Sam, dit Chroniconoklast, écrit des billets de blog dits "en marge", ce qui veut bien dire ce que ça veut dire et il a bien raison d'écrire ce qu'il écrit.
#monanalyse
le 24 NOVEMBRE 2021,
L'interview de Sam (@chroniconoklast)
Pour en savoir plus :
En marge - N'IMPORTE QUOI, MAIS SERIEUSEMENT
Bonjour Sam, qui es-tu ? Où vas-tu ?
Si j’étais un pinailleur pénible, j’arguerais que la réponse à la première question est dans une large mesure comprise dans cette dernière. Or il se trouve par le plus grand des hasards que je suis, précisément, un pinailleur pénible.
Grandi dans l’Yonne, installé avec plaisir à Lyon depuis bientôt 8 ans après avoir un peu tourné en France, philanthrope asocial (j’ai foi en l’humanité, mais mes contemporains directs me pèsent), je me voudrais un amuseur caustique en façade mais pas trop méchant en vrai.
Quant à savoir où je vais, je dirais à la plage, si possible.
Philanthrope asocial : j’adore ! L’expression est libre de droits ?
Non, mais je t’accorde bien volontiers une licence.
D’accord, on en discutera les termes à l’occasion.
Ta bio Twitter précise que tu es scribe. C’est une bonne position, ça ? (oui, je sais, cette question est de Goscinny, mais pour une fois que je croise un scribe, je peux bien commettre cet emprunt…)
C’est une situation confortable. Et grâce à Goscinny il me suffit de la mentionner pour être associé à une œuvre de qualité, c’est appréciable.
Ton compte Twitter @chroniconoklast a été créé en novembre 2017 : quelle était ta vie sur les internets avant ? Voire sur les réseaux sociaux ?
J’ai découvert Internet à la fac, avant... pas mal de monde. Et à l’époque où il fallait, montre en main, deux minutes pour charger une image. Pour dire, on pensait alors que ça pouvait rendre les utilisateurs plus intelligents et rapprocher les gens. Ma vie en ligne a donc longtemps consisté à aller chercher tout ce qui pouvait alimenter ma curiosité.
Et puis tout a basculé. Les réseaux sociaux sont apparus, j’ai fini par céder, et à commencer à dire ce que je pensais plutôt qu’à me renseigner.
J’ai longtemps rechigné à venir sur Twitter, je pensais que j’y passerais des heures à regarder défiler un fil en le ponctuant de commentaires qui se voudraient pertinents et narquois, sans doute à tort. Comme j’avais raison...
Ah ? Tu regrettes ?
Non, mais je dois bien reconnaître que j’y crame beaucoup plus de temps que ne le voudrait la raison. Dans un univers parallèle où je n’ai pas sauté le pas, je dois être un guitariste virtuose. Et je suis à l’occasion aussi accro aux notifications que le voulaient les diaboliques concepteurs de l’algorithme.
@chroniconoklast… Un joli @-valise que voilà, d’ailleurs, où l’on retrouve des chroniques, des icônes, un podoclaste, aussi… Peux-tu confirmer mon analyse et développer chacune des composantes de ton @-valise par des développements respectifs en 3 parties ?
Malheureusement, non, je ne peux pas valider l’analyse. C’est la rencontre hasardeuse de chronique et iconoclaste. Même si je réalise maintenant que podoclaste est également tout à fait approprié. Comme quoi le tout est plus grand que la somme des parties.
Donc j’avais raison. Comme d’habitude #monanalyse
Maintenant, analysons en trois mouvements :
Chronique : qui documente l’époque et la ponctue, qui se répète, et qui caractérise les trucs pénibles qui reviennent.
Iconoclaste : qui s’attaque aux images sacrées, qui s’en prend à ce qui est convenu et aux idées reçues, et par extension qui manifeste une tendance compulsive à la contradiction, souvent juste pour le plaisir.
Podoclaste : casse-pied, en conséquence de ce qui précède, c’est moi.
Ton sens de la précision t’honore et force le respect 🙏🏻
Un vrai plaisir de se faire casser les pieds dans ces conditions #monanalyseapprofondie
Attention, on m’encourage à ses risques et périls.
T’inquiète, j’ai l’habitude de ça, aussi.
