Que serait le Twitter francophone sans Jérôme, le vrai ? Sans ses conférences de la réveillure tôtive et l'indispensable hashtag #CetteŒuvreSAppelle, entre autres merveilles quotidiennes...
#monanalyse
le 26 MARS 2022,
L'interview de Jérôme Oriol (@the_real_jerome)
Bonjour Jérôme, qui es-tu ? Où vas-tu ?
Mammifère omnivore de 57 ans, ce qui n’est rien à l’échelle de l’univers.
Je vais où je peux, de moins en moins vite et de moins en moins loin, mais j’y vais quand même.
Rien ne sert de courir, comme disait l’autre…
Quelle était ta quête en t’inscrivant sur Twitter en 2010 ?
🎵 Telle est ma quête,
Suivre l’étoile... 🎵
C’est déjà pris ?
Je voulais voir à quoi Twitter pouvait bien servir. J’ai d’abord suivi des comptes d’info, puis des comptes pour en savoir un peu plus sur mon domaine professionnel et puis très rapidement des comptes de gens qui sont devenus des connaissances, des amis, des amies et amis proches pour certaines et certains.
Ah tu as un domaine professionnel ? Il t’a amené à suivre quel genre de gens ?
Des comptes passionnants sur l’ingénierie textile. Je t’expliquerai en quoi cela consiste à l’occasion.
Ton tweet le plus populaire parle de Cameron Diaz :
Ce qui est assez pénible parce que ça fait une source lumineuse qui fait un reflet sur l'écran et en plus on entend tous les bruits du couloir. https://t.co/PnMywAWtxT
— Jérôme Oriol (@the_real_jerome) May 2, 2020
Que nous apprend-il sur notre civilisation ?
Cela nous apprend qu’il vaut mieux s’asseoir dans la salle de cinéma plutôt que rester dans le couloir. Déjà parce qu’on y voit mieux. Et ensuite parce que est plus poli pour les autres spectatrices et spectateurs.
Il faudra d’ailleurs que j’en touche deux mots à Cameron quand je la verrai.
Bien sûr, et passe-lui mon bonjour, tant que tu y seras.
Néanmoins, c’est pas un peu agaçant d’être populaire pour Cameron Diaz alors que tu affiches ton amour de Desproges, Jonasz, Stevie Wonder, Ray Charles & Véronique Sanson dans ta bio sur Twitter ?
J’en parlais justement avec Ray Charles la semaine dernière et il me disait que la popularité sur Twitter, c’est comme être riche au Monopoly et qu’à ce propos je lui devais de l’argent. Enfin, ce Ray parlait français couramment avec un accent de La Rochelle à couper au couteau à huîtres. J’ai quelques doutes.
Quant aux autres personnes pour lesquelles j’affiche mon amour, je vais voir leurs spectacles dès que possible. Et je ne manque pas de passer dire bonjour à Pierre Desproges quand je passe par le cimetière du Père Lachaise.
Et son voisin d’allée, Chopin…
Chopin a tenu à être enterré presque en face de Pierre Desproges...
Oui, je sais.
Notre première interaction, en 2015, évoquait l’horoscope sur mesure et mentionnait @docarnica :
@maitreroger j'ai le souvenir d'un horoscope me disant : attention au verglas.
— Jérôme Oriol (@the_real_jerome) April 5, 2015
Un 2 janvier.
A la Réunion.
Il faisait 42° !@DocArnica
C’était le bon vieux temps ?
Dans l’excellent documentaire consacré à Jean-Pierre Bacri qui est passé dernièrement à la télé, il disait à peu près : « Les gens qui disent « C’était mieux avant ! » ne finissent pas leurs phrases. Ils veulent dire c’était mieux avant, quand j’étais jeune. »
En 2015, j’étais jeune, beau, insouciant, le visage à peine froissé par le passage du temps.
L’horoscope, oui, c’était le bon temps, c’est un excellent souvenir. Mais il faut savoir arrêter avant de faire la saison de trop, l’horoscope de trop. Encore qu’il n’y en ait jamais eu assez.
Sinon, pour être plus sérieux, en 2015, j’avais une sclérose en planque. Ce n’est qu’en 2020 que j’ai appris que j’avais une sclérose en plaques.
