Elle enseigne le russe, écrit des livres sur Dostoïevski, parle de ses passions, de ses lectures, de la musique... que pourrions-nous espérer que cette interview menée avec brio par Maître Roger, brillamment secondé à titre exceptionnel par @Avocatine, la plus célèbre des franco-rousses.
#monanalyse
le 30 MARS 2022,
L'interview de Marguerite Souchon (@MargueriteScc)
Bonjour Marguerite, qui es-tu ? Où vas-tu ?
Bonjour Roger, je suis prof de russe, épouse dévouée, maman d’un bébé d’un an, auteur de deux livres sur Dostoïevski, ancienne tenancière d’une boutique Etsy de couture, ancienne chroniqueuse et officieusement caution fun du Courrier de Russie, et un jour, je l’espère, auteur du manuel de mes rêves « Apprends le russe avec Ivan le Terrible ».
Où vais-je... Si tout va bien je vais au Paradis après avoir pris ma retraite à 85 ans, pour l’instant je vais à l’école comme chaque jour depuis mes trois ans.
Je te trouve bien optimiste avec 85 ans, c’est beau cet état d’esprit #monanalyse
Et en quoi apprendre le russe avec Ivan le Terrible serait mieux qu’avec quelqu’un d’autre ?
J’ai envie de faire quelque chose de différent des manuels classiques, qui sont beaucoup plus tournés vers la culture contemporaine. J’aimerais trouver une manière d’apprendre le russe en faisant de l’histoire et de la littérature – c’est ce que j’aurais aimé pour les autres langues que j’ai apprises, et c’est le cas de plein de gens !
Ivan le Terrible, c’est juste pour la vanne, c’est un peu devenu une icône de mon compte Twitter depuis son (long) thread biographique. En tout cas, le temps que je mette ce projet sur pied, il se peut effectivement que je demande une rallonge à mon âge de retraite !
Si tu devais te décrire en une ville ? En une recette gastronomique ? En un roman ? (tu développeras bien sûr chacune de tes réponses en 3 parties)
Une ville : Lyon. Je pourrais broder en vantant son équilibre et sa beauté, son caractère eNtRe tRaDiTiOn Et mOdErNiTé, le fait que c’est la vraie capitale mais que les Français ne s’en rendent pas compte... en réalité je dis Lyon parce que c’est ma ville, j’y ai grandi et pour cette raison je pense que je lui ressemble d’une certaine manière.
Une recette gastronomique – alors je déteste cuisiner et la nourriture ne m’intéresse pas, donc je dirais le tartare de saumon : c’est facile et rapide à faire, et ça fait illusion comme plat gastronomique... bref c’est toute ma personnalité en cuisine.
Un roman... je vais essayer de ne pas parler de Dostoïevski pour une fois, notamment parce que je suis quelqu’un de beaucoup moins grave. Je dirais « Les Quatre Filles du Docteur March » de Louisa May Alcott, roman qui m’avait transportée à l’adolescence et dont je tire d’ailleurs mon surnom -- à peu près tout le monde est invité à m’appeler Meg depuis plus de quinze ans.
C’est frais, léger, féminin, et en même temps il y a une vraie profondeur familiale, religieuse, on rit, on a le cœur brisé... je m’y étais beaucoup retrouvée, l’unité familiale très forte m’avait marquée (je suis également d’une fratrie unie), bref ce serait le roman idéal pour me décrire.
Je note que tu ne m’as pas invité à t’appeler Meg 😒
Je t’y invite dès à présent !
Très bien, Meg.
Pour la recette gastronomique, je n’avais pas dit que tu devais cuisiner, hein... enfin bref, je retiens donc que tu es « facile et rapide à faire, qui fait illusion ». Bon bon bon, je vais réfléchir à quoi faire de cette information.
J’avais d’autres idées, mais rien de satisfaisant : « Je suis simple mais ça fait toujours plaisir de me voir : je suis un sushi », « je suis comme mon gâteau au chocolat de 2017 : catastrophique mais a amusé Twitter »... bref...
En parlant d’amuser Twitter, tu y es depuis 10 ans et plus de 56.000 tweets : quelle était ta quête en t’inscrivant sur le réseau à l’oiseau bleu ? Et qu’as-tu trouvé ?
