J'ai droit à un aveu ? Oui, après tout je suis chez moi en le blog suprême, alors j'écris ce que je veux. Donc sachez-le, millions de lecteurs du blog suprême, j'admire François Narolles depuis que j'ai commencé à travailler sur son interview, depuis que j'ai lu plusieurs de ses threads, depuis aussi que je lui ai serré la main dans le respect de la distanciation sociale au lancement du livre que nous avons tous lu.
#monanalyse
le 18 OCTOBRE 2021,
L'interview de François Narolles (@FNarolles)
Bonjour François, qui es-tu ? D’où viens-tu ?
Bonjour, ô maître !
Je bosse sans succès sur l’injonction de la Pythie depuis un bail déjà, mais je peux dire à titre conservatoire que je suis un homme de 36 ans, curieux à maints égards et selon l’acception qui vous plaira, en quête de moult bidules.
Je suis né en Bretagne, de parents aux origines diverses. J’ai beaucoup bougé depuis, ayant grandi dans le vignoble nantais, puis étant passé par Bordeaux, Angers, Brest, Londres et Cayenne.
Et à quoi la Pythie t’enjoint-elle ?
À une seule chose, la plus grande : se connaitre soi-même.
Et au fait, où es-tu selon ta dernière estimation au sextant ?
Alors poursuivons !
— François Narolles (@FNarolles) November 23, 2017
En fait, un navigateur doit
chose : savoir où il est, où il veut aller, et donc manoeuvrer son navire du premier point au second, sans entrer en collision avec un autre ni échouer son bâtiment sur le fond. C'est pas beaucoup plus compliqué que ça.
À un endroit où il me semble compliqué de faire un point au sextant : Paris !
Tu vois, le sextant sert principalement à mesurer l’angle entre l’horizon, l’observateur et une étoile. Il faut donc voir les étoiles (la nuit, donc, mais pas facile à Paris), mais aussi l’horizon (à l’aube ou au crépuscule donc, mais là encore, c’est rare d’avoir une vue dégagée).
Mon portable, en revanche, me positionne facilement au sud de la ligne 4 de mon cher métropolitain.
Le portable a tué la poésie des techniques ancestrales 😒
Tu es venu sur Twitter en juillet 2009, ce qui ne rajeunit personne, et fait de toi un précurseur français du réseau à l’oiseau bleu. Qu’est-ce qui t’a donné l’envie de venir si tôt dans ce monde pas encore si vieux ?
J’ai été un précurseur procrastinateur. Mon but initial était de « réserver » mon nom, d’avoir un compte « pour voir ». Ça ne me plaisait pas trop, mais c’était nouveau. Que des pensées courtes (les threads étaient très minoritaires et d’une lecture difficile, à l’époque), peu de médias… moi qui ne sait qu’à peine lire, je préférais la coolitude de Facebook.
Oui, c’était il y a longtemps… Puis, un jour, j’ai mordu. J’avais un peu plus de temps à quai, envie de partager des idées au-delà du port, et je me suis mis à écrire un peu sur Twitter. Ce furent mes années brestoises, autour du milieu de la décennie. Mon arrivée à Paris, il y a 4 ans, a amplifié le phénomène.
Le 20 mai 2020, tu as porté ton uniforme de la Marine pour la dernière fois. C’était comment, la Marine ?
Aujourd'hui, j'ai mis mon uniforme.
— François Narolles (@FNarolles) May 20, 2020
Pour la dernière fois.
⚓️ pic.twitter.com/2G63lgicVV
Ah… L’uniforme est une symbolique forte. Si je suis parfaitement honnête, je dois reconnaître que je n’ai pas encore rangé tous mes effets dans les cartons, un an et demi plus tard. C’est que j’y ai vécu des trucs.
Je crois que les choses nous apportent à hauteur de ce qu’on peut y laisser. Sans aller jusqu’au théories de rédemption par la souffrance, je pense que c’est parce que ce fut parfois dur que ça m’a apporté autant. La marine, ça m’a apporté l’occasion de servir. Je crois qu’on sert, à quelque chose, aux autres, au monde, un peu. Ça m’a aussi permis d’avoir une certaine conscience du monde, des sciences, des techniques, des gens…
Être sur un bateau est une affaire de réalité, toujours. Cette réalité peut générer une certaine poésie, mais elle nous rappelle vite « sur mer ».
Bref, je m’emballe… Disons que c’était bien. C’est plus simple comme ça.
