Est-il encore besoin de présenter Guillaume D. aka @GDeleur, le twittos de référence des enseignes, des chats qui tentent d'échapper au lundi... bref, le petit fils de grand-mère Raymonde ? Non, sûrement non. Toutefois il semblait nécessaire de mieux le connaître et le comprendre, ce qui est maintenant chose faite grâce aux questions aiguës de Maître Roger, blogueur suprême.
#monanalyse
le 25 AOUT 2021,
L'interview de Guillaume D. (@GDeleur)
Pour en savoir plus :
Encore un fripi !
Comment souhaites-tu te présenter aux millions de lecteurs du blog suprême ?
Faisons ça sans chichis ni tralalas : je suis Guillaume D., je fréquente Twitter depuis 2013, je n’ai jamais changé de photo de profil, je n’ai jamais fait mes adieux à Twitter, je suis un peu psychorigide de l’orthographe, je suis venu comme tout le monde ici « pour voir et suivre l’actu » et puis je me retrouve à lire des trucs comme « Mets slip dans un titre de roman de Zola ». Ah oui, sinon, je suis journaliste dans l’ensemble. Et j’ai ici quelques petites rubriques hebdomadaires qui m’aident à me repérer dans le fracas du monde.
Ah oui, je vois de quoi tu parles, même si je joue rarement aux trucs comme « Le slip de l’abbé Mouret ».
Ton bonjour quotidien sur Twitter est considéré par l’expert suprême (moi) comme le sommet du en-même-temps-tisme absolu ; exemple ce jour « bonjour les avant-goûts, bonjour les arrière-pensées ».
Tes « bonjour » ne seraient-ils par une manière subliminale de faire campagne pour Emmanuel Macron ?
Il est de notoriété publique que j’adore Jupiter et tous ses sycophantes, alors oui, je ne peux plus le cacher davantage. C’est très exactement mon but (non).
Est-ce que tu penses qu’un jour la tentative désespérée d’échapper au lundi sera couronnée de succès ?
Tentative (végétale mais désespérée) d’échapper au lundi. pic.twitter.com/sTmXPCruHC
— Guillaume D. (@GDeleur) August 22, 2021
Je pense déjà beaucoup trop alors j’évite de me rajouter des questions auxquelles je n’avais pas pensé jusqu’ici, mais maintenant qu’elle est posée, j’y ai réfléchi : je pense que non, ça ne marchera jamais sauf pour le chat de Schrödinger peut-être, qui échappera au lundi pendant qu’il n’y échappera pas. En même temps.
Je ne relève pas ce « en même temps », bien sûr. Mais je n’en pense pas moins.
Et comme disait Pascal (ou Montaigne ou Voltaire, on ne sait plus trop, en tout cas, c’était un mardi), « Je n’en pense pas moins donc je n’en suis pas plus ».
Ou Descartes. Un mercredi.
Que fais-tu de toutes les photos d’enseignes surannées que les gens t’envoient sur Twitter ?
La France surannée, c’était le bon temps de la solidarité #monanalyse pic.twitter.com/fIVHhVM6Is
— Maître Roger 💉💉 (@maitreroger) August 13, 2020
Celles qui passent au crible de certains critères (qualité, pertinence...) sont postées sur mon compte Instagram, qui me sert d’archivage (les photos sont aussi stockées sur mon ordinateur).
Instagram n’est malheureusement pas un outil très pratique pour retrouver une image déjà passée, alors je dois m’appuyer sur ma mémoire pour éviter les doublons. (Il y avait sans doute mieux à faire niveau archivage, je me doute bien).
J’ai environ 2 600 photos déjà publiées, et j’en ai au moins 200 en attente. On m’a suggéré plusieurs fois d’en faire un livre vu le stock, mais ça se heurte à plein de problèmes (droits, qualité...) que je n’ai pas vraiment encore osé affronter.
Tout récemment, tu as été critiqué par quelque fâcheux à propos de tes photos d’enseignes qui feraient trop « au bon beurre » ou « France profonde ». Tu as un problème intime avec Jean-Pierre Pernaut pour avoir réagi aussi vivement que l’annonce de l’arrêt de cette rubrique pourtant indispensable au Twitter que nous sommes des milliers à aimer ?
Alors disons que ma démarche s’inspire très modestement de celle de Raymond Depardon (la France qu’on ne voit plus, à force de passer devant) que de celle imagedépinalesque de Jean-Pierre Pernaut, alors, oui, ce matin-là, j’ai un peu avalé mon café de travers en lisant ça.
Et vexé comme un pou (oui, les poux se vexent, c’est ainsi), j’ai annoncé sans trop réfléchir que je n’en posterai plus.