Tu travailles avec @Padre_Pio (qui du coup a recommandé que tu sois interviewé) : comment vous êtes-vous rencontrés ? Comment est né votre blog En marge ?
Nous nous sommes connus précisément à l’époque où il fallait deux minutes pour charger une image, ce que nous essayions de faire discrètement sur les ordis du centre de doc pendant que personne ne regardait (pendant deux minutes, pas gagné) (non ce n’était pas des fonds de cartes de géo).
On s’est connus à l’IEP de Lyon, sans doute plutôt au café d’en face que dans un amphi. On a même figuré sur la même liste pour les élections du BDE, que nous avons perdues en beauté.
Et puis on s’est perdu de vue.
Et puis on s’est croisé sur un GN (jeu de rôle grandeur nature) organisé par des amis communs alors que ni eux, ni lui, ni moi n’avions idée de l’existence de ce triangle fortuit. Il était costumé en garde du guet, et moi grimé en membre de KISS (c’était un GN assez conceptuel), donc nous avons passé un petit moment à se dire que nous étions convaincus de se connaître, mais infoutus de savoir comment.
Quand ça nous est revenu, on s’est souvenu qu’on avait en commun le goût pour les élucubrations oisives mais formulées avec le plus grand sérieux, une curiosité pour les histoires parallèles, l’appréciation des calembours les plus honteux, et une affinité pour la plume (il avait son blog perso, moi ça me titillait). On a voulu en faire quelque chose.
À l’époque nous appréciions le site américain Cracked, qui traitait justement des sujets sérieux mais de façon humoristique. On leur a proposé quelques idées d’articles, dont ils n’ont pas voulu. Alors on s’est dit qu’on allait faire ça nous-mêmes, et ça a donné « En Marge ». N’importe quoi, mais sérieusement.
(aujourd’hui Cracked est moribond, soit dit en passant ; bien fait pour eux, on leur a donné leur chance)
Quelle belle histoire. Vous avez contacté FR3 pour produire un téléfilm sur vos vies ou tu préfères que je m’en charge ?
Il y a eu un projet, assez avancé, jusqu’à ce que l’un de nous insiste pour que ce soit une comédie musicale. Si tu as des contacts, je serais ravi que tu relances l’idée.
Il en sera ainsi.
Approfondissons le sujet du blog commun. Quelle est ta quête quand tu écris ton billet hebdomadaire dans le blog « En Marge » ?
Sans originalité, j’essaie d’écrire l’article sur lequel je voudrais bien tomber quand je fais semblant de bosser. Mon objectif premier c’est de m’amuser, en creusant un sujet original et en imaginant comment le rendre, pour que les lecteurs en fassent autant. Aussi, reprendre à @Padre_Pio le trophée du plus lamentable jeu de mots, jusqu’à sa prochaine publication.
Et si je peux caser une photo de Jennifer Connelly en illustration, c’est sans doute l’article parfait.
Je ne connais pas cette personne.
Je te la présenterai.
Cool, merci.
Quelle formation est-il nécessaire d’acquérir pour devenir blogueur tel que toi ?
Je devrais dire une formation à la modestie (on ne découvre pas les sujets, on s’appuie sur le travail d’autres avant, et on est au service de l’article), mais je sais pertinemment que je suis loin de l’avoir validée. À mon sens il n’y a pas de formation requise, juste de la curiosité et un peu de rigueur intellectuelle.
Un peu de pratique dactylographique peut aider, cela dit.
En ce centenaire de la naissance de Brassens, quelle est la guerre que tu préfères, toi ?
La guerre picrocholine : ridicule, outrancière, menée avec grandiloquence pour un motif insignifiant et abscons. Sans doute avec du Rhapsody ou Manowar en fond sonore.
J’aime bien la guerre picrocholine, en plus le mot est rigolo. Même si, pour revenir à Goscinny, je préfère la guerre psychologique…
Je ne suis pas armé pour ça.
Tu es en train de vivre, grâce à la recommandation de ton acolyte @Padre_Pio, ton suprême quart d’heure de gloire.
A qui souhaites-tu de connaître pareille félicité grâce à une prochaine interview dans le blog suprême ? (un seul @ autorisé, je serai intraitable)
Je la souhaite à tout le monde, mais je me plie à la condition non négociable : je désigne Juliette Cazes de @lebizarreum1, qui fait un boulot très recommandable et est en outre des plus sympathiques.