Comme cela n’a pas changé qui je suis, le bon temps continue. Et c’est le plus important.
Et @docarnica ? Et bien je l’embrasse et j’espère la voir bientôt.
L’horoscope finissait par me prendre beaucoup trop de temps, pour ne pas dire le bouffer le week-end. Mais oui, grand souvenir, et tant de regrets de mes fans.
On embrasse tous Doc Arnica, dans le respect des gestes barrière, évidemment.
Comment est né le tweet quotidien #CetteOeuvreSAppelle à destination de @monpsyvite ? Pourquoi tant d’humour ?
Un matin où je ne savais pas quoi mettre sur Twitter, j’ai tweeté une image d’un tableau (il faudrait que je plonge dans les archives pour savoir quel était ce premier chef-d’œuvre) et j’ai cité @monpsyvite. Il se trouve que, par un hasard extraordinaire, il était en possession de l’œuvre originale. Les puristes auront toujours des doutes mais je l’ai cru.
#CetteŒuvreSAppelle :@Monpsyvite renvoie une followeuse venue lui faire une dediboobs (elle a pas Snapchat) pic.twitter.com/ip4YwJxuiS
— Jérôme Oriol (@the_real_jerome) July 1, 2016
J’ai acheté toutes les tableaux qu’il m’a présenté depuis. Et comme dirait l’autre « Ça coûte un pognon de dingue ! »
Cela va faire 6 ans que ça dure.
@monpsyvite m’a dit« C’est idéal pour pêcho ! » (Le 9 juin 2017 à 09 h 23).
On attend. Ça finira peut-être par arriver.
Ça fait quand même 2190 tableaux.
Je compte ouvrir un musée. J’ai posé une option sur Le Louvre.
Où puises-tu autant d’inspiration drôle et fraîche malgré ton âge ?
Mystère et boule de gomme. #ExpressionDeVieux.
Quand à mon âge, j’aime bien ce dicton « On a toujours 20 ans, mais ça se voit de moins en moins. »
Je pense même avoir moins de 20 ans, parfois 5 ou 6 ans, prêt à rire de tout et tout le temps.
Mais non, on ne dit pas expression de vieux mais « mots surannés », bien sûr, d’autant que ton expression est bien dans le dictionnaire éponyme et te vaudra sans doute un bon point, bravo !
J’ai travaillé il y a quelques années pour une entreprise qui vendait de la gomme arabique. Aurai-je droit à un double bon-point ?
Chépô, on demandera à @MotsSurannes et il nous dira.
C’est @A_fondiste qui a recommandé que tu sois interviewé dans le blog suprême : où étais-tu, que faisais-tu quand tu as appris cette merveilleuse nouvelle ?
Il était minuit et je venais de finir un épisode d’une série. Je me demandais s’il était raisonnable d’en commencer un nouveau. Puis la meilleure nouvelle de ma vie est arrivée...
Oui, bien sûr, ça change notre vision du monde #monanalyse
Dans sa recommandation, @A_fondiste t’a décrit ainsi : « un humain généreux, drôle et résilient qui a entre autres éclairé mes levers très matinaux contraints de ses fabuleuses conférences réveillure tôtive et a ouvert mes horizons artistiques ».
Mais quel talent, quelle dextérité dans l’ouverture des horizons des dames !
L’heure est maintenant venue que tu recommandes, toi aussi, un twitto ou une twittette pour une prochaine interview dans le blog suprême. Et la règle est stricte : tu n’as droit qu’à un seul @...
S’il n’en reste qu’un, ce sera @monpsyvite, alias l’escroc rochelais, qui, quand il aura fini d’ouvrir les huitres du réveillon 1976, prendra le temps de répondre à quelques questions.
Il y avait des huîtres en 1976 ? Elles n’avaient pas toutes été décimées par la sécheresse ?
Il en restait une bourriche. Des années de travail pour @monpsyvite.
Tu as été le Santa du @secrweetsanta de Maître Roger, et tu m’as délicieusement gâté : quels ont été tes sentiments quand tu as appris cette merveilleuse nouvelle ?
J’étais ravi. Vraiment ravi ! Le hasard fait bien les choses et les idées de cadeaux sont venues immédiatement.
Le colis est arrivé chez toi pendant que tu étais dans le train.