Les réactions qui ont suivi m’ont fait comprendre que pas mal de gens aimaient ces photos, cherchaient des devantures et des typos à m’envoyer lors de leurs pérégrinations, qu’ils ne regardaient plus ces boutiques (coiffeurs, boucheries, pressing...) comme avant, que cette « Histoire » modeste et populaire représentait aussi quelque chose pour eux. Alors je réfléchis, depuis (ce qui ne m’arrange pas, j’y passe déjà trop de temps).
PS : comme je disais dans un tweet, oui, je suis ému par les « Cathy Coiffure » avec leurs typos des années 60 ou 70, leurs devantures jaunes, leurs rideaux et leurs géraniums. Il y a des vies, des histoires derrière ces commerces que personne ou presque ne regarde..
Comment fais-tu d’ailleurs pour répondre aux centaines de sollicitations que tu reçois à ce sujet quotidiennement ? Tu as un secrétariat, comme le Père Noël ?
J’aimerais bien être un influenceur, passer en priorité aux caisses des supermarchés et nager dans le champagne et avoir donc moi aussi une agence de marketing de personal branding pour gérer les photos que je reçois (si la question porte bien là-dessus), mais en pratique, non, je fais cuire mes pâtes moi-même et je mets en signets les photos reçues.
La pile est devenue ingérable, de ce fait, mais la vie n’est pas un poney-club, comme disent les Allemands.
Heureuse référence que la rigueur germanique en pareille circonstance.
Puisque tu nous tiens, quelle expression allogène, quel mot oublié et quel zeugme pourrais-tu partager en exclusivité pour les millions de lecteurs du blog suprême ?
Hmm, d’accord, du contenu exclusif, on ne rigole plus.
Alors, puisque je vous tiens, Maître, partageons l’expression roumaine « A împacheta fum în saci » - soit « emballer de la fumée dans des sacs » – pour décrire une action inutile, comme amener de l’eau à la mer, des chouettes à Athènes ou tuer un âne à coups de figues.
Pour les mots oubliés, je vais partir sur un assez imagé « à écorche-cul » qui signifie, outre « glisser en se traînant le derrière » le fait de « réaliser quelque chose à contre-cœur ».
Quant au zeugme, je sèche mon linge et sur une bonne idée, là, tout de suite, désolé (mais il faut dire qu’on n’est pas mardi, et le zeugme, c’est le mardi !)
Merci pour ces cadeaux exclusifs à destination des millions de lecteurs du blog suprême 🙏🏻
« De rien » comme on dit dans le Nord, « avec plaisir » comme on dit dans le Sud.
A part poster des bandes de Tom Gauld sur Twitter, quelles sont tes occupations du samedi soir ?
Le samedi soir, il est amusant — voire plaisant — de poster du Tom Gauld. pic.twitter.com/eb3jbTWp7g
— Guillaume D. (@GDeleur) August 21, 2021
Je réfléchis à un plan pour débarrasser le monde des trottinettes électriques en libre-service, et parfois, quand le temps le permet, je fais des balades à vélo dans Paris sur ma bicyclette allemande bleu-roi, sachant qu’à ce moment-là de la semaine, mes risques de décéder sous les roues d’un SUV sont un peu moindres qu’un autre jour. (Des fois, je lis aussi, ou je tente de finir « The Wire », ce qui n’arrivera jamais, puisqu’il y a environ 112 épisodes d’une heure).
Ah oui, aussi, je pense au roman que je n’écrirai jamais. (Mes samedis soir sont assez denses, en pratique.)
Tu postes chaque jeudi une jolie photo N&B sous le hashtag #jeudiphoto avec en moyenne 58,08 likes (au cours de ce premier semestre 2021) ; or ce sont deux photos postées hors jeudi qui ont obtenu le plus de likes sur la même période, Helen McCrory (835 likes) et grand-mère Raymonde (419) ; c’est vexant pour les jeudis, non ?
Ma grand-mère Raymonde (désormais 93 ans et alors au firmament vers ses 20 printemps), qui aurait pu faire du cinéma. pic.twitter.com/yj5EsNCxAX
— Guillaume D. (@GDeleur) March 7, 2021
Je vais tenter de poster les photos du jeudi le vendredi, on verra si le souci est lié au jeudi ou au fait que ces photos du jeudi n’intéressent pas grand monde (ce qui n’est pas grave en soi, je préfère que ça fasse 30 vrais « cœurs » que 300 faux achetés) (il paraît que des gens font cela, quelle vie).
Moi je n’ai jamais acheté de cœurs, je ne saurais même pas où m’adresser d’ailleurs...
Je tape « acheter des cœurs » sur Google et ça me renvoie vers le site achat-followers.com. Ceci est donc réel.