Il en sera ainsi, ladite Juliette sera invitée à me contacter en DM pour régler les détails techniques, dans le respect des procédures suprêmes en vigueur et de mes délais de procrastination.
Parlons encore un peu de toi. Ta cravate et ton élégance permanente en TL : on en parle ou c’est tabou ?
(En vrai c’est l’illustration du compte d’En marge, et en encore plus vrai c’est une photo de Jean-Christophe)
Ah. Fichtre.
Je suis une gravure de mode, mais sur Twitter je voudrais pour une fois qu’on m’apprécie pour autre chose que mon physique.
Ah. Bon. D’accord. Voilà voilà.
Depuis que tu connais Maître Roger, comment ta vie a-t-elle changé ?
Moi qui me targue, sans doute à tort, de ne pas trop mal maîtriser le dictionnaire, je réalise avec vertige à quel point mon acception du terme suprême était loin de la stupéfiante plénitude qui m’élève à chaque lecture du Blog Suprême et échange avec son Radieux Créateur.
Tu réussis l’épreuve de cette question traditionnelle avec brio. Et que cent mille fleurs s’épanouissent sur tes chemins.
Je ne doute pas que la Nature se pliera à Ta Volonté.
Tu n’ignores pas que, dès la publication de ton interview dans le blog suprême, tu seras désormais assailli de fans, les femmes seront nues dans la rue et se jetteront sur toi. Comment te prépares-tu à cette nouvelle vie de star ?
Je m’efforce d’appauvrir drastiquement mon vocabulaire et d’oublier la moitié de la grammaire, et je dresse une liste des décisions les plus financièrement catastrophiques possibles.
Ainsi préparé, j’espère voir ma trajectoire vers la célébrité culminer sur les chaînes de la TNT avec une apparition dans (un spot publicitaire pour un traitement contre les flatulences au milieu d’) une émission de téléréalité.
Où souhaites-tu dîner avec Maître Roger quand tu seras une star ?
Je nous inviterais bien au Banzaï Bowl, sur la Sunset Beach d’Oahu, à Hawaï. Je ne connais pas, je ne suis même pas sûr de la qualité de la carte, mais je pense que ça vaut le coup de se poser en terrasse.
Deal.
Mis à part les questions suprêmes de Maître Roger, qu’as-tu lu d’intéressant ces derniers temps ?
Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworski, que je suis certainement le dernier à avoir découvert, et La Petite fabrique de l’inhumanité de Marylin Maeso (qui gagne par ailleurs à être suivie).
Quelle musique as-tu écoutée pour répondre à cette interview ?
Pour me hisser au niveau d’exaltation épique approprié pour l’exercice, j’ai abondamment écouté le, pour le coup suprême, double album Keeper of the Seven Keys d’Helloween. Qui se doit de figurer dans n’importe quelle discothèque idéale, indépendamment de toute prédisposition du propriétaire pour le genre.
M’ouais. On verra. Mon genre, ça reste quand même plus Bach qu’Helloween, a priori.
Quelle image choisis-tu pour illustrer ton interview et pourquoi ce choix ?
Je choisis une représentation de Nabû, dieu mésopotamien de l’écriture et de la connaissance. Nabû chevauche un dragon, détient les tablettes de la destinée sur lesquelles il consigne le sort de chacun, ce qui en fait le saint patron des scribes de l’époque, et il est à ce (juste) titre vénéré comme l’une des figures les plus importantes du panthéon.
Je me revendique prêtre de Nabû, et je milite pour le retour de son culte.
Je pourrais élaborer un laïus verbeux pour souligner le gain que nous aurions collectivement à tirer en nous inspirant d’une époque lointaine où celui qui dispensait le savoir était l’une des divinités les plus révérées de la société, et que ne suivons-nous l’exemple de ces braves Mésopotamiens dont les dieux consignaient la connaissance plutôt que de faire la guerre ou interdire des livres, et gnagnagna, mais c’est surtout un scribe avec une barbe tressée qui chevauche un dragon.
Et la norme ISO 3533 dans tout ça ?
L’aboutissement formel et réglementaire d’une volonté toujours affirmée d’apporter la plus grande satisfaction. Un processus éprouvant mais tellement gratifiant.
Les procédures sont une joie sans cesse renouvelée.
Je vais y réfléchir...
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