Invitée à s'exprimer dans le blog suprême, Diane a négocié un aménagement des modalités de l'interview pour poser elle-même ses questions à Maître Roger. Celui-ci, fidèle à sa réputation de tolérance et d'ouverture d'esprit, l'a accepté.
#monanalyse
le 5 AOUT 2021,
L'interview de Diane en ville (@sydenhamia)
Diane en ville avait été citée par @PamelaChougne2 dans son interview qui espérait en savoir un peu plus sur quelques personnes, dont elle. Pas sûr que Tiphaine en apprenne beaucoup plus puisque Diane a négocié de mener elle-même son interview...
Je te remercie d’avoir accepté de répondre à « notre » interview, malgré ton emploi du temps saturé par les passionnants entretiens que tu mènes avec tes invité(e)s, et le tri fébrile mais nécessaire du courrier du cœur de tes millions de lectrices.
Le « notre » est un nous de majesté bien sûr, et puis même si tu m’as prêté la baguette ça reste ton orchestre, ton site et ton cadre, et je vais veiller à ne pas mettre de miettes partout en passant.
Pour ton lectorat friand d’en savoir plus sur l’homme sous le béret, peux-tu nous dire (soyons dans l’esprit JO) s’il y a une discipline sportive ou un art que tu aurais souhaité maîtriser à un niveau professionnel ?
Ne me remercie pas, et sois la bienvenue en mon blog suprême où je t’accueille dans des conditions inusuelles mais avec bienveillance.
La seule discipline sportive qui me ferait rêver un peu, c’est le marathon, ou celle du cycliste qui gravit le Tourmalet. L’effort solitaire. Le dépassement. Il paraît que ça fait du bien. Mais je n’ai jamais été sportif.
L’art que j’aurais aimé maîtriser ? La musique, comme Bach ou Liszt. Un autre effort solitaire, face au clavier, pour transmettre des émotions.
Sans négliger que la vie voyageuse de rock-star comme celle de Franz Liszt ne m’aurait pas déplu.
« Un effort solitaire face au clavier pour transmettre des émotions », c’est un peu ce que tu fais avec ton blog suprême finalement ? Il y a un échange avec tes hôtes bien sûr mais ça commence par une patiente étude solitaire, et aboutit à des émotions pour tes lecteurs, et les interviewé(e)s je pense...
Oui, nous pourrons en reparler.
Et au fait, toi ? Qu’est-ce qui t’a donné envie de répondre à l’appel du blog suprême ?
J’ai lu l’interview de Tiphaine (@PamelaChougne2) bien sûr, et enchaîné avec ta page de Mentions légales (tout à fait délicieuse), la page de présentation du blog suprême et quelques autres interviews pour commencer.
J’ai trouvé qu’au final on en savait très peu sur le Maître des lieux, alors que...
... Quand on soigne autant une page que, statistiquement, presque personne ne va lire (les Mentions légales), c’est qu’on est attentif aux détails invisibles, ce qui éveille toujours ma curiosité.
(J’ai été marquée par cette citation en tête d’un des chapitres du Monde des Ā : « Aux jours primitifs de l’art on donnait un soin jaloux aux détails qu’on ne peut voir, car les dieux ont l’œil partout.» Même sans notion de dieux, je suis sensible à l’idée du soin donné aux petites choses, celles dont on ne rend compte qu’à soi-même la plupart du temps. C’est pour ça que j’aime autant les colophons des livres de @editionsmtl d’ailleurs et les livres de @poetry_weekend - fin de cette longue parenthèse).
... alors qu’il me semble que les intervieweurs ont toujours des choses intéressantes à raconter, qu’on n’a pas l’occasion d’entendre, parce qu’on s’habitue à les voir à la place qu’ils ont choisie d’occuper en tendant le micro.
J’avais envie d’en savoir davantage sur toi, et les interviews que j’avais lues me laissaient penser que tu ouvrais dans ton blog suprême un espace de véritable échange (tu joues le jeu pourrait-on dire, avec ceux qui font de même).
Revenons à tes aptitudes, non sportives... laquelle t’apporte le plus de joie ?
Lire et écrire.
Selon certains j’ai des talents en la matière.
Dommage que je ne les exploite pas à titre professionnel... mais c’est peut-être justement parce qu’il n’y a pas d’obligation professionnelle que la joie demeure.
Ou peut-être que la bonne occasion ne s’est pas encore présentée ? Si je ne me trompe pas tu comptes bien vivre 120 ans comme Moïse donc tu n’aurais même pas encore fait la moitié du chemin...
Ah bravo, je vois que tu as lu attentivement ma lecture de Delphine Horvilleur.