Oui et il m’a attendu jusque cette année, chez môman, et ton carnet-journal enchantera encore longtemps nos TL (toute procrastination égale par ailleurs)
Cher Journal, aujourd’hui j’ai revenu à Créteil chez môman et j’ai trouvé mes cadeaux du @SecrweetSanta ; j’ai eu un joli tampon ! #monanalyse pic.twitter.com/qPXBwuY4XF
— Maître Roger (@maitreroger) January 2, 2022
Comment ta vie a-t-elle changé depuis que tu connais Maître Roger ?
Je pense tous les jours à ce qu’était ma vie avant cette révélation. Je préfère ne pas en parler, c’était si morne et triste.
Tu n’ignores pas que la publication de ton interview dans le blog suprême va profondément bouleverser ta vie : les femmes seront nues et se jetteront sur toi dans la rue. Comment te prépares-tu à les satisfaire ?
Je commande immédiatement un abri en plexiglas adapté au fauteuil roulant que je vais recevoir prochainement. Ça me donnera l’air d’un pape dans sa papamobile.
Mais oui, tu seras d’une grande distinction, nous avons grande hâte de te visiter et converser avec toi à travers l’hygiaphone 🤗
Avec Téléphone en fond sonore, mais pas trop fort.
Où souhaites-tu dîner avec Maître Roger quand tu seras devenu une star mondiale ?
Personne ne nous laisserait dîner en paix. Un vedette interplanétaire et moi, ce serait l’émeute. Je te propose donc de venir dîner à la maison.
M’ouais je vois que tu ne veux pas trop trop partager les femmes nues qui vont se jeter sur toi 😒
Et on mange quoi ? J’apporte le dessert ?
Ce sera une surprise, en fonction de ce qu’il y aura au marché.
Et pour le dessert, tu peux en apporter un ; ça nous en fera deux.
Et pour les femmes nues, tout le mérite t’en revient. Je les laisse donc te tenir compagnie. Ne dis pas non !
Non non, je ne dis pas non.
Hormis les questions inspirantes de Maître Roger, quel livre particulièrement marquant as-tu lu ces derniers temps ?
Un seul ?
Le premier, je l’avais aux urgences le jour où l’on a commencé à diagnostiquer ma sclérose en plaques. C’est « D’autres vies que la mienne », d’Emmanuel Carrère.
L’auteur y parle du livre d’un psychanalyste (le livre de Pierre) qui dit que la maladie ne définit pas une personne malade, qu’elle reste qui elle était avant l’annonce de la maladie.
Le deuxième c’est « Elle ne m’a jamais quitté », de Dominique Farrugia. Il y parle de lui, de sa sclérose en plaques et de sa volonté que les 12 millions de personnes en situation de handicap soient mieux prises en compte et leurs souffrances soulagées.
Et je relis encore et toujours Pierre Desproges. Souvent, tout le temps. Formidable remède anti morosité.
Bien belles lectures. Et ça me fait penser qu’il va bientôt être temps de réécouter les plaidoiries de Desproges.
Je les connais tellement pour certaines que le rythme et le ton me viennent à l’oreille quand je les lis.
Quelle musique as-tu écoutée pour répondre à cette interview ?
Les Nocturnes de Chopin par Arthur Rubinstein.
Ah ben voilà, encore lui, je l’avais repéré pendant la balade au Père Lachaise et le revoici… (je vais les réécouter ce week-end, tiens, par Samson François pour ma part)
Quelle image choisis-tu pour illustrer ton interview et pourquoi ce choix ?
Un détail d’un tableau de Louis Charlot qui était chez mon Papy, dans les Pyrénées. Parce que je l’ai toujours vu.
Et la SEP dans tout ça ?
SEP-as facile tous les jours mais...
Je relativise cependant. J’ai des amies et des amis qui ont eu des maladies autrement plus graves et qui ne sont plus là. À tout prendre, je suis certains qu’iels auraient préféré ma maladie à la leur. Pour voir grandir leurs enfants, voir naître leurs petits-enfants...
Comme la SEP est une squatteuse que je ne peux pas faire expulser après une décision de justice, j’ai décidé qu’elle ne m’empêcherait pas de rire de tout. Je continue donc. SEP-as si compliqué !
C'était l'interview de Jérôme Oriol (@the_real_jerome)
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