Pour la dernière interview du blog suprême, l'Histoire des internets retiendra que c'est le producteur de l'émission Mauvais Genres, sur France Culture, qui a répondu à l'appel de Maître Roger. Bravo à lui et bonne route aux millions de lecteurs du blog suprême désormais orphelins.
#monanalyse
le 1er OCTOBRE 2023,
L'interview de François Angelier (@frangeliers)
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Bonjour François, qui es-tu ? D’où viens-tu ?
François Angelier, 65 ans, catholique bernanosien et montreur d’ombres, entre freaks et mystique, lyonnais de cœur, enfance normande
Permets-moi de te confier ma grande timidité puisque tu es un interviewé doté d’une fiche Wikipédia, ce qui est rare : avant toi, il n’y eut que Michel Goya, Éric Morain, Jean Michelin, Thierry Vimal… Mais tu es surtout le premier producteur à France Culture que j’interviewe, et ça c’est encore plus intimidant. Pourquoi avoir accepté une interview dans le si humble et méconnu blog suprême, lu et réputé auprès de ses millions de lecteurs imaginaires ?
Ma foi l’adoubement du camarade Rouyer a suffi pour tenter l’aventure. Peu importe le poids média, il n’y a que l’humilité qui compte
Ah oui, l’humilité... on m’en a parlé souvent, de ça… il faudra que je m’y intéresse, un jour.
Parlons plutôt de ton parcours : comment es-tu devenu producteur à France Culture ? Il y a un cursus honorum pour ça ?
Non, aucun ! Chacun a sa manière d’investir l’endroit. J’ai vite vu que là était la résolution de mes deux vocations : le théâtre et la bibliothèque, mettre en scène les idées, dramatiser les textes, France Culture est là pour ça
Au fait, j’ai une question de la part d’un ami : comment devient-on chroniqueur dans ton émission sur France Culture ?
Là, c’est au feeling, il faut avoir les trois cartes dans la manche : érudition, vision et éloquence, et puis surtout une chimère qui vous ronge la nuque.
Mais ça doit être drôlement douloureux, ça 😱
Tu es connu du grand public pour ton émission « Mauvais genre » sur France Culture et pour ta participation au « Cercle » de Canal+... mais tu es aussi écrivain, essayiste, membre du Conseil d’administration de la Société Paul Claudel (Paul Claudel, j’ai bien dit !)...
Quelle est ta méthode secrète pour concilier toutes ces vies avec tant de succès ? Le Miracle Morning ? Autre chose ?
Pour moi rien de cela n’est contradictoire. Je cite toujours la phrase de Breton qui disait que le surréalisme était ce point de l’esprit où le haut et le bas, la nuit et le jour cessaient d’être perçus contradictoirement.
Je fais tout pour me maintenir sur ce point où Claudel et Kenneth Anger vont bras dessus bras dessous c’est un peu le règne des fins et le Paradis
En vérité, je ne voyais rien de contradictoire dans tout cela. Qui suis-je pour voir la contradiction ? (Bon, c’est vrai, Paul Claudel, ça m’a surpris mais non au point de songer à une contradiction...)
Au fait, c’est quoi, pour toi, un « mauvais genre » ?
Une œuvre ou une personne d’où rayonne aussitôt une sentiment d’urgence et d’angoisse, le mauvais genre est une sorte d’extase négative. L’intensité varie.
Heureux le blogueur suprême qui reçoit tes paraboles 🙏🏻
Le mauvais genre d’aujourd’hui peut-il devenir le genre tendance de demain ?
C’est le cas et le danger : la marchandisation des marges qui du coup deviennent produit sans risque, objet de consommation. Mais c’est la moraline qui est le danger. Toujours repousser les limites.
La moraline atteint-elle France Culture ? Ton émission reçoit-elle un courrier des lecteurs courroucés par ses mauvais choix ?
Absolument pas, au contraire des demandes de précisions ou des conseils de programme, ou des précisions sur la musique.
Qu’est-ce que les réseaux dits sociaux, par exemple X anciennement Twitter, ont changé à ta pratique journalistique ?
Pas grand-chose et tout. Changer dans le fond : rien. Mais accélérer l’information oui, accentuer le périmètre et améliorer la circulation.
Sinon on a le Twitter qu’on souhaite, j’y trouve plus des informations bibliographiques que des chats mangeant des pizzas. Il faut veiller à créer son club et ses pairs.
Depuis que tu connais Maître Roger, comment ta vie a-t-elle changé ?
La preuve.
Tu n’ignores pas que la publication de ton interview dans le blog suprême va profondément changer ta vie, par exemple des femmes seront nues et se jetteront sur toi dans la rue. Comment te prépares-tu à ces nouvelles modalités existentielles ?
C’est déjà le cas. Les nouvelles venues devront prendre un ticket d’attente comme à la Sécu. Courage les filles !
C’est @philippe_rouyer qui avait recommandé que tu sois interviewé, après lui, dans le blog suprême. Quels ont été tes sentiments quand tu as appris cette nouvelle ?
Ravi, j’aime ce type de transmission fraternelle et puis j’ai découvert Maître Roger.
Je fais mien ton ravissement.
Hormis les questions inspirantes de Maître Roger, qu’as-tu lu de particulièrement marquant ces derniers jours ?
« Une cathédrale à soi » de James Lee Burke, thriller louisianais apocalyptique.
C’est quel genre de littérature, ça ?
Thriller sudiste, testostérone et Saint-Esprit.
Ah, je vais lire de ça.
Quelle musique as-tu écoutée pour répondre à cette interview ?
Nick Cave.
Ah, encore un truc moderne que je ne connais pas.
Et Paul Claudel, dans tout ça ? Bon ou mauvais genre ?
Beaucoup plus mauvais qu’on ne pense, sa santé effrayante est un pure scandale !
C'était l'interview de François Angelier (@frangeliers)
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