En effet, on a vite fait de s’emballer #monanalyse
Comme tu le sais peut-être déjà, je suis un des experts mondiaux des Tontons flingueurs. Et comme tu es le premier marin que j’interviewe, je ne peux pas faire autrement que t’interroger sur un des aphorismes d’Audiard : « c’est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases ».
Alors ? Réalité ou exagération ?
Mes réponses précédentes répondent pour moi, I’m afraid. Mais parfois, ça change. Et quand ça change, ça change. Faut pas se laisser abattre.
Ce qui est vrai, c’est qu’il n’y a pas un marin pareil. La variété des équipages est gigantesque, bien au-delà des préjugés de beaucoup. Mais on nous répète très souvent la phrase quand même.
Alors déjà, navré pour cette question qui ne se distingue donc pas par son originalité. Preuve au passage du rayonnement mondial des Tontons flingueurs, ce qui est une bonne chose pour la culture française.
Quant aux preuves apportées par tes réponses précédentes et à venir : c’est curieux, en effet…
Rien à excuser, nous vénérons tous deux cette œuvre majeure !
Ça semble clair nous ne sommes pas du genre à rester en retrait pour se faire repasser comme à la campagne de Russie.
Tiens, en parlant de retrait, comment expliquer que tu ne followes Maître Roger que depuis quelques jours alors que vous arrivâtes sur Twitter en 2009 tous deux ?
J’étais ailleurs, loin, perdu dans quelque mer. Quand soudain Neptune me fit signe. Un farceur à n’en point douter, qui savait cacher dans sa cave les meilleures bouteilles pour leur laisser le temps de révéler tout leur talent !
(Et plus sérieusement, il est des comptes que l’on est persuadé de suivre déjà, tant leurs tweets apparaissent dans notre TL grâce à nos camarades en commun. On en oublie alors de les suivre formellement !)
Excuses validées.
Quand @Timini_ t’a recommandé pendant son interview, elle a dit : «Je pense que le monde gagnerait à connaître @FNarolles. C’est l’un de mes amis les plus chers. C’est un garçon gentil, brillant, un peu mélancolique et qui s’intéresse à des choses très différentes. Avec lui, tu peux parler cuisine, marine, marche à pied, grand Paris, comédie musicale...»
Bon : on vient de parler marine... on continue par lequel de ces sujets ?
Elle est trop gentille… je ne sais comment l’en remercier ! Timini est d’ailleurs ma tweet-mum, qui est à l’origine du petit coup de pieds aux fesses m’ayant fait passer de l’observateur twitteristique à une présence plus active en ligne.
J’adore discuter de plein de ces choses en effet. Peut-être que mon goût pour les comédies musicales est l’aspect le moins attendu ou connu de ma présence dans le nid de l’oiseau bleu.
Et ça se manifeste comment le goût pour les comédies musicales, au quotidien ?
Par une crise de Hamilaria aigüe, notamment (je recommande à ceux du fond qui ne connaitraient pas ce terme de le taper sur YouTube promptement).
D’accord, je tape Hamilaria sur YouTube tout de suite.
Voici :
Et maintenant la question que tous et toutes les interviewées redoute : à ton tour, qui recommandes-tu pour une prochaine interview dans le blog suprême ?
C’est une question difficile tant il y a de gens remarquables sur ce réseau. Toutefois, je m’étonne que personne n’ait encore cité le nom de Marie-Anne Soubré (@soubremarieanne). Elle est sympa, Marie-Anne.
Alors je sais qu’il manque une fonction « rechercher » sur le blog suprême et j’y réfléchis, sois-en sûr !
Marie-Anne aura donc une motivation supplémentaire pour répondre aux deux recommandations déjà reçues par icelle de la part de Tris Acatrinei et de Mrs Perelin. Ta recommandation aujourd’hui tombe au mieux, tu n’imagines pas 😏
Depuis que tu connais Maître Roger, comment ta vie s’est-elle magnifiée ?
Grandement, à n’en point douter. Mais pour plagier Méléagant, je dirais que ma vie ne représente pas la période la plus captivante de mon existence.
C’est beau ce qu’il disait.
Tu n’ignores pas que la publication de ton interview va profondément changer ton existence, que tu seras une star dont la présence sera recherchée et appréciée par tous les gens. Comment te prépares-tu à ce nouveau destin ?
