L'interview de Marie marque l'entrée de la noble profession des architectes dans le blog suprême. Une première de qualité, comme toujours.
#monanalyse
le 9 JANVIER 2023,
L'interview de Marie Jouveau (@JouveauM)
Bonjour Marie, qui es-tu ? Où vas-tu ?
Bonnes questions, à laquelle je ne suis pas sûre de savoir répondre.
Bon bon bon... on va mettre les choses au point d’emblée 🤦🏻♂️
Le principe de l’interview c’est de trouver des réponses aux questions suprêmes, hein.
Alors : il doit bien y avoir une ou deux choses que tu sais sur qui tu es et où tu vas, non ?
J’ai 39 ans, j’habite dans le 13eme arrondissement mais j’ai le cœur dans les Highlands, je suis architecte spécialisée sur l’intervention sur l’existant et la réhabilitation durable et je travaille à mon compte.
Je suis passionnée par mon métier et la transition écologique. Je fais partie de plusieurs associations liées à la défense de la profession d’architecte (DpA), au Patrimoine (l’association des architectes du patrimoine) et à l’énergie et au climat (les Voix du nucléaire).
Je travaille dans le privé mais mon action quotidienne a pour but l’intérêt général, que ce soit pour la qualité architecturale ou la lutte contre le changement climatique.
Eh bien voilàààà 🤗
Une fois de plus, la preuve est apportée, par l’exemple, que c’est du dialogue que naît le débat !
Tu es sur Twitter depuis décembre 2020 ; où étais-tu avant ?
J’ai envie de répondre nulle part, tellement rien n’est comparable à Twitter. En pratique un peu sur Instagram, j’y suis d’ailleurs toujours un peu, et très peu sur LinkedIn.
On est bien d’accord que Twitter est un monde très à part. Il faudrait d’ailleurs que je songe à créer mon compte LinkedIn de Maître Roger.
Quelle était ta quête en t’inscrivant sur le réseau à l’oiseau bleu ?
Initialement je me suis inscrite au moment des dernières élections professionnelles auxquelles je me suis présentée. L’association à laquelle j’appartiens y était présente.
Et tu as gagné les élections ? Avec quel programme ?
Non, je n’ai pas été élue mais je savais en me présentant qu’il y avait peu de chances que ce soit le cas, je m’y suis pris très tard, et j’étais sur la liste dissidente. De plus les architectes votent très peu. Le programme c’était de changer radicalement les choses, notre profession est en train de mourir, constat partagé par tous, mais qui ne semble pas suffisant pour que l’on se remonte les manches collectivement.
Joli programme.
Cela étant, tu n’as pas tweeté pendant les 6 mois qui ont suivi ton inscription. Pourquoi ?
Probablement parce que je ne m’y étais pas inscrite pour les bonnes raisons et que je n’ai pas compris tout de suite comment fonctionnait le réseau. J’avais un a priori négatif sur Twitter et j’ai longtemps résisté.
Je vois, tu t’y es inscrite en résistante de l’intérieur. Qu’est-ce qui t’a fait évoluer vers une participation sans résistance ?
Et au fait, quelles auraient été les bonnes raisons ? Et les mauvaises ?
La bonne raison était d’en avoir envie, ce qui est arrivé six mois plus tard quand j’ai vraiment découvert Twitter avec toutes ses qualités. C’est un endroit d’apprentissage et d’échanges incroyables.
Ta bio précise : « architecte et urbaniste du patrimoine » ; ça ressemble à quoi, une journée de travail type, quand on est architecte et urbaniste du patrimoine ?
Disons qu’il y a plusieurs journées types. Celle où je suis au bureau, celle où j’enchaîne les réunions et celle où je suis en déplacement et c’est très différent si je travaille sur des projets d’architecture ou d’urbanisme.
Tu t’engages aussi « pour une écologie scientifique » ; ça existe, une écologie non scientifique ? Et en quoi consiste ton engagement ?
L’écologie a deux définitions et la première est une science. Dans son deuxième sens l’écologie est une doctrine, inspirant notamment des partis politiques et malheureusement ces courants se basent assez peu sur la démarche scientifique pour faire leurs propositions de politiques.
Mon engagement vient d’une décision que j’ai prise d’arrêter de me plaindre que les choses n’avancent pas, en faisant a minima ce qui était en mon pouvoir de faire. Cela se traduit par des actions dans ma vie quotidienne, dans ma vie professionnelle, mais également par le fait que je suis devenue militante écologiste, en rejoignant notamment Les Voix du nucléaire de manière active.
Ton image de bannière, #BougeTonNuc, tout ça : on en parle ou c’est tabou ?
Tabou ? Il n’y a pas de tabou chez moi, je peux me retenir de parler d’un sujet pour ne pas choquer, éviter une situation qui pourrait être désagréable pour quelqu’un mais je parle librement de tout si on me demande. Je suis fière de participer à la lutte contre le changement climatique et fière de défendre un des meilleurs outils à notre disposition : le nucléaire. Et je lutte au quotidien pour que nous sortions tous du nucléaire honteux.
On est d’accord que je te fais suivre les milliers de messages énervés que je vais recevoir de gens qui trouvent que ce sont plutôt Tchernobyl et Fukushima qui représentent le nucléaire honteux ?
