnaSS ; et pourtant, un an plus tôt, la même recommandation n’avait pas été suivie d’effet ; pourquoi dire oui à la gloire en 2022 plutôt qu’en 2021 ?
Je ne me sentais pas encore légitime de faire partie de cette élite. J’aime aussi me faire désirer, c’est important pour un artiste de se faire flatter l’ego. Qui peut se targuer d’avoir été recommandé deux fois par la même personne ?
Peut-être aussi rêvais je de me faire citer par un autre interviewer. Mais je suis ravi que @Pr1nceSSConnass nous aie poussés sous le bus, vous le savez peut-être mais elle est la championne du RT sur mon compte. Un jour il faudra que je la remercie convenablement.
Non je ne savais pas, mais elle a si bon goût que ça ne m’étonne pas.
Et pourquoi une interview seul plutôt qu’en commun avec @EbibiGlass comme imaginé l’année dernière ?
Il est vrai que @Ebibiglass ma très chère consœur et grande prêtresse du #lobbyduverre a lancé ma carrière sur Twitter mais je vole maintenant de mes propres ailes. Et puis elle aurait parlé de son chat, et moi j’en ai pas, sinon j’aurais autant d’abonnées qu’elle évidement....
N’y voyez aucune jalousie mais c’est un fait, les gens qui montrent leur chat, volent toute l’attention à ceux qui n’en ont pas, cela est vrai aussi pour les chiens ou tout autre animal que l’on pourrait qualifier de mignon. Je trouve ça injuste...
Oui, enfin n’oublions pas que j’ai deux chats, hein, il faudrait voir à pas trop m’offenser #monanalyse
À ton tour, qui recommandes-tu pour une prochaine interview dans le blog suprême ?
Je sais que ce ça ne va pas lui plaire et qu’il vous dira qu’il n’est personne mais @DandyParia est un être d’une douceur et d’une poésie infinies, une des très belles rencontres que Twitter m’a offertes. C’est également une personne très modeste ce qui pourra contrebalancer mon ego démesuré.
Il en sera ainsi, @DandyParia sera invité dans le respect de la procédure suprême et de mes délais de procrastination.
Depuis que tu connais Maître Roger, comment ta vie a-t-elle changé ?
La planète brûle et j’ai très chaud mais cela doit être une coïncidence...
Je ne pense pas.
Tu n’ignores pas que la publication de ton interview dans le blog suprême va immédiatement bouleverser ton destin et faire de toi une star internationale du verre mais pas seulement. Des femmes seront nues dans la rue et se jetteront sur toi. Comment te prépares-tu à cette nouvelle vie de star ?
Je ne cours pas après la célébrité mais plutôt après la reconnaissance, je crois que le métier d’artiste qui est le mien est une manière de laisser une trace de son passage. Pour ne pas sombrer dans l’oubli.
Pour ce qui est des femmes nues se jetant sur moi, je ne suis pas sûr d’en avoir envie, je suis une personne timide et facilement impressionnable, je ne saurais pas comment réagir... et puis comment leur accorder à chacune l’attention qui leur est due ? Je ne voudrais pas les vexer.
Un star internationale de ton envergure pourra sans doute les mépriser sans que cela porte à conséquence. Au contraire, même.
Mis à part les questions inspirantes de Maître Roger, qu’as-tu lu dernièrement dont tu aimerais parler aux millions de lecteurs du blog suprême ?
Au printemps j’ai entrepris de lire la saga de « L’assassin royal » de Robin Hobb, cela faisait très longtemps que j’en entendais parler, et par chance la charmante personne qui fréquente de temps à autre ma couche les a tous. Heureux hasard, n’est-ce pas ?
C’est un roman d’heroic fantasy narrant l’histoire de Fitz, un bâtard qui deviendra le bras vengeur de son roi. C’est un récit passionnant où l’on boit énormément. J’en suis au tome 5.
Ah tiens, le monde est tout petit, j’ai commencé à lire ça aussi l’hiver dernier suite à un cadeau, c’est de très bon goût en effet.
Quelle musique as-tu écoutée pour répondre à cette interview ?
Il y en a eu plusieurs, Franck Carter and The Rattle Snakes, que j’ai découvert en regardant les lives du Hell Fest sur Arte. C’est mon groupe de l’été.
J’ai également été accompagné par ma playlist Musique de jeux vidéo.
Et aussi par le dernier album de Jack White
Quelle image choisis-tu pour illustrer ton interview et pourquoi ce choix ?
Une de mes sculptures, évidement, il faut bien que je mange. Et je compte sur les millions de vues de cette interview pour récupérer quelques nouveaux clients...
Et le Rouergue, dans tout ça ?
Ma terre d’adoption pour le moment, je m’y suis installé en 2016 suite à une exposition de mes œuvres. J’habitais alors en Haute Maurienne et je cherchais un nouveau lieu de vie. J’y suis bien pour l’instant.
J’ai longtemps eu la bougeotte, comme si j’avais un besoin de tout remettre à zéro après quelques années. Peut-être également une forme de fuite pour se réinventer ou continuer de se construire. Un ami m’a dit un jour : « De toute façon toi t’es jamais aussi bien que là où tu n’es pas encore ».
Cette phrase m’a marqué.
C'était l'interview de Antoine (@Dudentoast)
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