Bien. Je vais racheter du rhum, pour les copains qui passent. Quant à tous ces gens qui apprécieraient ma présence, mes DM sont comme moi : ouverts.
Où souhaites-tu dîner avec Maître Roger quand tu seras devenu une star ?
Face à la mer.
Ça nous laisse pas mal de possibilités à étudier…
Hormis mes questions brillantes, qu’as-tu lu de particulièrement marquant ces derniers temps ?
Je ne vais pas mentionner ma relecture du Livre de Maître Mô, chacun ici sachant déjà l’immense valeur de l’ouvrage et de son auteur (et mon goût pour la prétérition) (et mon infinie tendresse pour les zeugmes).
Dans un tout autre monde, j’ai adoré lire le livre d’Eric Berger, Liftoff, qui raconte comme seuls les journalistes américains savent le faire les premiers jours d’une entreprise qui me fait rêver, en collant intimement à ces pionniers, avec amour mais sans perdre son esprit critique.
C’est remarquablement écrit et facile à lire pour peu que vous puissiez lire un peu d’anglais, tout en étant extrêmement riche. Et, à moins que par hasard vous ne travailliez dans le secteur des lanceurs spatiaux américains, c’est au moins aussi dépaysant que le plus dépaysant des romans de la rentrée littéraire.
Oui, ne rappelons pas Maître Mô qui a rendu possible notre première rencontre IRL quelques heures à peine après avoir décidé de cette interview.
Quelle musique as-tu écoutée pour répondre à cette interview ?
Parmi la longue liste de mes défauts, il y a mon incapacité à me concentrer pour lire ou écrire quelque chose et écouter de la musique en même temps. Ou plutôt mon incapacité à écouter de la musique sans me concentrer d’abord dessus.
Je crains que l’éclectisme de mes goûts musicaux soit connue pour ses pires items par certains ici.
Pour contrebalancer, je peux vous partager ma dernière découverte : Welcome to the Rock, l’ouverture de la comédie musicale Come from away, qui raconte l’histoire de Gander, ce petit village du nord du Canada, le 12 septembre 2001, quand sa population a doublé en quelques heures après la fermeture de l’espace aérien américain. Voici des milliers de personnes du monde entier, coincées là, apeurées, sans savoir encore pourquoi.
Voici aussi l’histoire de cette petite population locale qui a dû leur annoncer la nouvelle des attentats [Notons au passage que je suis né un 11 septembre. Ça joue], accueillir les naufragés chez eux, les nourrir, faire l’école aux enfants même, prêter quelques vêtements… C’est assez joli.
Je suis né moi-même un 8 mai, je ne comprends que trop l’effet intime d’une date qui marque l’Histoire. Sauf que la mienne est fériée, on est suprême ou on ne l’est pas.
Un bel anniversaire qui permet au moins de rappeler la différence entre armistice et capitulation (et célébrer la seconde, donc).
« Quand les types de 120 kilos disent certaines choses, les types de 60 kilos les écoutent », comme traité de stratégie ancré dans une date de naissance.
Ça c’est bien vrai, ça #monanalyse
Quelle image choisis-tu pour illustrer ton interview ?
Je ne suis pas très fort en image. Peut-être celle qui illustre un texte désormais ancien mais qui a pas mal compté pour moi, ici :
Et soudain, un matin, tu te lèves, et partout où tu regardes, une absente : la Terre !#Thread ⏬⏬
— François Narolles (@FNarolles) August 18, 2019
⚓⚓⚓⚓⚓ pic.twitter.com/ujoRGyAxQE
Merci pour cette image digne de la campagne de Sarkozy en 2012 : calme, sérénité, infini… rien ne peux nous arriver.
Et merci aussi pour la carte des échanges maritimes dont nous dépendons tant, un peu plus loin dans le thread.
Et merci encore pour le point Némo que j’avais oublié quelque part dans méandres neuronaux qui me servent de mémoire.
Et merci pour ta suprême lecture !
Oui, c’est un peu l’idée des suprêmes interviews : d’abord apprendre à connaître l’interviewé(e) avant de se lancer dans les questions...
Et le tunnelier de la ligne 18, dans tout ça ?
Caroline, qui rejoint Céline.
Oui… j’aime.
Offrez-moi une bière un mercredi soir, pour voir, et je vous raconte pourquoi nous, grand-parisiens, vivons une époque absolument formidable et exceptionnelle.
C'était l'interview de François Narolles (@FNarolles)
avant...
après...