Haha. Ce que j’entends par nucléaire honteux c’est le fait de ne pas oser parler de son soutien pour le nucléaire, d’avoir peur de se faire chahuter dans la rue parce que l’on porte un tee-shirt affichant son soutien au nucléaire. Il est temps que la honte change de camp.
Oh moi, je ne porte jamais de t-shirt militant, mais je me souviens avoir demandé à un militant socialo-écolo casse-bonbons s’il était bien conscient qu’il avait besoin d’une centrale nucléaire pas trop éloignée pour recharger son iPhone voire sa future voiture électrique qui, subséquemment, était plutôt une voiture nucléaire.
On est restés fâchés. Les gens sont d’un susceptible…
Enfin bref, poursuivons ton interview avec une plongée dans les archives du Twitter comme je le fais souvent dans le blog suprême.
Ainsi, notre première interaction sur le Twitter évoquait un besoin d’expérimentation :
Je pense que ton analyse devrait être poussée par une expérimentation
— Marie Jouveau (@JouveauM) July 2, 2022
Tu te reposes, parfois, ou bien tu es sans cesse en train de travailler pour la science ?
Ça m’arrive de me reposer, c’est pour ça que je n’ai pas fait mes devoirs plus tôt, et généralement ça arrive un peu avant que je ne tombe d’épuisement ☺️
J’aime faire des choses qui me passionnent. Malheureusement je ne travaille pas au quotidien pour la science, je ne suis pas scientifique mais j’essaye d’utiliser et de défendre le possible la démarche scientifique. C’est par exemple un angle mort dans mon champ et je pense que c’est grâce à la science que l’on peut progresser, améliorer l’état des choses.
C’est @FNarolles qui a recommandé que tu sois interviewée dans le blog suprême.
Que faisais-tu ? Où étais-tu quand tu as appris cette merveilleuse nouvelle ?
De mémoire, j’étais en train de lire votre discussion sur Twitter et j’étais physiquement sur l’ile de Skye, en Ecosse, un de les endroits préférés.
C’est beau l’île de Skye, c’est loin mais c’est beau.
À ton tour, qui souhaites-tu recommander pour une prochaine interview dans le blog suprême ?
S’il accepte Fabien Vinckier aka @FabienVinckier
Un psychiatre ? 😱 Pourquoi un psychiatre ?
Parce qu’il est d’utilité publique et pour cette réaction aussi.
Hu hu 😒
Bon bon bon, l’heureux impétrant sera invité dans mes DM selon la procédure et dans le respect de mes délais de procrastination.
Depuis que tu connais Maître Roger, comment ta vie a-t-elle changé ?
J’ai envie d’utiliser le #monanalyse tout le temps.
Je comprends #jecomprends
Tu n’ignores pas que la publication de ton interview va profondément bouleverser le cours de ta vie, des milliers de fans te suivront partout, juste un regard de ta part leur apportera un sentiment ineffable de bonheur. Comment te prépares-tu à cette nouvelle vie de star ?
Avec étonnement et humilité.
Je comprends #monanalyseapprofondie
Hormis les questions inspirantes de Maître Roger, qu’as-tu lu de particulièrement notable ces derniers temps ?
Je viens de finir L’affaire Alaska Sanders et je suis en train de lire Le triomphe des Lumières.
Je dois confesser que je lis tous les bouquins de Joël Dicker.
Et j’avais lu La part d’ange en nous ; je vais réfléchir sur l’opportunité de lire le bouquin sur les lumières, même si c’est un peu compliqué ces temps-ci, la lumière, l’électricité, tout ça...
Quelle musique as-tu écoutée pour répondre à cette interview ?
J’ai un film en fond sonore.
Quel film ? Les millions de lecteurs du blog suprême ont le droit de savoir.
Le dernier samouraï et l’épisode de la longue nuit de GOT
Quelle image choisis-tu pour illustrer ton interview et pourquoi ?
Tu comprendras en voyant la photo
Ah.
Et Le Corbusier dans tout ça ?
Question complexe et presque un sujet tabou en tous cas un sujet que j’evite avec mes confrères mais comme la question est posée je vais répondre.
Les architectes sont formés dans le respect absolu du génie de Le Corbusier, et nous sommes tous encouragés à viser de devenir Corbu (ce qui n’est pas sans conséquences sur la structure de notre profession #monanalyse) que l’on appelle par ailleurs Corbu de manière affectueuse.
C’est excessivement compliqué d’émettre une critique de son œuvre et de sa personne. C’est quasiment de l’ordre de la religion même si cela tend à évoluer. J’ai toujours eu du mal avec les cultes de la personnalités et les obligations et plus j’ai appris sur celle-ci moins j’ai de respect pour lui.
Il était hygiéniste égotique et misogyne, et il aurait rasé une partie de Paris si on l’avait laissé faire.
Il est cependant un architecte très doué qui a contribué à faire évoluer la réflexion architecturale et laisse une œuvre impressionnante. Toutefois j’ai la conviction que l’on ne fait jamais d’architecture seul, que ce soit lui ou d’autres, et qu’il était très bien entouré. C’est une époque où on valorisait l’homme et pas l’équipe et encore moins les femmes. Ce n’est pas valable que pour lui mais comme c’est lui que l’on met sur un piédestal en France…
C'était l'interview de Marie Jouveau (@JouveauM)
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