Merci pour tes informations toujours pertinentes et précises.
Quels sont tes projets pour l’élevage de trolls que tu as rassemblés suite à tes propos positifs sur la vaccination ?
J’envisage de les transformer d’une façon ou d’une autre en poneys et de réaliser ainsi le but ultime de ma présence sur Terre : ouvrir un poney-club. Et l’entrée serait gratuite, bien entendu, pour les gens vaccinés.
Voilà qui est délicieusement sadique.
Ah, je pensais plus « sadiquement délicieux » mais chacun fait à sa mode, comme dit ma grand-mère Raymonde (93 ans, cœur (non acheté sur Internet) sur elle).
Oui, je vais faire à ma mode, comme si j’étais chez moi. Et bien entendu sans offense pour Madame Raymonde.
Tu sais que la publication de ton interview dans le blog suprême va transformer ta vie deux point zéro, tu es déjà célèbre avec ton gros compte mais il va devenir désormais énorme, à plus de 300K, avec plein de fans hystériques et de nouveaux trolls de compagnie malpolis ; comment te prépares-tu à cette nouvelle vie ?
Je suis actuellement une formation spéciale intitulée « Devenez influenceur pour impressionner les mamans et passer en priorité à la caisse du supermarché », on part demain en stage commando pour apprendre à poster nos meilleures photos de Spritz en terrasse, je serai prêt le jour J pour la renommée mondiale (et si possible au niveau de mon quartier).
Je ne suis pas sûr que Jean-Pierre Pernaut approuve ces photos de Spritz... c’est pas un peu risqué un changement de ligne éditoriale aussi violent ?
Je vais voir ce qu’en pense Raymond Depardon, alors.
Où souhaites-tu dîner avec Maître Roger pour célébrer ta nouvelle vie ?
J’ignore si les frites y sont potables et si on peut avoir des œufs mayo en entrée, mais j’avoue que le restaurant qui est sur la Tour Eiffel (le Jules Verne) me botterait assez fortement.
Je consulte mon banquier et je te reviens à ce sujet.
J’espère qu’il saura si les frites sont potables, aussi.
Au prix des frais qu’il me facture, ça serait bien le moins.
C’est Princesse Connasse qui m’a recommandé de t’interviewer.
Comment as-tu accueilli cette recommandation ? Qui, à ton tour, me préconises-tu d’interviewer ?
Alors je suggère le meilleur slip jaune du Twitter, à savoir @dedelajoie (le Boss des balades de gauche dans Montmartre) et Aurore Ponsonnet (@aponsonnet) que sa prof de français appelait, petite, « la statue de la Liberté » parce qu’elle avait toujours le bras levé pour intervenir.
C’est bien noté que pour les deux impétrants qui seront convoqués selon les procédures en usage.
Et c’est bien noté aussi que tu n’as rien ressenti quand tu as été recommandé par Princesse Connasse 😏
Si, une vibration indéniable (en tout bien tout honneur, hein) liée au fait que nous sommes nés, elle et moi, l’exact et très précis même jour du même mois de la même année. C’est ma jumelle du Twitter, en somme.
C’est beau.
Quelle musique as-tu écoutée pour répondre à cette interview ?
« Des chansons qui m’ont fait rire et pleurer » : celles des Smiths.
Ah, au fait, je me rends compte que j’ai oublié une question hyper importante ! C’est quoi ce blog « Encore un fripi ! » ??? 😳
Alors c’est un blog que j’avais ouvert en 2013, et que j’ai alimenté avec tout et n’importe quoi jusqu’en 2018. Depuis, il est un peu en train de rouiller sur pieds (Twitter étant devenu un peu ma plate-forme de publication préférentielle), mais je n’exclus pas de le réalimenter un de ces jours.
Au passage, le fripi est un mot inventé, dans l’esprit du Baleinié (4 petits livres indispensables), le « dictionnaire des tracas du quotidien » qui invente des mots décrivant les petites galères agaçantes de la vie. J’en ai inventé quelques-uns moi-même pour mon blog à lire ici :
(on a le droit à un peu de pub ?) Le fripi, c’est ce « petit bout de papier inutile et abîmé qui ressort en premier à chaque fois que vous videz votre poche de manteau et alors que vous pensiez l’avoir jeté ».
Et tes neveux, dans tout ça ?
Ils ont des pieds désormais beaucoup trop grands à mon goût (on dirait des skis, franchement) et c’est désormais moi qui les supplie de jouer avec moi, tâche qu’ils exécutent avec gentillesse et un voile de pitié qui tapisse leur regard adolescent.
C'était l'interview de Guillaume D. (@GDeleur)
Pour en savoir plus :
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