Je me suis inscrite fin 2009 ou début 2010, j’habitais aux Etats-Unis cette année-là et Twitter s’y popularisait. À l’époque, il n’y avait pas d’application, les smartphones étaient encore plutôt rares, et on recevait les tweets par... SMS !
Donc ça servait surtout d’update sur les activités des autres, on recevait des « Drawing », « Heading to the lake » et autres messages du genre, sans compter le classique « I’m peeing. Bored. »
Je l’ai d’abord gardé pour les contacts après mon retour en France. Puis je suis rentrée en hypokhâgne, et j’ai beaucoup tweeté des blagues sur mes lectures, ça ça m’est resté, je live-tweete énormément ce que je lis car ça me fait des fiches. On oublie beaucoup ! Il m’arrive de relire des threads que j’ai faits et d’y apprendre plein de choses.
Le réseau grandissant, j’y ai trouvé beaucoup de choses : des amis, notamment une témoin de mariage, un appartement à Paris (!), de l’aide pour ouvrir un fichier à l’extension bizarre, la réponse à une question philosophique, une place de chroniqueuse au Courrier de Russie, un éditeur, des encouragements pour me lancer dans tel ou tel projet... C’est innombrable et très positif.
De mon côté, je mets un point d’honneur à rendre un peu de ce que j’ai reçu, je reçois souvent des sollicitations en DM et j’ai aidé des élèves à réviser, quelqu’un à traduire un vieux certificat de naissance en russe pour connaître l’histoire de sa grand-mère, une étudiante en cinéma à sous-titrer un court-métrage en russe.
Je pense qu’il est vraiment important que Twitter garde ce bon esprit d’entraide bénévole.
Je suis vraiment très impressionné par ton esprit positif, qui prouve d’ailleurs s’il en était encore besoin que le positif attire le positif.
D’après mes suprêmes recherches, ton tweet le plus populaire est celui-ci :
Update : je l’ai épousé https://t.co/Ifcx0yiQFj
— Marguerite Souchon (@MargueriteScc) March 8, 2019
Que nous apprend-il sur la foule sentimentale numérique du XXIe siècle ? Et sur toi ?
Là aussi, du positif : les gens aiment les belles histoires, très souvent les threads émouvants font le tour de Twitter et aboutissent à des élans de solidarité collective.
Moi j’aime énormément les bébés, dès que je vois passer une annonce de grossesse ou de naissance sur Twitter je ne peux pas m’empêcher d’aller écrire un mot gentil pour féliciter la personne même si je ne la connais pas du tout.
La magie de Twitter, c’est qu’on se sent naturellement assez proches de tout le monde, il fut un temps où tout le monde s’y tutoyait. Bon, la proximité va de pair avec la distance due à l’écran interposé, et il n’est pas rare non plus de se faire couvrir d’injures dès qu’un tweet devient un peu populaire...
Sans atteindre des niveaux excessifs de popularité, je ne suis jamais couvert d’injures après un tweet brillant. Mais bon, je crois que c’est normal, vu que je suis quand même beaucoup le paria de la TL, celui qu’on n’invite jamais aux soirées.
En même temps, à en juger par ta photo de profil, tu es âgé d’environ six ans, c’est normal que les gens soient frileux.
3 ans, j’ai 3 ans sur ma PP.
Quand et comment la littérature russe est-elle venue à toi ?
Venue à moi, c’est le mot, car ce n’est vraiment pas moi qui suis venue à elle, ou alors quasiment par hasard.
J’avais pris russe en LV3 au lycée, pour tester un truc différent de l’espagnol ou italien (je faisais de l’allemand en LV1) ; ça ne m’avait pas spécialement intéressée. Après le bac je suis partie un an aux Etats-Unis, où je n’en ai absolument pas fait... mais à mon retour, j’ai été prise dans une hypokhâgne grâce justement au fait que je faisais du russe. Donc je ne savais pas aligner trois mots, mais j’ai bien dû m’y remettre.
Je l’ai choisi ensuite en matière de spécialité pour l’année de khâgne, parce que ça m’intéressait plus que les autres matières, mais aussi par stratégie : en cas de ratage aux concours de l’ENS et/ou de l’enseignement, je pouvais toujours me recaser en reprenant une formation en tourisme, communication, quelque chose du genre.
