La librairie Gourmande est connue du promeneur parisien comme du professionnel qui arpente la rue Montmartre. Sa propriétaire, Déborah, nous en parle avec gourmandise, et révèle à Maître Roger des légumes jusqu'à présent inconnus de lui.
#monanalyse
le 2 NOVEMBRE 2021,
L'interview de Libraire gourmande (@Debo_Libgourman)
Pour en savoir plus :
Librairie Gourmande - Librairie Gourmande
Bonjour Déborah (tu permets que je t’appelle Déborah ?). Qui es-tu ? Où vas-tu ?
Bonjour Maître Roger, 9 ans de droit, le reste de travers, je suis une erreur de casting qui prouve que le droit mène à tout à condition d’en sortir.
Tu te définis comme le « poil à gratter de la Librairie Gourmande » : en quoi cela consiste-t-il ? Quelles sont exactement tes tâches qui grattent au quotidien ?
Être une femme dans un monde d’hommes ça ne peut que gratter. Je me rends compte d’ailleurs que ça démange de plus en plus vite, et que je gratte de plus en plus fort.
La Librairie Gourmande a été créée en 1985 : par qui ?
Un couple de bouquinistes (Geneviève et Marcel Baudon), partis à la retraire en 2002. Ils n’ont pas trouvé de repreneur donc la richissime américaine vivant au-dessus a décidé de racheter pour que cette institution ne ferme pas. (La boutique était à cette époque rue Dante dans le 5ème)
Où étais-tu à cette lointaine époque de 1985 où, déjà, Maître Roger arpentait les rues de Paris en son adolescence boutonneuse et passait devant ladite librairie lorsqu’il marchait de la sortie du RER B jusqu’au café du Croissant pour se recueillir ?
Comme m’a dit la fille des fondateurs après que j’ai racheté le fonds de commerce, à cette époque je ne savais pas encore faire du vélo (elle a donc rajouté que la Librairie n’avait pas besoin de moi).(la librairie n’était donc pas rue Montmartre, elle n’est arrivée là qu’avec mon rachat en février 2007)
Ah. Donc je n’ai pas pu passer devant la librairie rue Montmartre, c’est clair. Ou alors dans une faille temporelle 🤔
C’est l’avantage de Paris, on s’y perd facilement. La librairie était rue Dante, c’est peut-être la porte des Enfers qui t’a happé !
Je vais étudier cette éventualité.
Tu es la deuxième chroniqueuse de « On va déguster » que j’interviewe, après Éric Morain, et je n’ai toujours pas été invité à y exposer mes théories très modernes, pour ne pas dire disruptives, de #laCuisinedeRoger.
Éric a révélé comment il est devenu chroniqueur du dimanche.
Et toi ? Comment es-tu entrée dans le Saint des Saints ?
J’ai été d’abord invitée à l’émission pour des débats avec trois invités (en octobre 2014 et février 15). Les débats s’étaient je pense bien passés, et ils ont trouvé que je ferai une bonne chroniqueuse (qui respecte les autres intervenants du plateau, joue collectif...) pour remplacer Elvira Masson un dimanche par mois.
Ah oui, il faut jouer collectif : c’est beau, le service public #monanalyse
#monanalyse est que certains chroniqueurs vins tiennent le micro aussi bien que la bouteille, et y passent donc 8 minutes là où 4 sont prévues
C’est mal 😒
A quoi ressemblent les cookies et boulettes de nos rêves ?
Le cookie est épais, moelleux, et chocolaté. Le genre de petit plaisir qui fait dire huuuummmmm.
Les boulettes sont à la viande et à la sauce tomate, c’est le plat réconfortant par excellence.
Je peux venir jusqu’à quelle heure ?
J’ai toujours des boulettes et des cookies d’avance au congélateur ! C’est très table ouverte chez moi avec mes ados et leurs copains.
Ok, j’arrive.
Admettons (aisément) que Maître Roger est un génie et qu’il te permet d’exaucer un vœu : lequel sera-ce ?
Très égoïstement, que je continue à m’amuser de la vie.
Sage souhait.
Et de manière plus humaniste, réduire les inégalités.
Il est beau ton humanisme. Qu’il en soit ainsi 🙏🏻
So say we all.
Quel est le dernier plat que tu as cuisiné ?
Un gratin de chayotte car j’en avais eu il y a deux semaines dans mon panier de légumes des Vergers Saint Eustache et je ne pouvais plus reculer, il FALLAIT que je les cuisine (et je n’avais aucune idée de quoi faire de ces chayottes)
Ah je n’ai jamais mangé de ce légume-là. C’était goûtu ?
Absolument pas, c’est « wasserique » (plein de flotte) comme aurait dit mon grand-père. Faut donc bien assaisonner avec ail, oignon, épices, persil, cheddar... voire une béchamel !