Si tu devais décider de te lancer, à titre professionnel, tu aurais envie d’écrire quel genre de choses ? Plutôt de la fiction ? Ou pas ?
J’ai écrit beaucoup de choses dans ma vie, sur beaucoup de supports, même des lettres parfaitement surannées sur du papier puisque j’ai la chance d’être né avant les internets. J’ai aussi déjà écrit de la fiction, dont une publiée sous un pseudonyme qui restera mystérieux.
Je n’exclus pas de récidiver. Ou non. Comme tu le dis, l’occasion se présentera. Ou non.
Tu es né (comme chacun sait) le 8 mai (jour, comme chacun le sait moins, de la Saint Désiré).
De ce fait et pour 1 lecteur fébrile sur 4 féru d’astrologie, tu personnifies l’étape du cycle de l’existence où l’idée pure s’incarne dans la matière (ça se pose là).
Comment vis-tu cela toi qui, par #tonanalyse, amène effectivement les twitto(a)s qui jouent le jeu de tes interviews à se manifester au-delà de leur personnage public ?
Bon bon bon... pas sûr de bien comprendre la question parce que, pour tout avouer, cette idée pure qui s’incarne dans la matière m’évoque plutôt des images cochonnes, et je ne pense pas que ce soit ton but.
Et toi, sinon, tu la vis comment, l’idée pure de la matière dans tout ça ?
La question était très alambiquée, c’est vrai, mais bon les images cochonnes ça fonctionne aussi. Le sexe reste une des façons dont nous essayons avec plus ou moins de succès de mettre en éveil notre pauvre matière. De façon générale on est tous là, à bramer et s’agiter autour d’idées plus ou moins pures qui nous semblent constitutives de notre être, alors qu’on reste aussi de petits tas de bizarre matière organique, dont les idéaux sont soumis à des trucs aussi terre-à-terre que nos hormones ou notre état de santé (ah tiens je recommande au passage le blog de @qffwffq).
Pour répondre à ta question, certaines heures je me désole que nous soyons limités par notre matière (dont les faiblesses restreignent nos capacités d’interaction efficace avec les autres et avec le monde) et certaines heures je me réjouis de la chance que nous avons d’avoir notre matière (jouissante, dotée de sens, et même souffrante) qui nous permet d’interagir avec les autres et avec le monde.
Si tu le veux bien, poursuivons cet échange prometteur sur les choses du sexe en DM : certaines performances doivent rester secrètes si je ne veux devoir ouvrir un nouveau poste dans mon secrétariat déjà débordé qui trie le courrier.
Es-tu surpris si je te dis que les interviews que tu as réalisées depuis le mois de mars représentent déjà plus de dix heures de lecture (pour peu qu’on les lise intégralement et qu’on suive quelques-uns des liens qui s’y trouvent) ?
Non, je ne suis pas surpris, j’aime les chiffres et je te remercie d’avoir réalisé ce petit comptage pour moi.
À noter que ce chiffre est appelé à s’élever encore au vu du nombre d’interviews programmées et dont j’essaie de combler le retard pendant cet été pluvieux.
Et puisque tu as compté, c’est que tu as tout lu. Alors ? Heureuse ?
Alors oui, vraiment c’était très bon, merci de demander. Je connaissais certains de tes hôtes (même sans être abonnée à leurs comptes, ils sont dans mes très nombreuses listes) mais je ne les connaissais pas – autant. Et j’ai découvert avec curiosité et intérêt de nouvelles personnes.
Je vais, évidemment, lire toutes les prochaines interviews que j’attends avec un plaisir anticipé.
Je comprends ton plaisir #monanalyse
À part Saint Désiré bien sûr, existe-t-il un personnage de fiction ou une personnalité de non-fiction dont tu sentes particulièrement proche ?
Quand j’étais étudiant, j’avais répondu Edmond Dantès à la question sur ce sujet dans le questionnaire de Proust. J’aimais bien l’idée d’un homme qui a la patience d’attendre le bon moment, pendant des années. J’aime toujours cette idée mais je ne crois pas que je citerais encore Edmond Dantès si je devais maintenant répondre à nouveau à Proust. Ou à tes questions.
Je me demande si finalement je ne vais pas choisir désormais d’être moi. En toute vanité. Un moi cohérent, toujours patient, aimable, qui apporte quelque chose d’utile à l’humaine condition. Un moi souriant à la vie.
Ce qui, du coup, me renvoie à un personnage dont je ne sais s’il est de fiction ou de non fiction (les deux thèses s’affrontent depuis deux mille ans) mais les gens vont encore dire que j’exagère en me comparant au Christ.