En khâgne j’étais toute seule en cours, avec mon niveau un peu pourri. Et là... je suis tombée dedans. J’avais tellement de retard à rattraper que le russe est devenu une frénésie, j’en faisais du matin au soir, j’écoutais des chansons en russe, je les retenais par cœur, je nommais en russe dans ma tête chaque objet que je voyais, j’essayais de traduire les conversations dans ma tête quand je parlais avec les gens de ma classe ou ma famille, je m’astreignais à lire des petits romans en russe avec un dictionnaire à côté de moi que je consultais pour quasiment chaque mot, j’apprenais des textes entiers, je n’allais nulle part sans ma liste de vocabulaire qui s’allongeait d’heure en heure... c’était une spirale qui emportait tous les aspects de ma vie quotidienne.
J’ai aussi eu, et ça a beaucoup joué, un professeur extraordinaire, passionné, cultivé, fin, littéraire, sensible, qui m’a entraînée dans son sillage. J’ai voulu devenir un peu comme lui.
J’ai l’impression que ça a bien marché, vu comme tu es extraordinaire, passionnée, cultivée, fine, littéraire, sensible #monanalyse
Sans compter que j’ai maintenant le poste qu’il avait avant : ma transformation en lui est complète.
Impressionnant #monanalyse
Tu as créé une « flowchart disruptive » pour guider le choix d’un roman de Dostoïevski.
QUEL ROMAN DE DOSTOÏEVSKI CHOISIR : LA FLOWCHART DISRUPTIVE pic.twitter.com/JCi3IYqSEI
— Marguerite Souchon (@MargueriteScc) October 6, 2021
Ta méthodologie a été elle-même explicitée dans un article du Huffington Post.
Quels retours as-tu obtenus après cette création d’une si grande qualité et utilité sociétale ?
Beaucoup de retours positifs ! Les informations, aussi sommaires soient-elles, ont guidé plein de gens qui étaient perdus et n’avaient aucune idée du roman à choisir.
L’idée était non seulement de donner une vague idée du contenu de chaque bouquin cité, mais aussi de dessiner dans l’esprit des gens une sorte de carte mentale de ce que l’on pouvait trouver chez Dostoïevski, afin qu’ils puissent situer celui qu’ils avaient choisi au milieu du reste. C’est important aussi, mine de rien.
Quand j’étais ado, ma mère m’avait dit de lire des classiques, avait cité Zola. J’avais pris à la bibliothèque le premier Zola que j’avais vu, car j’aimais le titre : « Le Rêve ». Agacement maternel : « Ce n’est pas vraiment Zola », c’est-à-dire que ce n’était pas vraiment représentatif de son grand-œuvre des Rougon-Macquart. J’aurais aimé avoir une carte mentale de l’œuvre de Zola qui m’aurait montré que Le Rêve était un ouvrage un peu à part.
Pour revenir à ma flowchart, je n’ai pas pu tout mettre (il manque Netotchka Nezvanova, Stepanchikovo, quelques nouvelles), et évidemment il y a eu des gens pour me le reprocher.
Ah, je ne connaissais pas ces gens, Netotchka Nezvanova et Stepanchikovo. En tout cas, je regrette de ne pas avoir connu ton schéma disruptif avant de me lancer dans les Frères Karamazov...
Si ça peut te rassurer au cas où tu aies du mal à le lire, sache que Tolstoï n’a jamais réussi à aller au bout, et pourtant il avait lu tout Schopenhauer.
Il me plaît bien, ce Tolstoï. Et pourtant je suis loin d’avoir lu tout Schopenhauer.
Justement ce sujet de la lecture de Dostoïevski a déjà été évoqué dans le blog suprême : dans son interview, @avocatine dit qu’il faut le lire à certains moments :
Rupture amoureuse, dépression, préparation du CRFPA pour « Crime et Châtiment ». Il y a dans la vie plein de moments difficiles qui peuvent être embellis par le monologue de Myshkine dans « l’Idiot », il faut juste saisir le bon moment.
Et toi, quels moments conseilles-tu finalement pour la lecture de Dostoïevski ?
Les moments où l’on a soif d’intensité, ou bien ceux où l’on traverse une période intense – ça rejoint ce que dit @avocatine avec les ruptures et le CRFPA.
Dostoïevski, c’est très intense, et on en comprend beaucoup mieux le fond lorsque l’on est soi-même dans un état un peu second... Ce n’est pas vraiment une lecture pour les gens trop policés.