Bon bon bon 🤢
Ton @ était déjà apparu dans le blog suprême quand j’ai interviewé Athen Avocat. Un de ses tweets montrait sans ambiguïté que tu l’as soutenue lors de la #MugWar.
Pourquoi avoir pris parti à ce moment-là ? Et pourquoi avoir choisi le camp d’Athen ?
Team bouclettes + mardi pâtisseries, je ne pouvais que la choisir elle !
Je ne connaissais pas la solidarité de la Team bouclettes. C’est chouette les interviews du blog suprême, j’apprends plein de trucs.
Disons que de la team bouclettes à la team frisotti il n’y a qu’un peu d’humidité dans l’air... donc une solidarité sans faille !
Ton interview a été recommandée par Maître Cyno qui te classe dans les personnes « drôles, entières, vraies ». Quels ont été tes sentiments quand tu as lu cette recommandation ? En quoi ces qualificatifs élogieux sont-ils pertinents ?
Que tout est question de point de vue, d’autres auraient dit « moqueuse, rigide, casse-couilles » pour qualifier les mêmes propos ou actes de ma part.
Je préfère le point de vue de Cyno, j’évite les casse-couilles autant que possible.
À ton tour, qui souhaites-tu recommander pour une prochaine interview dans le blog suprême ?
@AvoKalif pour une pluie de lecture, bonne bouffe et chat fluffy
L’invitation sera transmise, dans le respect des procédures du blog suprême et de mes délais de procrastination.
Depuis que tu connais Maître Roger, comment ta vie a-t-elle changé ?
J’ai l’impression d’être dans une boucle twittesque d’esprits fins
Ce n’est pas une impression #monanalyse
Tu n’ignores pas que la publication de ton interview dans le blog suprême va bouleverser ton destin, la librairie gourmande sera envahie par les milliers de fans qui voudront y recevoir tes conseils. Comment vas-tu te préparer à cette nouvelle vie de star ?
Tant que je peux continuer à partager ici les plus belles perles de clients / lecteurs, ça me va !
Ça devrait le faire puisque tu seras une star.
Où souhaites-tu que Maître Roger t’invite à dîner quand tu seras une star et on mange quoi ? Et on boit quoi, aussi ?
Des huîtres et du vin blanc en bord de mer (je crois que j’ai besoin de vacances)
Ça doit pouvoir se faire, j’ai ça pas loin de mon territoire girondin. En fait de mer, ça sera le bassin d’Arcachon. Ok pour toi ?
Ravie, j’y ai passé mon enfance, sur Arès (donc les pieds dans la vase, à aller récolter des huîtres sauvages dans les parcs désaffectés à marée basse).
Parfait, mon territoire girondin est à un saut de voie rapide d’Arès.
Mis à part les questions géniales de Maître Roger, qu’as-tu lu de particulièrement marquant ces derniers temps ?
Problème de mon métier, je lis trop, trop vite, et pas forcément toujours de très bonnes choses. La lecture plaisir n’est plus une évidence malheureusement. Ma PAL (pile à lire) déborde d’essais féministes, de management, et de cuisine.
Donc je dirai la phrase de Balzac mentionnée à la fin du film Illusions Perdues : « Je pense à ceux qui doivent en eux trouver quelque chose après le désenchantement. » (ce qui boucle d’ailleurs avec mon vœux de toujours réussir à m’amuser de la vie)
Oui, pensons à eux.
Quelle musique as-tu écoutée en répondant à cette interview ?
La folle cavalcade des gosses du dessous qui ne savent pas ce que marcher veut dire.
Quelle image choisis-tu pour illustrer ton interview ?
Une gravure de Grandville datant des années 1830, de la série de la Carte vivante du restaurateur, qui me fait hurler de rire avec le trait incisif, l’humour féroce (peut être le boeuf à la mode et la caille). D’ailleurs j’en ai racheté 8 et les ai faites encadrer pour chez moi.
C’est bête mais ce genre d’esprit me fait hurler de rire. C’est d’ailleurs ça que j’apprécie sur Twitter, ce côté esprit fin, salon littéraire des Lumières en version 2.0
Et la rue Montmartre, dans tout ça ?
C’était une évidence quand j’ai racheté le fonds et voulu le déménager car le local était trop petit. La rue des professionnels de la gastronomie de Saint Eustache jusqu’à la Librairie.
Mais j’aime aussi me dire que ce fut un haut lieu de la presse de la Librairie jusqu’au boulevard (avec les sièges de journaux : Le Figaro, l’Humanité, La France, l’Aurore) et d’Histoire (le J’Accuse de Zola y fut imprimé, Jaurès assassiné...).
Et qu’à ma toute petite mesure la Librairie (en plein milieu de la rue) signe ce mariage entre la cuisine et les lettres.
C'était l'interview de Libraire gourmande (@Debo_Libgourman)
Pour en savoir plus :
Librairie Gourmande - Librairie Gourmande
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