Excellent choix, si je peux me permettre. Pour le reste nous sommes tous à la fois de la fiction et de la non-fiction, du coup hop, réconciliation des thèses, question réglée et fin de 2 000 ans d’incertitudes.
Voilà, c’était pourtant simple. J’espère que cette Bonne Nouvelle sera relayée dans les meilleurs délais au plus grand nombre par les autorités compétentes.
Depuis le début de l’année civile, tu as déjà lancé un #DartyGate, un #LBPgate et tu as même apostrophé directement la mort dans des termes plutôt injurieux (<3).
Bonjour le Twitter, avant la revue de presse quotidienne, je vais vous raconter la jolie histoire du lave vaisselle de ma môman et de la manière élégante (spoiler : non) et respectueuse (spoiler : non plus) @Darty_SAV @Darty_Officiel a traité l’affaire #thread ⤵️ pic.twitter.com/HCjnrF9OQq
— Maître Roger 💉💉 (@maitreroger) February 25, 2021
As-tu l’intention de t’en prendre à d’autres idoles du troisième âge, avec un #DamartGate ou un #BlanchePorteGate, ou va-t-on pouvoir finir l’année sans autres remises en question majeure de nos valeurs sûres ?
Je n’ai aucune intention et ne peux donc répondre à ta question : je ne maîtrise ni les conneries des services clients qui nous affligent, ni les décisions abruptes de la mort.
Je ne supporte pas l’injustice en général et les gens injustes. Dans les deux #xxxGate que tu cites, j’ai réagi par rapport à des abus de faiblesse caractérisés, et par rapport à un service client débile (mais je plains sincèrement les personnes qui travaillent dans ces services clients et sont dépassées par un système déshumanisé).
C’est idiot à dire, mais la mort d’un ami qui venait d’avoir 60 ans, je trouve ça injuste (même si son mode de vie le plaçait du côté écourté des statistiques de survie). Bref, on n’avait pas eu le temps de se dire au revoir, ni même d’envisager qu’il en soit ainsi : j’ai trouvé ça injuste.
Tu me retrouveras dans ce rôle du chevalier des #quelquechoseGate si cela doit se reproduire. Je ne sais ni où ni quand, mais il est certain que ça se reproduira car le monde est ainsi fait.
En réalité tu as parfaitement répondu à ma question et je t’en remercie.
Oui, je sais, je suis parfait, on me le dit souvent #monautoanalyse
Même quand tu lances des #Gate tu sembles toujours extrêmement calme. Est-ce un des effets de l’enseignement de Yoda ?
S’énerver n’apporte rien de positif à l’espèce. Oui, j’essaie de rester calme, même face à l’absurdité d’un process foireux de relation client.
Je n’ai pas toujours été calme et en vérité je peux être nerveux, surtout quand je vais m’exprimer en public. Ma coiffeuse me l’a fait remarquer : elle était spectatrice, fin juin, d’une de mes prises de parole, et elle m’a dit ensuite « mais Roger arrête de bouger ta jambe, ce que tu peux être nerveux et agité ! »
Je lui ai simplement répondu (pendant qu’elle procédait à mes soins capillaires) : « oui, mais j’ai dit tout ce que j’avais à dire, sans insulter personne ». Et pourtant il y avait de quoi, ce jour-là.
« Par la lenteur à la colère on fléchit un prince, et une langue douce peut briser des os. » (Ce doit être un des Proverbes, ta réponse me l’a remis en tête).
Je confirme que c’est dans le Proverbe 25, verset 15.
J’aime cette façon de dire «ça n’apporte rien de positif à l’espèce », parce que ça colle avec mon obsession de la causalité dans les relations humaines (la responsabilité de l’impact de la parole et des actes). Je ne sais pas si c’est ça, l’idée qui est derrière ta réponse / qui est derrière ta volonté de rester calme.
En toute vanité une fois de plus, j’ai dépassé le stade de la volonté de rester calme.
Oui, la colère peut avoir un grand impact, fort négatif je crois le plus souvent (même la « saine colère » dont certains me rebattent les oreilles).
Le silence aussi peut avoir un impact fort.
À nous de veiller à trouver le bon équilibre... dans le calme.
En ayant ta propre interview publiée dans ton blog suprême, tu vas nécessairement connaître un succès décuplé car tes lectrices te trouveront (évidemment) encore plus fascinant qu’auparavant. Es-tu prêt à connaître à ton tour ce changement de vie qu’ont affronté tous tes invités ? As-tu prévu quelque chose de particulier pour y faire face dignement (ou indignement) ?
Je suis déjà suprême, je ne peux faire mieux selon moi.