Et à ce sujet, @avocatine intervient exceptionnellement pour te poser une question dans cette interview...
Est-ce que Dostoïevski c’est vraiment efficace pour un premier date ?
Absolument. Déjà, si la personne vous répond qu’elle préfère Tolstoï, ça évite de perdre son temps car on peut directement se lever et partir.
Blague à part, ça fait un assez bon lanceur de conversations car les romans sont plein de situations donnant à réfléchir (est-ce que l’on peut aimer réellement quelqu’un que l’on trouve un peu ridicule, est-ce que les enfants sont foncièrement bons...), et que la complexité des personnages est elle aussi un sujet de discussion psychologique un peu sans fin.
Merci !
Merci pour ta visite, Avocatine 🙏🏻
Reprenons, Meg... Je lisais le week-end dernier (quand cette question a été préparée) « Cinq méditations sur la beauté », de François Cheng, qui cite Dostoïevski : « la beauté sauvera le monde ». Et d’ajouter une citation de Romain Gary : « il faut racheter le monde par la beauté : beauté du geste, de l’innocence, du sacrifice, de l’idéal ».
t toi, quand as-tu rencontré la beauté ? À quoi ressemblait-elle ?
Vaste sujet dostoïevskien que la beauté en effet... Il en avait une très haute idée, elle était le signe d’une aspiration naturelle de l’homme pour la transcendance et les choses supérieures, et je le rejoins là-dessus.
Une de mes amies m’a dit un jour qu’elle croyait en Dieu dans les moments où elle écoutait Bach, parce que c’est pur, ça élève, c’est le signe d’une harmonie naturelle qui vient du ciel et que l’on a réussi à matérialiser : c’est tout le sens, d’ailleurs, des icônes orthodoxes.
Pour moi aussi, la vraie beauté est indissociable d’un sentiment religieux.
Tout à fait d’accord avec ton amie : il est impossible de ne pas croire en Dieu lorsqu’on écoute la Passion selon Saint Matthieu, l’Art de la fugue ou des cantates. Enfin, tout Bach à l’exception bien sûr des Variations Goldberg qui sont un exercice purement sexuel (encore que ça puisse être aussi une manifestation du divin).
C’est quoi, au fait, un #kprus ?
Aaaah, le Komité de Presse RUSse ! C’est les meilleures news et faits divers en direct de la Russie (bon, ça s’étend régulièrement à l’espace post-soviétique plus généralement).
Le hashtag qui vous apprend qu’on peut mettre le feu à un camion pour se réchauffer en rentrant de boîte de nuit, monter sa Lada sur des chenilles de tank, se tirer dessus lors d’un débat sur Kant, ouvrir un bar à écureuils, se réveiller à la morgue et retourner en soirée...
Encore un truc qu’on m’a caché tout ce temps. Y’en a marre #monanalyseapprofondie
Imaginons (sans peine) que Maître Roger est un génie qui t’offre de réaliser un vœu : quel sera-t-il ?
Avoir un jour de plus dans la semaine où je peux faire des choses créatives : maintenant que j’ai un enfant et un boulot très prenant, ça me manque beaucoup. Je n’ai pas touché à un pinceau ou une machine à coudre depuis des mois...
Il en sera ainsi, car je suis suprême.
Ton interview a été recommandée par @lebizarreum1 aka Juliette Cazes ; où étais-tu et que faisais-tu quand tu as appris cette merveilleuse nouvelle ?
Certainement en train de glander sur Twitter – ben oui, quoi, je me plains que je n’ai jamais le temps de rien, mais en même temps... Hum hum...
Qui suis-je pour te juger ?
Juliette a dit de toi dans son interview que tu es « très cultivée et drôle » et a vanté ton « travail de vulgarisation de la littérature russe ».
Que penses-tu de ces aimables considérations ?
Qu’en plus de me faire honneur, c’est très drôle qu’elle ait pensé à moi, car il m’arrive vraiment souvent de la suggérer elle lorsque je parle à des gens qui cherchent des spécialistes et vulgarisateurs « insolites ». Je ne savais pas qu’elle faisait la même chose de son côté.
C’est aussi ça, la magie du blog suprême.
À ton tour, à qui souhaites-tu de connaître la joie céleste d’une interview dans le blog suprême ? (un seul @ possible, je serai intraitable)
Après consultation de la liste des invités, je constate que les juristes sont en surreprésentation, et vais donc à mon tour passer le relais à MON camp : j’ai nommé la Grande Confrérie des Enseignants. Je nomine donc @GPopesie, en espérant qu’il poursuive cette chaîne et nomme lui-même un autre prof afin de rééquilibrer le Blog Suprême.
Il en sera ainsi, l’heureux impétrant sera invité à s’exprimer dans le blog suprême dans le respect de procédures idoines et de mon délai de procrastination.
Quant à la surreprésentation de juristes, c’est un malentendu.
Depuis que tu connais Maître Roger, comment ta vie a-t-elle changé ?
Je me repais des nombreuses analyses de Maître Roger qui parsèment à présent ma TL.
Tu sais sans doute que ton destin va brutalement changer dès la publication de ton interview dans le blog suprême, te faisant entrer sans transition dans le monde mystérieux des stars. Comment vas-tu te préparer à ce choc ?
Je pense écrire un drame cathartique en cinq actes permettant d’externaliser au maximum les nombreuses émotions qui ne manqueront pas de m’envahir, où je mettrai en scène un double dostoïevskien de moi-même face à ses démons.
Ah. Oui. Bien sûr. Enfin... tu ne préfères pas une vodka, d’abord ?
Je sais que c’est un geste politique fort de l’admettre, mais je préfère le gin tonic.
C’est bien noté.
Où souhaites-tu dîner avec le blogueur suprême quand tu seras une star ?
Dans un restaurant russe, pardi. Mais attention, je ne vais jamais nulle part sans mon époux dévoué et mon enfant rigolo.
Avec plaisir et je viendrai moi-même avec ma chérie, mais sans mes enfants rigolos qui ont largement passé l’âge de nous accompagner.
Tu n’as donc pas réellement six ans... #monanalyse
Quelle force de raisonnement !
Hormis les questions inspirantes de Maître Roger, quelle est la dernière chose digne d’intérêt que tu as lue ?
Un livre sur le cosmisme russe, un courant philosophique complètement barge. Tout commence fin 19e avec un bibliothécaire un peu dingo qui se met en tête de ressusciter les morts, et après un passage par l’URSS puis le transhumanisme on finit à la Silicon Valley. « Lénine a marché sur la lune » de Michel Eltchaninoff, passionnant.
Ah, ça a l’air bien, merci pour le conseil de lecture.
Quelle musique as-tu écoutée pour répondre à cette interview ?
La douce mélodie de mon enfant faisant bla ba da alors que Maman essaie de se concentrer, et cinquante fois le même extrait de 10 secondes de la Lettre à Élise dans son livre musical de Beethoven pour les bébés. Je recommande.
Tu es sûre que tu recommandes ? C’est pas plutôt un appel au secours que tu lances, là ?
Bon, alors pour ceux qui connaissent déjà bien la Lettre à Elise et veulent une ambiance russe en lisant cette interview je recommande le groupe Otava Yo.
Ah.
Quelle image choisis-tu pour illustrer ton interview et pourquoi ce choix ?
Ma bannière Twitter, car c’est 100% représentatif de ma vulgarisation de l’histoire et la littérature russe en général.
Et le Dieu de Dostoïevski, dans tout ça ?
Le titre donne au livre l’air d’être un ouvrage pour spécialistes, mais c’est tout l’inverse. Il est vraiment pensé pour ceux qui veulent une sorte de boussole avant d’entrer dans la jungle dostoïevskienne, pour ceux qui y sont entrés mais aimeraient y voir plus clair, et pour ceux qui ont déjà beaucoup lu et ont envie d’aller plus loin.
Le sommaire en questions (« Pourquoi les personnages sont-ils tous fous ? », « Est-ce qu’on peut enfin savoir pourquoi la beauté sauvera le monde ? », etc) permet de l’ouvrir un peu à n’importe quel chapitre.
D’ailleurs, comme Dieu est un peu partout dans l’oeuvre de Dostoïevski, les chapitres sont assez divers et le bouquin touche à pas mal de choses... et surtout, j’espère qu’il invite à la réflexion : après tout, c’est ce que voulait le romancier russe.
C'était l'interview de Marguerite Souchon (@MargueriteScc)
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