Mais au cas où quelque chose d’encore plus extraordinaire devait se produire, j’ai réservé quelques jours sur la route du Tourmalet, histoire de prendre autant de hauteur que nécessaire pour affronter cette nouvelle vie.
Quant à ce que je ferai de particulier vers La Mongie, la dignité de ce blog m’interdit de l’évoquer plus précisément.
C’est bien normal, et des espions seront comme il se doit dépêchés sur place pour rendre compte (dans un blog moins suprême, forcément, de type presse people ou quelque chose comme ça).
Qu’ils viennent me chercher 😏
Si tu devais faire un repas idéal pour célébrer tes derniers moments de relatif anonymat, avant que la Gloire ne t’oblige à te faire livrer tous les jours des repas chics dans une tour d’ivoire, à quoi ressemblerait ce repas idéal, et où ?
Deux possibilités.
Mon QG, sis dans le quartier des Chartrons à Bordeaux, où le patron et les serveurs me disent réellement « bonjour Roger ! » (c’est un pseudo mais ils m’appellent Roger quand même)
Je n’y suis pas retourné depuis trop longtemps à cause des confinements et de mon décalage professionnel récent en région parisienne mais je sais que nous y mangerons et boirons bien, avec des amis qui prendront soin de nous. J’y ai déjà dîné avec des twittos de confiance qui pourront témoigner, @avokatoptimist l’a évoqué dans son interview.
Deuxième solution : mon deuxième QG, dans mon village où, sans prétention, j’ai grande réputation mais où l’on ne m’appelle pas Roger. Enfin, elle dépend des gens, bien sûr, ma réputation. Beaucoup de gens me connaissent, les flics me saluent comme un des leurs. Et dans ce merveilleux petit restaurant, nous aurons une planche avec des terrines maison, charcuteries et cornichons, arrosé d’un bon vin non prétentieux des environs, pour patienter pendant la cuisson de la côte de bœuf. Entre autres plaisirs. A la bonne franquette, en toute amitié.
En synthèse : comme pour le dernier repas de Brel, je veux qu’on s’aime, dans des restaurants où l’on mange simplement mais bien, d’où l’on sort rassasié et pas vraiment en état de conduire la Sainte Volvo. Et où les amis sont autant à table qu’au service.
Ça ressemble à l’idée qu’on peut se faire de toi à travers ton compte et ton blog...
Il y a des questions habituelles que tu poses à tous tes interviewé(e)s. De ton côté de l’écran, y a-t-il d’autres rites (hors du cadre de ces questions) que tu suis pour te mettre en condition quand tu réalises une interview (et sortir de la procrastination) ?
Des rites, pas vraiment. Je n’appellerai pas ça ainsi.
Ce que je fais avant une interview, c’est de découvrir les gens. Dans #monanalyse j’ai interviewé des twittos que je connaissais mal, voire pas du tout quelques jours avant. Par exemple Michel Goya : on ne se connaissait pas du tout, je ne connais rien au monde des armées, et j’ai aimé le découvrir et parler avec lui.
Préparer une interview, c’est prendre le temps de remonter une TL, être attentif aux liens postés, aux threads, lire les blogs quand il y en a (de plus en plus rare, ça ; le concept des interviews dans feu mon web-journal satirique de 1999 à 2019 c’était d’interroger des blogueurs... ce n’est plus possible aujourd’hui).
Il m’est même arrivé de lire des livres juste pour préparer une interview : je l’ai fait tout récemment pour Christophe Korell.
Réaliser une interview c’est d’abord écouter. 80% d’écoute, 20% de dialogue pour écouter encore.
Les « questions habituelles » sont là pour donner un repère. Si je ne demande pas « comment ta vie a changé depuis que tu connais Maître Roger ? » ce n’est plus mon interview, ça pourrait être celle de n’importe qui.
Et d’ailleurs, toi-même, depuis que tu connais Maître Roger ?...
Eh bien déjà plus de dix heures de lectures particulièrement vivantes la plupart du temps, c’était du temps bien utilisé. Outre quelques livres commandés pour aller plus loin, et la perspective de beaucoup de découvertes encore...
D’une façon plus personnelle je suis touchée par ta franchise.
Tu avais de multiples possibilités pour répondre à ces questions, et tu as choisi de faire ce que sans doute tu espères de tes hôtes, à savoir un minimum de tours de passe-passe :)
C’est un de ces précieux échanges que j’affectionne, et je te remercie d’en avoir créé l’espace, et du temps donné.
Plaisir d’offrir, comme je dis toujours 🙏🏻
C'était l'interview de Diane en ville (@sydenhamia)
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